Cette mesure dont la mise en œuvre devait être effective à partir du 17 février dernier a finalement été reportée au 3 mars prochain. Toutefois, ce report ne concerne pas le boulevard du peuple dont le déguerpissement commence ce matin. En prélude à cette opération, le ministre en charge du Commerce s’est expliqué sur ce projet qui concerne plusieurs artères de la capitale. Une occasion qu’Abdel Karim Konaté a saisie pour insister sur le respect de ce dernier délai qui, à l’en croire, ne saurait être rallongé.
Abdel Karim Konaté, ministre des Finances
Qu’est-ce qui motive cette initiative ?
Nous avons pris cette initiative pour que les populations puissent circuler librement, pour que personne ne soit dérangée. Des kiosques, des étalagistes, des ateliers de travail perturbent la circulation. A cause de cela, certaines routes sont obstruées.
Nous allons donc dégager ces routes pour rendre la circulation plus fluide. Ces routes sont en communes I ; II ; III et VI. Au niveau des marchés ça ne va pas, car les gens s’asseyent n’importe comment. Les usagers ne peuvent même pas passer, qu’ils soient en véhicules, à motos ou même à pieds. Nous avons vu ce qui est arrivé aux marchés de Gao, de Kayes de Ouolofobougou et du Banconi, entre autres.
L’incendie y a causé des dégâts énormes parce que les sapeurs, quand ils viennent, rencontrent trop de difficultés pour accéder à l’endroit en feu. Le Gouvernement ne peut pas rester indifférent, parce que les problèmes sont récurrents. Il y a quelques routes à Bamako qui doivent être libérées afin qu’elles soient sûres, donc pour qu’il y ait moins d’accidents. Cette décision a été prise, mais le Gouvernement a vu qu’il faut travailler avec les structures concernées. C’est pourquoi j’ai décidé d’appeler, le 6 février, les commerçants détaillants, les associations, la Chambre de commerce et tous les autres acteurs. Au cours de ces échanges, ils disent qu’ils ne posent aucun problème quant à la mise en œuvre de la mesure. Mais ils estiment qu’il faut échanger autour de cela, notamment avec le ministère de la Sécurité et celui de l’Urbanisme et de la Politique de la ville.
Pourquoi le délai qui expirait initialement le 17 février a-t-il été reporté ?
On leur avait dit de déguerpir dans une dizaine de jours. Après discussions, certains d’entre eux nous ont fait savoir qu’ils occupent légalement leurs sites depuis au moins dix ans et souhaitent qu’on leur indique un autre endroit où ils pourront continuer leurs activités. Ils ont mis l’intérêt général au dessus de tout et souhaitent continuer à discuter avec le gouvernement. Ainsi, ils ont exprimé le vœu que l’on prolonge le délai que nous avons ramené au 3 mars prochain. Nous les en avons informés.
Comment le travail se fait-il sur le terrain ?
On a décidé de mettre en place 3 sous-commissions : la première est la sous-commission anneau Sotrama. Elle a été faite avec la Banque mondiale, mais le travail n’a pas pu continuer à cause de certaines difficultés. La 2ème sous-commission est celle de recasement, présidée par Abdel Kader Sidibé. Près de 20 sites ont été identifiés. Il existe une troisième sous-commission appelée sous-commission de recensement. Celle-ci a, pendant quatre jours, recensé ceux qui occupent les trottoirs. Un comité a été mis en place et, ensemble avec toutes ces structures, nous avons convenu de reporter le déguerpissement au 3 mars 2014. Le 13 février, nous leur avons fait appel pour voir comment travailler avec les trois sous-commissions. Ils ont avancé deux difficultés. La première est liée aux Sotrama. Après des discussions, les chauffeurs et les commerçants n’ont pas pu s’entendre, parce les seconds estiment que les premiers masquent les boutiques avec leurs engins. Ils ont regagné leur place et le projet anneau Sotrama n’a pas pu avoir de suite. Le nombre d’occupants a même augmenté. Pour ce qui est de la sous-commission qui devait s’occuper de chercher des lieux, elle était entre les mains du maire de la commune III. Elle a retenu une vingtaine de sites, à savoir, des anciens et des nouveaux marchés, des marchés extensions, etc. Ils ont démontré que ceux qui quitteront les trottoirs vont occuper ces endroits.
Avez-vous déjà localisé ces sites ?
Parmi ces nouveaux endroits, certains sont à l’ACI 2000, les autres sont en communes I, IV et V. La sous-commission a fait comprendre qu’il faut discuter avec les patrons de l’ACI pour voir comment mettre les marchés à la disposition des mairies. Il faut aménager certains marchés pour pouvoir caser les personnes. Il y a aussi des marchés qui appartiennent à des particuliers avec qui il va falloir discuter. Il y a enfin les halls de Bamako qui ne sont toujours pas entièrement occupés. Il faut identifier les problèmes qui font que les commerçants n’aiment pas ces endroits. Ils demandent un peu de temps pour faire ce travail. La 2ème sous-commission doit identifier ceux qui occupent les trottoirs. Ils ont fait leur travail et ont recensé environ 2000 personnes, sinon plus. Certains d’entre eux sont en règle, d’autres ne le sont pas. Donc, même s’ils doivent quitter les trottoirs, il faut discuter avec eux. Les 3 sous-commissions ont fait un bon travail,
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
En ce qui concerne le premier regroupement anneau Sotrama, les pavés y ont été réalisés. Pour ce qui est du recensement, il y a eu 2000 personnes, pour le recasement des sites ont été trouvés au nombre de 20. Ils ont demandé au gouvernement de revoir la date, en prolongeant la date initiale, qui était le 17 février, d’une semaine ou deux. D’autres travaux d’hercules ont été effectués. Le but c’est de ne pas porter préjudice à quelqu’un, mais nous ne pouvons pas nuire à la population à cause de quelques personnes. La libération de ces trottoirs, c’est cela le souhait de la population. Donc, nous ferons le travail. Hier [Ndrl : le 13 février], il y avait les 3 ministres : celui de la Sécurité, de la Politique de la ville et celui de l’Equipement et des Transports. Nous avons associé nos efforts et les 3 regroupements ont fait leur travail. Voilà ce qu’ils ont fait. Ils ont demandé un sursis. Le délai est prolongé jusqu’au 3 mars prochain et on ne peut pas revoir cette date. Le 3 mars, nous allons libérer les lieux. Mais les difficultés que vous avez avancées sont réelles. Nous allons faire en sorte que le délai des 15 jours soit respecté dés aujourd’hui pour que le travail soit achevé. Anneau Sotrama, ils ont avancé des difficultés, les pavés ont été réalisés dans les quartiers. Mais nous avons demandé qu’ils rencontrent les occupants qui ne sont pas d’accord et discuter.
Pourquoi certains sont réticents ?
C’est parce que les quartiers sont des dortoirs, ils ne sont pas d’accord qu’on installe des kiosques ou des tables. Si les gens installent des tables, en cas de travaux ils peuvent facilement les déplacer. Les commerçants ont peur que les kiosques s’installent sur les pavés car ils n’auront pas de clients. On a qu’a discuté comment ceux qui ont des petites tables et des pousses-pousses peuvent s’installer sans causer préjudice dans le cadre du projet. Avec la commission des maires, 20 sites ont été identifiés dans les 6 communes. Ils vont continuer à travailler pour que le délai soit respecté. Au niveau des halls, il y a 1000 places disponibles.
Comment mettre ces places à disposition, en collaboration avec la BHM ?
Le marché qui appartient à un compatriote, il y a beaucoup de places. Que les gens discutent avec ce compatriote. Si c’est un problème d’argent, qu’ils discutent pour trouver des facilités là ou il y a des marchés. Pendant la saison des pluies les eaux de ruissèlement dérangent. Nous avons souhaité que les travaux se fassent dan un délai de 15 jours. En tout cas, le 3 mars prochain les routes et les trottoirs seront dégagés. Ils ont même reconnu que le gouvernement a fait de son mieux. Ils disent qu’ils sont d’accord. Ils demandent que dés lundi, le gouvernement mette à leur disposition quelques policiers et la brigade urbaine pour commencer le boulot. Même si cela dérange, il faut voir la population. Nous saluons au passage les maires, les chefs de village et leur coordinateur. Nous souhaitons que le 3 mars, le travail soit fait. Que le travail se fasse sans heurts. Nous ne voulons causer du tord à personne. Pour ce travail, les acteurs de ces secteurs et l’Administration agissent ensemble.
Rassemblés par Birama FALL