Comme à ses habitudes, l’ancien président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko a utilisé ses flèches contre le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta. C’était ce samedi 7 septembre lors du lancement de la ‘’Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko’’ (Cmas), au Palais de la Culture devant le ministre en charge des Réformes institutionnelles, Amadou Thiam.
Dans un discours vrillant, l’imam Dicko a dressé un tableau sombre de la gouvernance actuelle du Mali, sous la conduite d’IBK et son gouvernement.
Des hommes politiques de l’opposition, mais aussi de la majorité ont également écouté l’influent prêcheur. Ancien président du Haut conseil islamique, l’imam Dicko a entretenu pendant des années des relations en dents de scie avec le président de la République.
En dénonçant la “gouvernance catastrophique” du pays, lors de ce rassemblement est considéré comme manifestant les visées politiques de ce tenant d’un islam rigoriste et bête noire du pouvoir selon les observateurs politiques. Sans risque de se tromper, ce mouvement à connotation politico-religieuse met en évidence les velléités présidentielles de l’Imam Mahmoud Dicko d’une part et d’autre part c’est un véritable défi lancé au président Ibrahim Boubacar Keïta, confronté depuis des années à une profonde crise sécuritaire au Nord et au Centre du Mali.
Dans sa logique de combattre la mauvaise gouvernance, le désormais Imam politique a été on ne plus clair : «Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien. C’est à eux que je m’adresse. Mon combat, c’est d’abord (contre) eux », a déclaré l’imam Dicko à la tribune du Palais de la culture de Bamako.
Sans détoure, il a fustigé la corruption à ciel ouvert et la gouvernance qu’il qualifie de catastrophique. «Je ne suis ni faiseur de roi ni président, je veux faire la paix. Mes détracteurs sont en relation avec la France, l’Amérique pour dire que je suis leur ennemi, mais je ne suis pas un ignorant», a-t-il poursuivi sous les ovations de plus de 4000 partisans.
Le natif de Tombouctou a évoqué ses efforts de médiation pour résoudre la crise quand le nord du pays était tombé aux mains des jihadistes en 2012. Il est revenu principalement sur les événements de Kidal. «Suite aux événements de Kidal, nous avons fait libérer 160 soldats maliens, mais n’avons reçu la moindre lettre de remerciement de la part de notre gouvernement. De surcroît, mon envoyé spécial à son retour avec les soldats libérés a été pendant 48 heures détenu dans un lieu secret à Bamako. Au lieu de lui décerner une médaille, on le met en prison. Il a fallu mon intervention pour qu’on le libère. Les frais de transport de ces soldats libérés ont été cherchés par lui. On est dans quel pays…». Le combat contre Soumeylou Boubèye Maïga a été également au cœur de l’intervention de l’imam Dicko. On se rappelle que le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara et l’imam Dicko sont entrés en fronde contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui a fini par démissionner le 18 avril 2019.
En tout cas les spéculations vont bon train sur une éventuelle candidature de Mahmoud Dicko à l’élection présidentielle de 2023. Même si ce mouvement n’est pas officiellement un parti politique, le porte-parole de Dicko, Kaou Djime, a indiqué que la Cmas a pour idéaux : les visions religieuses, sociétales et politiques de l’imam Dicko.
Dans une possible indication de la signification accordée à ce lancement, la Cour constitutionnelle avait publié par avance, vendredi, un communiqué prévenant que « les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité et à l’ordre public et qu’aucun parti politique ne peut se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique, sous peine de sanctions ». Le communiqué ne citait pas nommément la Cmas.
Nouhoum DICKO
Le Prétoire