Ce dimanche 7 novembre pourrait marquer un tournant pour la transition malienne. Un énième sommet extraordinaire de la CEDEAO est annoncé, en effet, à cette date, à Accra (Ghana) pour examiner la suite à donner au non respect par les autorités de Bamako des décisions issues du précédent sommet du 16 septembre. Elles s’articulent autour de la tenue de la présidentielle couplée aux législatives, le 27 février 2022, déclarée » non négociable » et la publication, à cet effet, d’un calendrier détaillant les étapes devant y conduire, au plus tard le 31 octobre dernier. Faute de quoi des sanctions ciblées seront prises contre les personnes qui se seront rendues coupables de cette situation.
A l’évidence, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta et le premier ministre Choguel Maïga ont renié leur engagement initial de » respecter les échéances prévues » comme ils le répétaient sans cesse à leur avènement et sont plutôt dans une dynamique de prorogation de la transition. Le discours frondeur à la tribune de l’ONU du chef du gouvernement à l’égard de la France et de la MINUSMA, accusées, entre autres, de ne pas combler les attentes dans la lutte contre le terrorisme et la stabilisation du Mali, son obsession pour la tenue des Assises nationales de la refondation de l’Etat devant décider de la prorogation de la transition, le conditionnement des élections à la sécurisation du pays, l’expulsion assez brutale du Représentant spécial de la CEDEAO au Mali et pour finir la mobilisation anti France, anti CEDEAO, anti ONU et pro Russe du 29 octobre étaient des signes révélateurs à cet égard.
Les chefs d’Etat et de gouvernement, qui se retrouveront autour du président en exercice de l’organisation ouest-africaine, Nana Akuffo-Addo, n’en sont pas dupes. Ce dernier est reparti de la capitale malienne, le 17 octobre, convaincu qu’il n’y aura pas d’élections le 27 février. Fait supplémentaire venu corroborer ce sentiment : le calendrier réclamé par la CEDEAO n’a pas été publié à l’échéance prescrite.
Selon toute logique, les sanctions brandies devraient donc être édictées. Et, si tel était le cas, elles seraient vite adoptées par les autres composantes de la communauté internationale et les personnes touchées (pas seulement les dirigeants de la transition mais » tous ceux dont les actions impactent négativement le calendrier de la transition tel qu’arrêté » devraient passer une période difficile : leurs avoirs seraient gelés dans tout l’espace communautaire et elles ne pourraient plus y voyager.
Déjà, l’on a observé, depuis le séjour du Conseil de sécurité de l’ONU à Bamako, dans la dernière semaine d’octobre, un durcissement de ton de la représentante des États-Unis en son sein, appelant les autorités à « mettre en place immédiatement des plans pour faire avancer l’organisation des élections « . Dans le même temps, la suspension du Mali de l’AGOA (un mécanisme permettant aux pays africains d’exporter sur le marché des États-Unis sans frais de douanes) vient d’être prononcée. Quant à la France, elle n’a toujours pas rétabli ses relations diplomatiques avec le Mali à leur niveau d’avant le 24 mai 2O21, même si le partenariat entre les FAMa et Barkhane reste actif et productif.
Toutefois, le coup d’Etat survenu en Guinée, le 5 octobre dernier, constitue une nouvelle donne que la CEDEAO ne peut ignorer. Il conforte l’approche de certains chefs d’Etat, qui estiment que l’organisation doit s’impliquer plus fortement dans l’accompagnement démocratique des États membres plutôt que de sévir seulement après dérapage des processus électoraux. Et préconisent, en conséquence, plus de souplesse dans le traitement des cas malien et guinéen.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant