A part le quotidien du service public ‘L’Essor’, au Mali, la presque totalité des organes de presse écrite écrit en fonction des opportunités financières. Peu de rédactions agissent par conviction.
Au Mali, on compte un seul organe étatique, le quotidien national ‘L’Essor’. En plus de l’information, cet organe œuvre beaucoup plus dans la communication institutionnelle. Tous les autres organes de la presse écrite demeurent dans le secteur privé. Les professionnels de la presse, eux-mêmes, l’admettent : ces journaux sont souvent partagés et ont choisi leur camp entre le pouvoir en place et l’opposition, Dans tous les cas, ils sont très généralement partisans.
Difficilement, on parvient, aujourd’hui, à faire la part des choses des lignes éditoriales dans la presse écrite au Mali. Quelle que soit la nature de la publication, s’agissant de lignes éditoriales, selon l’ancien vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry, « beaucoup de journaux sont des officines d’agence de communication ». « C’est-à-dire qu’on ne sent pas une conviction rédactionnelle », insiste-t-il.
Sans vouloir s’étendre sur le sujet, M. Kalambry ajoute qu’au Mali, on « écrit en fonction des opportunités financières ». « Il n’y a pas beaucoup de rédaction où on sent vraiment qu’il y a des convictions qui conduisent à cracher sur certains argents », argue-t-il.
Cette situation s’illustre par la ruée vers les marchés de n’importe provenance. Les hommes politiques, les opérateurs économiques, les leaders religieux et même des officiers supérieurs des Forces armées maliennes arrivent à manipuler certains journaux au Mali. Ces organes affichent leur caractère commercial. Chacun y cherche « sa part sur le marché ».
Les structures ayant compris le scenario élargissent leur contrat d’abonnement à tous les organes de la place. Même à ceux qui ne sortent que par moment. «Nous avons eu un contrat avec l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS), à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM). Il faut être compétent et savoir démarcher les partenaires ou tu fermes boutique…», se réjouit A. Touré, un jeune directeur de publication.
Pour lui, ce n’est pas pour rien que presque tous les jeunes directeurs de publication circulent en véhicule. « Je n’ai pas de ligne éditoriale. Je peux dénoncer parfois au bénéfice de la population mais, très généralement, j’écris en faveur de mes avantages », reconnait-il sans tergiverser.
Pour S. Doumbia, promoteur d’un journal hebdomadaire, chaque journaliste de la presse privée cherche à protéger ses relations (ses bailleurs), « c’est-à-dire la personne qui te soutient financièrement ».
Logiquement, estime le secrétaire à l’information de l’Association des éditeurs de la presse écrite (ASSEP), Ousmane Dao, « les lignes éditoriales des journaux dépendent d’eux-mêmes ». « C’est vrai qu’à partir de certaines lignes, on a tendance à étiqueter certains journaux qui seraient favorables à l’opposition et d’autres à la majorité qui, aujourd’hui, n’existe pas avec la Transition en cours », estime M. Dao. Par contre, note-t-il, l y avait des lignes éditoriales fixes sous le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita, ancien président. « Par exemple, sous l’ancien pouvoir, certains journaux étaient réguliers à dire tout ce qui n’allait pas. Rarement, on voyait dans ces journaux de bonnes choses du régime », dit Ousmane Dao. Avant d’admettre, cependant, que certaines publications ont varié dans leur ligne éditoriale, en fonction de ce qui se passe dans le pays.
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Source : (AMAP)