Si des progrès ont été enregistrés en Irak et en Syrie, la Libye, où un autre front risque de s’ouvrir, suscite des inquiétudes.
« Le climat romain fait du bien à la coalition anti-Daech » s’est félicité Paolo Gentiloni, le ministre italien des Affaires étrangères. Un point a été fait, mardi à Rome, sur les progrès dans la lutte contre les forces de l’organisation Etat islamique. Elles semblaient en pleine expansion lors de la dernière réunion de la coalition. Dix mille attaques aériennes plus tard, John Kerry assure que leur progression est enrayée. 40% du territoire qu’elles contrôlaient en Irak et 20% de celui sous leur domination en Syrie ont été reconquis. Ses mécanismes de financement ont été perturbés tandis que ses camps d’entraînements et ses puits de pétrole font l’objet de frappes intensives.
Pas de triomphalisme
« Pas de triomphalisme », prévient néanmoins Paolo Gentiloni. Un cessez-le-feu est encore loin dans une Syrie en proie à une tragédie humanitaire et la guerre contre l’EI sera encore longue. Car un autre front risque de s’ouvrir : la Libye. Daech, qui contrôle Syrte depuis juin 2015, ne cesse de s’y renforcer et dispose dans le pays de 3.000 à 5.000 combattants selon les estimations. Il profite de l’instabilité politique et des difficultés de voir naître un gouvernement d’unité nationale. De quoi susciter des rumeurs sur des plans d’intervention militaire étudiés par les franco-britanniques. Un air de déjà vu pour l’Italie qui souhaite calmer toute « ardeur interventionniste ». « Rome mise exclusivement sur la carte diplomatique et les Etats-Unis s’en servent pour contrebalancer l’activisme des français et des Anglais », assure le géopoliticien Germano Dottori. Car « à chaque regain de tension, les puits de pétroles gérés par l’Eni sont visés et ses employés enlevés et on assiste à une recrudescence des flux migratoires. »
Troupes spéciales au sol et frappes aériennes ?
Dans la lutte contre Daech, l’Italie préfère envoyer ses carabiniers former la police irakienne ou 450 militaires défendre le barrage de Mossoul dont le chantier a été confié à une de ses entreprises. Mais l’usage de troupes spéciales au sol et une campagne de frappes aériennes en Libye sur le modèle de celles menées en Syrie est une option qui pourrait être de plus en plus envisagée par la coalition internationale. Et ce malgré les démentis de Laurent Fabius et de John Kerry . « L’Italie ne pourrait pas se défiler en cas d’une demande d’aide américaine, a fortiori si un cadre légal international est trouvé », assure Germano Dottori. Elle se prépare au pire en tentant de l’éviter, et a déjà déployé 4 avions AMX à Trapani en Sicile. »
Olivier Tosseri
Source: lesechos.fr