Le capitaine bombardé général de corps d’armée (le ridicule a cessé de tuer au Mali depuis bien longtemps) n’est plus qu’un détenu dans l’attente d’être jugé et probablement condamné à la peine capitale pour » enlèvements, séquestrations, meurtres, assassinats et complicité de meurtres et d’assassinats « . Ouf ! La liste serait beaucoup plus longue et tristement impressionnante si l’on y avait inclus tous les actes, aussi abominables les uns que les autres, qui ont jalonné le parcours de cet individu sorti de nulle part et entré par effraction, un certain 21 mars 2012, dans l’histoire du Mali et la vie des Maliens.
Le coup d’Etat qu’il a conduit à cette date a apporté la malédiction à son pays et à lui-même. Le Mali, jusque-là si fier de son passé glorieux et jaloux de sa souveraineté, a vu les deux tiers de son territoire occupés par des groupes armés venus de l’extérieur (AQMI, MUJAO) qui y ont instauré un régime de terreur, obligeant les populations à choisir entre l’exode et la servilité.
Ces groupes armés ont certes été chassés ou leur capacité de nuisance fortement réduite. Mais une chose demeure : le Mali est placé sous tutelle internationale avec la présence sur son sol et certainement pour de très nombreuses années, des forces françaises et de la MINUSMA.
Ce n’est sûrement pas de ce Mali-là qu’avait rêvé feu le président Modibo Kéïta, qui avait fait partir l’armée française du nouvel Etat indépendant le 20 janvier 1961. Une date marquant donc l’accès à la souveraineté militaire du pays après la souveraineté politique acquise quatre mois auparavant, le 22 septembre 1960.
Le coup d’Etat du capitaine Amadou Haya Sanogo n’a pas fait perdre au Mali seulement sa souveraineté sur ce double plan. Il a désarticulé l’économie nationale, vidé la caisse publique par des méthodes s’apparentant au gangstérisme, aggravé la misère des populations et, pour finir, accru la dépendance du pays vis-à-vis des subsides internationaux. Donc un coup d’Etat qui a renforcé l’aliénation économique du Mali tout en éloignant les perspectives de bien-être chez les Maliens, en particulier la frange jeune.
Mais le coup d’Etat de Amadou Haya Sanogo frappe de malédiction son auteur lui-même. La tentative des bérets rouges de lui reprendre un pouvoir conquis par le feu et le sang a révélé en lui un homme habité par une cruauté peu ordinaire. Des hommes ont été tirés de leur cachette et abattus froidement. D’autres ont subi des tortures effroyables. Comble de l’horreur, les charniers dont on a tant parlé et sur lesquels il est plus que temps de faire la lumière.
Par ailleurs, ce personnage, dont on assure qu’il a échoué deux fois au DEF (le plus petit diplôme au Mali) avait pu, par la vertu de l’avancement automatique qui fait le charme de l’armée malienne, se hisser au grade de capitaine. Promu général par Dioncounda Traoré, il n’a eu ni l’intelligence ni la modestie de refuser un cadeau qui s’avéra vite empoisonné. Il lui attirera, en effet, l’animosité de ses compagnons d’hier au point d’en faire des ennemis mortels. Nouveaux cas de meurtres. Nouveaux cas d’assassinats. Nouveaux charniers ?
Son procès, qui ne devrait pas trop tarder, tous les protagonistes de la tragédie étant sous les verrous et ayant pour la plupart fait leurs dépositions devant le juge, nous en dira plus.
Saouti HAIDARA