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Livre : « le fils naturel » ou le récit d’une quête identitaire

Livre « Hassan le fils naturel », publié par les éditions La Sahélienne, est une fiction romanesque à travers laquelle l’écrivain et enseignant chercheur malien, Mohamed Diarra, met le curseur sur l’épineuse problématique des enfants naturels.

Kadiatou, une  jeune travailleuse saisonnière venue dans la capitale pour constituer son trousseau de mariage, y tombe amoureuse de Daouda, un vigile, venu lui aussi y travailler. Hassan, le fruit de cette idylle est abandonné à sa naissance, puis adopté. C’est la trame du roman de 101 pages dressant les défis existentiels qu’affrontent les enfants nés hors mariage.

D’emblée l’écrivain et chercheur, Mohamed Diarra, insiste : « C’est une pure fiction. Ce n’est pas la réalité. » L’auteur reconnait tout de même qu’une réalité n’est jamais totalement indépendante, autonome de l’entourage de l’écrivain : il compte des enfants naturels parmi ses amis et neveux. Les enfants naturels vivent une situation psychologique compliquée, fait-il observer.

Pression sociale féroce

La problématique est très sensible au Mali, où comme dans beaucoup de sociétés, les enfants naturels n’ont souvent pas droit de cité. Vivant avec des stigmates psychosociaux et croulant sous le poids des clichés, les enfants « batards » n’ont pas droit à l’héritage, pas plus qu’ils ne sont concertés lors des prises de décisions importantes au sein  des foyers.

Mais l’auteur a soigneusement évité la confrontation : « Le livre ne vise pas à donner une leçon de morale. » Il attire néanmoins l’attention sur la vulnérabilité des «bonnes à tout faire », dont certaines, par naïveté ou le goût de la facilité, tombent dans les travers de la ville, à l’image de Kadiatou. La jeune adolescente a abandonné à son corps défendant son rejeton, car retourner au village, un enfant au dos, est un déshonneur pour toute la famille.

La pression sociale est particulièrement féroce en campagne, quelles que soient les circonstances de naissance de l’enfant, fût-t-il issu d’un viol : la mère et l’enfant portent toujours la croix sociale.

Individus de seconde zone

Comme la plupart des jeunes femmes dans pareilles mésaventures, Kadiatou a opté pour la pire des solutions. Dans le meilleur des cas, les jeunes mères rompent tous liens avec leurs parents et finissent par élire définitivement domicile dans les grandes villes.

Par ce singulier choix des personnages du roman, Mohamed Diarra a voulu mettre les projecteurs sur un drame silencieux, qui brise à petit feu de nombreux rêves dans l’indifférence et le mépris, faisant des travailleurs domestiques et autres saisonnières des individus de seconde zone. Par-delà, c’est  une certaine image du Mali que le célèbre écrivain, auteur d’une trilogie romanesque sur les enquêtes du Commissaire Cègèlen (roman policier) peint dans toute sa laideur.

Une génitrice contraint de livrer sa progéniture aux intempéries pour une question d’honneur. Un jeune adolescent obligé de s’exiler pour ne pas subir les conséquences des actes de ses parents. Mais il sera rattrapé par son histoire. Et grande sera son angoisse. Pas de « happy end » pour cete histoire qui connaîtra une fin tragique, « non préméditée », précise le romancier.

Source: benbere
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