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L’imam Mahmoud Dicko répond aux questions de nos confrères de « France24 » : « Le coup d’Etat devrait être un moment, une occasion pour sceller une certaine réconciliation entre l’armée et le peuple malien… », a déploré l’imam Dicko.

Dans un entretien qu’il a accordé à nos confrères de « France24 » en fin de semaine dernière, l’imam Mahmoud Dicko parle de son manifeste publié en début de semaine dernière, de la gestion actuelle du Mali, de l’insécurité, du dialogue inter-malien. Personnage historique de par son apport dans la démocratie malienne et surtout de l’avènement de la junte du CFNSP au pouvoir le 18 août 2020, l’imam Mahmoud Dicko, que d’aucuns qualifient « d’Ayatollah » malien, sort de son silence et fustige la situation actuelle du pays.Comme l’introduit le confrère de « France24 », l’imam Mahmoud Dicko a accepté de prendre du retrait depuis le coup d’état du 18 août 2020, cette fois-ci avec son manifeste qui suscite débats et commentaires, il rompt le silence. Dans ce manifeste, l’imam Dicko parle de situation périlleuse du mali et appelle à un Pacte républicain. Lisez plutôt la traduction de la rédaction !

D’après vous, est-ce que le Mali est au bord du gouffre ?

Le Mali est presque dans le gouffre…

L’imam Mahmoud Dicko : Effectivement, le Mali estdans une situation même si nous ne sommes pas dans le gouffre. Pour un observateur avisé, nous devons faire en sorte que la situation ne puisse pas perdurer. C’est pour cela que j’ai fait ce manifeste d’abord à l’endroit d’abord de nos concitoyens pour que nous puissions nous mettre ensemble tous puisque seuls unis, nous pourrons vraiment relever les défis qui sont devant le peuple malien.

Le tissu social est complètement abîmé…

Dans peu temps, la communauté internationale va nous demander d’aller à des élections pendant que le tissu social est complètement abîmé que forces les politiques sont dispersées. La situation mérite que nous nous mettions ensemble pour voir ce qui est faisable avant de futures élections. C’est en réalité, le sens que je donne à ce manifeste.

Vous dites « depuis le coup d’état, j’ai laissé ma porte grandement ouverte et inlassablement écouté et observé et la situation me semble extrêmement grave pour que  je garde le silence. Si nous ne réagissons maintenant, activement et collectivement, l’Etat qui nous gouverne n’a plus de sens. Il faut sauver le pays ». Est-ce que cela veut dire que le régime qui a été mis en place depuis le coup d’état nous amène dans l’impasse ?

…le coup d’Etat devrait être un moment, une occasion pour sceller une certaine réconciliation entre l’armée et le peuple malien…

L’imam Mahmoud Dicko : C’est la situation certainement qui peut nous amener dans l’impasse parce que le coup d’Etat devrait être un moment, une occasion pour sceller une certaine réconciliation entre l’armée et le peuple malien. Mais malheureusement, avec beaucoup de difficultés  et tout ce qu’il y a eu comme des hauts et des bas dans cette situation ont fait qu’il y a des méfiances entre cette armée qui est une armée républicaine, une armée du peuple et une grande partie de la classe politique malienne. Nous devrons aujourd’hui restaurer cette confiance. On ne peut pas faire une refondation du pays, si on ne refonde pas cette situation. Cela va commencer d’abord par la refondation, la moralisation, la réconciliation et la restauration de la confiance entre l’armée et le peuple. C’est à partir de cela que nous pouvons bâtir quelque chose de salutaire pour l’avenir du Mali.

Vous ne vous êtes pas vraiment exprimé sur le coup d’Etat du 18 août dernier. Est-ce que c’était une erreur ou il fallait faire partir IBK quelques soient les moyens ?

Le coup d’Etat est un fait…

L’imam Mahmoud Dicko : Je ne parlerai pas d’erreur oude coup d’Etat. Le coup d’Etat est un fait. Il est derrière nous. L’essentiel, c’est de se mettre ensemble aujourd’hui pour ne plus tomber dans les erreurs du passé. C’est pour cela que j’ai fait ce manifeste. Et j’ai jugé nécessaire de le faire pour alerter l’opinion nationale et voire même internationale.

Nous sommes dans un nouvel ordre mondial…

Nous sommes dans un monde changeant avec un nouvel ordre mondial quoi se dessine à l’horizon ; nous avons des partenaires qui ont des enjeux électoraux comme nous en 2022. Il est temps que le peuple malien prenne son destin en main et que nous-mêmes nous agissons pour nous, par nous pour essayer vraiment de trouver la solution.

Le calendrier qui a été établi, prévoit en 14 mois des élections. Vous avez dit n’être pas favorable.  Que faut-il faire, est ce qu’il faut les repousser ou bien les avancer ? Vous semblez dire que le calendrier mis en place, n’est pas le bon ?

Il faut changer les conditions…avant de parler d’élections

L’imam Mahmoud Dicko : Je ne parle pas de calendrier mais plutôt de conditions dans lesquelles nous allons arriver à cela. Ce sont ces conditions qu’il faut changer. Je n’ai jamais parlé de calendrier. Je pense que si nous partons dans ces conditions aux élections, ça va être très difficile.

Vous avez dans ce manifeste proposé des services de Médiateur entre les groupes armés, les civils et le pouvoir actuel. Est-ce que vous appelez à un dialogue avec des leaders comme Amadou Kouffa, Iyad Ag Aghaly pour parvenir à une réconciliation nationale ou bien vous dites comme la France, qu’il ne faut pas parler avec ces gens-là ?

Le bon sens nous oblige à trouver une solution…

L’imam Mahmoud Dicko : Je ne sais pas ce que la France dit ou souhaite puisqu’étant un pays souverain. Je respecte son opinion. Je pense qu’au Mali, nous sommes dans une situation où le bons sens nous oblige à chercher une solution. Si on ne peut pas par les armes arriver à bout de ces gens-là, ceux qui nous aident aujourd’hui, sont dans l’impasse, que faut-il faire ?

On n’arrive pas à vaincre militairement, on n’arrive pas à discuter avec eux, comment peut-on accepter d’installer le pays dans une guerre infinie ?

Le peuple doit se mettre ensemble…

Mais le bons sens ne peut pas accepter cela. C’est pour cela qu’à un moment donné que le peuple se mette ensemble et dire ce qu’on veut. Vous ne pouvez pas nous demander de ne pas parler avec des gens que militairement nous n’arrivons pas à vaincre ; ceux qui nous aident n’y arrivent pas et vous ne voulez pas que nous parlons avec eux. Cela veut dire que nous allons rester dans une guerre infinie, un peuple avec tous les défis qui nous assaillent, avec tous les problèmes qui pèsent sur le Mali. Si nous devons rester dans une guerre infinie, alors, c’est la République qui est en péril.

Est-ce vous proposez d’être un intermédiaire entre le pouvoir malien, Amadou Kouffa et Iyad Ag Aghaly?

Il faut parler avec Amadou Kouffa, Iyad Ag Aghalyet avec tous les acteurs….

L’mam Mahmoud Dicko : Pourquoi vous parlez seulement d’Iyad et d’Amadou Kouffa, les acteurs sont nombreux ?

Les problèmes entre les différentes communautés sont là, nous assaillent, nous préoccupent plus que tout autre chose. Des gens qui ont vécu ensemble pendant des millénaires, des siècles, qui aujourd’hui, s’entre-déchirent. C’est vraiment l’avenir même de la nation qui est en péril, quand des communautés composantes de cette nation s’entre-tuent. Il faut parler avec eux, au moins avec les acteurs qui sont sur le terrain. Je pense réellement que cela n’est pas au-dessus de nos moyens.

Est-ce que vous voulez le faire ?

Nous devons nous mettre ensemble…

L’imam Mahmoud Dicko : Je ne suis qu’un individu.C’est le peuple malien qui décidera de qui doit faire quoi ? Mais il faut qu’on se mette ensemble pour définir cela.

Est-ce que vous avez un agenda caché ? Vous êtes un imam, un acteur politique, avez-vous des ambitions politiques ?

Je n’ai pas d’agenda caché…

L’imam MahoudDicko :(Rires) Cette affaire d’agenda caché qui hante tout le monde. Je n’ai pas d’agenda caché. Je l’ai dit que je n’ai pas d’ambitions personnelle, je ne suis pas quelqu’un de partisan. Ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est le sort de mon pays de ces milliers de personnes qui vivent dans une misère noire, indescriptible et qui n’ont pas l’eau potable, pas d’école, pas d’éducation, pas de santé. Quel agenda cherche-t-on quad on a un peuple qui se trouve dans une telle situation pour laquelle nous n’arrivons pas à trouver une solution. Quel agenda vais-je avoir dans ces conditions ? Pourquoi vais-je caché un agenda si je l’ai ?

Je suis un citoyen libre de ce pays. Si j’ai un agenda, je n’ai pas besoin de le cacher.

IBK avant sa chutée vous a accusé d’installer une république islamique au Mali. Vous êtes proche de l’Arabie Saoudite. Vous parlez de manifeste républicain, êtes-vous favorable à une République laïque au Mali ?Est-ce que vous pouvez clarifier votre position à ce sujet ?

Je fais partie du Mali…

L’imam Mahmoud Dicko : Pourquoi vous voulez me singulier tout le temps ? Je fais partie d’un ensemble qui est le Mali. C’est le peuple malien qui décidera ce qu’il veut. Ce n’est pas l’imam Dicko qui va imposer.

J’ai beaucoup de respect pour mon grand-frère, l’ancien Président  IBK que j’estime beaucoup et aime bien. Ce qu’il a dit, je respecte sa pensée. Il a le plein droit de me critiquer ou de penser ce qu’il veut.

Je n’étais pas obligé de transformer les mosquées en « QG » pour le candidat IBK…

Mais il me connait mieux que quiconque. Si j’avais cet agenda, je n’étais pas obligé de transformer les mosquées en « QG » pour lui et l’élire, lui qui n’a pas de projet de société islamique.  Maintenant, il est libre de dire et de penser ce qu’il veut. Etre proche de l’Arabie Saoudite en veut pas dire qu’il faut transformer le Mali en autre chose que les maliens eux même ne décident pas ?

Le génie malien trouvera la solution…

J’ai beaucoup de respect pour ce peuple malien, cette grande nation. Je sais qu’aujourd’hui, nous avons des difficultés mais avons des ressources pour pouvoir arriver à bout de cela. J’aime à le dire tout le temps que si on interroge le génie malien, il trouvera la solution ou la voie de nous sortir de cela.

Qu’est-ce que vous préconisez dans les semaines set mois à venir?

C’est avec le peuple malien que je vais réaliser mes idées…

L’imam Mahmoud Dicko : Mais les actes que je préconise, je ne peux pas les réaliser seul sans le peuple malien. C’est ensemble que nous allons le faire. Si j’ai des idées, je vais les partager avec le peuple malien qui saura les apprécier et décidera de ce qu’on en fera s’il plait à dieu.

Source : France24

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