Au Mali, les acteurs et responsables de la presse ont célébré, le mercredi 3 mai 2023 à la Maison de la presse (MP), la Journée mondiale de la liberté de la presse. Avec comme thème « Façonnons un avenir de droits : la liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme », les travaux de cette 30ème édition restent couplés à une série d’activités inscrites dans le cadre de la Semaine nationale de la liberté de la presse, initiée du 3 au 10 de ce mois par la MP.
Les travaux d’ouverture ont eu lieu sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’administration, Alkaidi Amar Touré. C’était sous la présence de Bandiougou Danté, président de la Maison de la presse (MP), en compagnie de nombreux partenaires dont la HAC, l’UNESCO, la Fondation Hirondelle… Ainsi, cela fait une décennie que les pays du monde célèbrent la Journée mondiale de la presse. Le président de la MP estime que le thème de cette année est d’une importance capitale. Puisqu’il résume, d’après lui, le rôle fondamental des médias dans un monde en construction. Un monde qui cherche ses repères, voire un monde d’incertitude mais d’espoir. La célébration du 3 mai est le moment propice pour, dira Danté, rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de la presse. Aussi, a-t-il exprimé, cette journée constitue un moment de réflexion pour les professionnels de médias sur les questions en lieu avec la liberté de la presse et l’éthique professionnelle. Aux responsables des médias, Bandiougou tenait à rappeler que l’année écoulée a été particulièrement difficile pour la presse malienne. Le président déplore, à cette occasion, les conséquences « catastrophiques » de la maladie à coronavirus. S’y ajoutent les menaces, les chantages, les injures, les intimidations, les interpellations et des enlèvements extrajudiciaires auxquels les hommes de médias ont été victimes l’année dernière. Une déclaration fracassante montrant les difficiles conditions dans lesquelles œuvrent les soldats de l’information. Dans l’exercice de ce noble métier, certains journalistes restent portés disparus depuis des années. Le premier responsable a saisi cette rencontre pour attirer l’attention des plus hautes autorités sur certains cas. Depuis près de dix ans, les enquêtes sur la disparition du journaliste Birama Touré sont interminables. En septembre 2020, poursuit M. Danté, Hammadoun Niailibouly, de son retour d’un atelier de formation de journalistes, a été descendu du véhicule à Mandjo, près de Somadougou, non loin de Mopti puis conduit à une destination inconnue. Le 18 avril 2021, Moussa Bana Dicko, directeur des programmes de la radio Hairé de Boni, dans le cercle de Douentza a été enlevé chez lui et reste, jusqu’à nos jours, introuvable. À cela s’ajoute le cas de Sory Koné, directeur des programmes de la radio Danaya sise à Souba, dans la région de Ségou. « Nous réitérons nos demandes aux autorités de la transition, comme nous l’avons toujours fait chaque fois que l’occasion se présente, de tout mettre en œuvre pour rechercher et retrouver nos confrères », lit-on dans son discours. Sans langue de bois, l’intervenant s’est également penché sur le saccage, le 20 février dernier, de la Maison de la presse et demande aux autorités compétentes de prendre des mesures pour que lumière soit faite sur le dossier.
Le président de la MP interpelle les autorités et dénonce la presse étrangère
D’après lui, les autorités nationales restent fortement interpellées au sujet de l’environnement des médias maliens. « Dans ce domaine, l’on constate avec amertume l’immobilisme des pouvoirs publics et l’espoir de refondation suscité par de durs et coûteux labeurs d’élaborer des projets de lois et des projets de décrets qui est menacé ». D’origine de ce fait, argue Danté, le désordre encouragé et entretenu fait planer le risque d’une implosion inévitable. Puis d’annoncer qu’il s’agit d’un nombre indéterminé de médias sur les réseaux sociaux dont certains se font appeler « journalistes ». Des gens qui touchent à tout en violation des règles d’éthique et de déontologie. Il estime que lesdits médias doivent faire face aux obligations contractuelles avec la Haute autorité de la communication (HAC). Bandiougou soutient que les pays du sahel, confrontés au terrorisme, sont aussi violentés par une certaine presse étrangère qui s’éloigne de sa mission d’information de manière indépendante, impartiale et responsable. L’intervenant dénonce le traitement orienté, sélectif, raciste, méprisant et scandaleux de la même presse étrangère. La Maison de la presse se démarque de ces pratiques et les condamne vigoureusement, dit-il haut et fort. Et d’ajouter que ces médias aux agendas inavoués jettent du discrédit sur leurs autorités. « Si la liberté d’expression est le moteur de tous les autres droits de l’homme, sa défense doit être au profit de tous les peuples », a-t-il conclu en précisant que l’objectif de la Semaine nationale de la liberté de la presse est de pouvoir sortir avec des recommandations et des stratégies, en vue d’un plaidoyer-lobbying pour l’adoption des textes par les pouvoirs publics. Cela, dit-il, en jetant les bases d’une véritable instance d’autorégulation. Pour sa part, le secrétaire général du ministère de la Communication, M. Touré, rassure que son département se tiendra toujours aux côtés de la MP pour l’atteinte des objectifs.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS