25 ans après la révolution malienne, des femmes écrivent un livre pour documenter la mémoire des femmes. Intitulé ‘’Mars des femmes, une chronique d’une révolution malienne’’, le pré-lancement de cet ouvrage émouvant a eu lieu le mardi 29 mars dernier à l’institut français de Bamako, ex-centre culturel français (CCF).
Militantes idéalistes, mères de famille solidaires du combat de leurs enfants, anonymes déterminées, les femmes ont été à l’avant-garde. Principales victimes de la répression du vendredi 22 mars, ‘’le vendredi noir’’, elles ont payé un lourd tribut pour l’avènement de la démocratie. Si mars est le mois de célébration de la lutte des femmes du Monde entier, mars 1991 aura été incontestablement celui du martyr et du triomphe des femmes maliennes.
Pour pérenniser les événements de mars 1991, Cauris livres (dirigée par Kadidiatou Konaré Dramé dite Atou), à travers notre consœur du journal le ‘’22 septembre’’, Ramata Diaouré Cissé, a décidé de donner la parole à 25 femmes pour livrer le film de la tragédie de mars 1991. En essayant de réécrire l’histoire, l’éditeur fait parler ces femmes pour qu’elles racontent ce qu’elles ont vu, vécu, comment elles ont battu le pavé avec détermination et la rage de tourner la page de l’histoire malienne. Parmi elles, nous pouvons citer entre autres, Mme Sy Kadiatou Sow, Mme Oumou Koné, Mme Marselle Richard, Mme Aissata Cissé, etc.
Cette ouvrage est dédié à certaines victimes de l’événement comme Mme N’Diaye Aminata Traoré, âgée de 42 ans, Sira Coulibaly, 14 ans, Korotimi Sacko dite Timi, 21 ans, Ami Doukouré, Fanta Traoré 14 ans, Ramatoulaye Dembélé 22 ans, Djénéba Souaré 22ans… Cette œuvre relate comment, quand et où toutes ces figures sont tombées lors de la révolution de 1991.
Composé de trois grands chapitres (Osez lutter ; le Sang des martyrs et Toutes solidaires), la dernière partie du livre donne la liste de 163 blessées de mars 91. Il répond aux questions : un quart de siècle après, que savons-nous de cet engagement au féminin ? Que sont devenues ces héroïnes ?
Le document rappelle que 1991 a été une année de la révolution démocratique dans notre pays. Dès le 30 décembre 1990, le ton était donné lors de la gigantesque marche unitaire de démocratie. Toujours selon le livre, en janvier 1991, les associations de jeunes, d’élèves et d’étudiants, les associations politiques ainsi que des droits de l’homme battent le pavé pour réclamer plus de justice sociale, plus de liberté. Ce sont les marches de revendication démocratique qui vont aboutir le 26 mars 1991 à la chute du président Moussa Traoré, au pouvoir depuis 23 ans.
La date de parution de cet ouvrage historique et émotionnel est prévue en avril prochain au prix de 8 000Fcfa.
En souvenir de ce jour mémorable, des monuments sont construits à la mémoire de nos martyrs : le Carré des Martyrs dans le cimetière de Niaréla sert de mausolée aux victimes de la répression des événements de 1991, sur des tablettes sont inscrits les noms des martyrs qui y reposent ; la Pyramide du Souvenir située en face du «pont des martyrs» a été érigée également en hommage aux martyrs. Tous les Maliens épris de justice, de paix et animés de la flamme de démocratie doivent s’incliner devant la mémoire des martyrs qui ont sacrifié leur vie pour les uns et leur intégrité physique pour d’autres.
Bintou Danioko
Source: Le Debat