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Ligne de force : Avertissement !

IBK peut rendre grâce à Allah Soubhana Wataala qu’il ne manque jamais d’invoquer dans ses propos officiels. Le 1er décembre passé aurait pu être calamiteux pour lui. Dans certains milieux de l’opposition politique, on caressait le secret espoir que le conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) réuni à cette date à Bretton Woods , déciderait de maintenir la suspension des subsides de l’institution à notre pays. Du coup, celui-ci se trouverait, à brève échéance, en cessation de paiement.

Saouti labass haidara journal independant mali

Avec une trésorerie publique réduite à sa plus simple expression depuis cinq mois (juin 2013) qu’elle est sevrée des subventions du FMI et celles des partenaires au développement – dont la France, de loin le plus gros bailleur – le Mali se trouverait dans l’incapacité d’honorer ses obligations : les salaires des fonctionnaires, les soldes des militaires, les bourses des étudiants, les dizaines voire centaines de milliards de FCFA dûs aux prestataires privés. Dont beaucoup, faute d’avoir été payés à temps, en sont réduits à vivre d’expédients quand ils n’ont pas mis la clé sous la porte.

Conséquence : les rues de Bamako et des villes de l’intérieur seraient envahies par des protestataires en colère. Et, de la même façon qu’il a été pionnier en Afrique en matière d’insurrection populaire pour renverser une dictature militaire et instaurer la démocratie (mars 1991), le Mali innoverait aussi dans la tenue d’une élection présidentielle anticipée. Moyen civilisé et non violent pour opérer l’alternance au pouvoir dans les démocraties avancées.

IBK peut être tranquille. Ce cas de figure est désormais exorcisé. Les administrateurs du FMI ont prêté crédit (on ne saurait mieux dire) à la lettre d’intention que le gouvernement malien leur a fait parvenir (mélange de mea culpa et de promesses d’une meilleure conduite) et décidé la reprise des versements à notre pays. Laquelle devrait ouvrir la voie à celle de nos autres partenaires traditionnels.

Mais le président n’est pas quitte pour autant de tout compte. Lui et son Premier ministre ont accepté l’ukase du FMI de prendre des sanctions administratives et éventuellement pénales (c’est à la justice d’en décider) contre ceux par qui le malheur a frappé le Mali. Bretton Woods attend donc que lesdites têtes tombent. Non pas par désir irrépressible, voire sadique de voir des têtes tombées, mais pour que ce genre de pratique, à l’origine du mal développement dont le Mali souffre depuis un demi siècle, cesse. Car, à l’évidence, le développement auquel aspire le laborieux peuple malien est incompatible et ne saurait s’accommoder de quelque manière  de la corruption à grande échelle, du pillage planifié et organisé du bien public.

C’est donc un avertissement sérieux qui vient d’être adressé à IBK. On n’est pas président de la République pour les honneurs, les privilèges, les fastes, le lucre liés à la fonction. Au Mali, pays pauvre s’il en est, moins qu’ailleurs. Le président du Mali est donc comptable, mieux, responsable de tous les actes posés par son gouvernement. C’est lui qui est élu, pas les ministres, fût-il le Premier d’entre eux. Il ne peut donc pas se dérober à une faute commise par un ou plusieurs membres du gouvernement et dire :  » ce n’est pas moi, ce sont les autres…  »

Même avec un Premier ministre qui coordonne et impulse l’activité gouvernementale au quotidien, le président se doit d’être informé du traitement apporté à chaque grand dossier. Il ne peut pas ignorer à quel prix a été acheté un avion qu’il a souhaité ardemment acquérir, auprès de qui il a été acquis et s’il a finalement été immatriculé au Mali ou quelque part dans les lointaines îles du Pacifique. Il ne peut et ne doit rien ignorer non plus de la façon dont ont été montés et exécutés des contrats d’acquisition de matériels militaires dans un pays en guerre dont il a le commandement suprême.

S’il a pu ignorer tout ou partie de ces dossiers, il a tout simplement failli dans sa mission du Premier Magistrat du Mali.

Elu pour cinq ans, IBK n’a pas su faire un usage heureux de la première année de son mandat, gaspillée entre revers militaire tragique et humiliant et gestion crapuleuse, voire criminelle de l’argent public. Toutes choses qui ont fait chuter sa cote au plus bas. Mais il lui reste encore quatre ans et, en s’entourant d’hommes et de femmes intègres, compétents et dévoués à la cause nationale, il peut remonter la pente. Et combler l’immense attente que les Maliens ont placée en lui.

 Par Saouti Labass HAIDARA

SOURCE: L’Indépendant  du   3 déc 2014.
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