Dans son adresse à la nation du samedi 11 juillet, il déclare avoir » décidé d’aller vers la mise en œuvre des recommandations de la mission » de cette organisation sous-régionale.
Dans une intervention antérieure faite le 8 juillet, il annonçait » la venue imminente d’une mission d’appui, de conseil et d’orientation des présidents des Cours constitutionnelles » de la même organisation communautaire. Précisant qu’ » elle sera d’un apport inestimable pour la résolution de la crise en cours « . En ce qu’ » elle nous aidera à mieux appréhender les vœux formulés par la première mission » qui a séjourné à Bamako du 18 au 20 juin.
» Les vœux » en question se rapportent principalement à » la préservation des institutions de la République afin de maintenir la stabilité du pays et d’éviter le chaos institutionnel aux conséquences imprévisibles et désastreuses pour la paix et la stabilité du Mali et de la sous-région » ; » à la mise en place d’un gouvernement consensuel d’union nationale tenant compte des conclusions du dialogue national inclusif » ; » à la relecture des textes régissant la Cour constitutionnelle » ; » à la mise en place d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des décisions et recommandations formulées avec la participation de la Commission de la CEDEAO « .
Plutôt que de s’approprier ce dispositif pour en faire une base de discussions franches et directes entre lui et le M5-RFP, au besoin avec l’accompagnement de nos partenaires stratégiques que sont l’ONU, l’UA, l’UE et, bien sûr la CEDEAO elle-même, le président IBK a préféré louvoyer en renvoyant ses adversaires à une majorité présidentielle qui ne l’est que de nom. Car ne jouissant d’aucune considération de la part du président IBK comme en témoigne la portion congrue qui lui est attribuée dans la formation de chacun des nombreux gouvernements successifs depuis 2013. Et le plus souvent en conflit ouvert avec lui comme l’a montrée la récente installation de Moussa Timbiné au perchoir de l’Assemblée nationale.
Cette maladresse présidentielle, qui cache mal un désir irrépressible de conserver l’entièreté du pouvoir, a conduit le M5-RFP à rétracter sa concession sur » la démission d’IBK » et déclencher » la désobéissance civile » avec les conséquences que l’on sait en termes de perte en vie humaine, de destruction de biens collectifs et privés et d’altération aggravée de l’image extérieure du Mali.
Le nombre élevé des décès, dit-on par balles (entre quatre et huit selon les sources) des blessés (plusieurs dizaines) l’interpellation et la détention de plusieurs leaders, militants et sympathisants du M5-RFP ne doivent pour autant constituer des obstacles insurmontables au rétablissement du dialogue sous l’égide de la CEDEAO et de la communauté internationale. Dans la situation sécuritaire, sociale, économique désastreuse où il se débat depuis si longtemps, le Mali ne peut s’accommoder d’ » une désobéissance civile » qui, plutôt que d’être pacifique comme cela se voit ailleurs, se traduit ici par des tueries supplémentaires et l’anéantissement du maigre tissu infrastructurel dont il dispose.
Le président IBK, qui semble avoir pris la mesure de la tragédie en cours, s’est enfin résolu à dissoudre ce qu’il reste d’une Cour constitutionnelle dont un arrêt, jugé inique, est au cœur des troubles actuels. Il compte sur la juridiction recomposée pour dénouer le contentieux né des dernières législatives. Cette question cruciale, tout comme la formation d’un gouvernement consensuel d’union nationale préconisée par la CEDEAO, n’ont de chance d’aboutir que si les discussions qu’elles vont occasionner ont lieu avec le concours de cette organisation assistée si besoin par les autres composantes de la communauté internationale.
Un préalable cependant : la libération dans le meilleur délai des personnes arrêtées et l’abandon de toute poursuite à leur encontre. Un sacrifice auquel la République vacillante ne peut se dérober.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant