Les travailleurs du ministère de l’Administration territoriale ont marché, hier, à Bamako pour réclamer la libération des autres otages civils et milliaires, notamment des représentants de l’État et des travailleurs des collectivités territoriales. Ils estiment qu’ils sont d’autant plus fondés à demander la libération de ces derniers des mains des ravisseurs que tout récemment trois «Occidentaux ont retrouvé la liberté contre celle de plus 200 terroristes».
Un acte que les manifestants n’ont pas apprécié, estimant que ces «étrangers» ne valent pas mieux que nos compatriotes toujours en captivité. Le slogan : «libérez les autres otages» que les manifestant n’arrêtaient de scander au cours de la marche traduit éloquemment leur ressentiment. Foulard rouge attaché au bras gauche (signe de leur colère), les marcheurs brandissaient la photo du préfet de Gourma Rharous, Drissa Sanogo et celle du sous-préfet de Farako (Cercle de Ségou), Ali Cissé, tous deux enlevés depuis plusieurs mois.
Partie du monument de l’Indépendance en passant par la devanture de l’École normale supérieure (Ensup) et celle du Centre international de conférence de Bamako, la marche a pris fin à la Primature où une délégation des manifestants a été reçue par le Premier ministre, Moctar Ouane.
Cette rencontre qui s’est déroulée à huis clos, a enregistré la présence de plusieurs membres du gouvernement. Après les échanges avec la délégation, conduite par le secrétaire général du syndicat autonome des administrateurs civils, Ousmane Christian Diarra, le Premier ministre et les membres du gouvernement ont rejoint les autres manifestants sur l’esplanade de la Primature.
Sur place, Ousmane Christian Diarra, au nom des syndicats des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale, a lu une déclaration relative à la demande de libération des otages civils et militaires, dont une copie a été remise au chef du gouvernement. Dans cette déclaration, les manifestants ont exprimé leur totale incompréhension devant «l’indifférence, le mépris et l’absence d’empathie des autorités maliennes face aux désespoirs des otages, les souffrances de leurs familles et l’angoisse de leurs collègues». Ils ont aussi fait savoir leur déception, leur humiliation et leur indignation face à cette «priorisation des otages occidentaux au détriment de nos compatriotes enlevés».
Autre doléance : une plage de soutien et de solidarité nationale dans le journal télévisé de 20h de l’ORTM jusqu’à la libération des otages maliens.
En réponse, le chef du gouvernement a rassuré ses interlocuteurs que leurs doléances seront examinées avec toute l’attention requise. Moctar Ouane n’a pas manqué de rendre hommage aux collègues et proches des manifestants qui ont perdu la vie. Pour lui, l’État, c’est d’abord ses serviteurs à commencer par les administrateurs civils qui sont au contact des populations régulièrement. «C’est en cela que je voulais aussi saluer toute la noblesse du métier que vous exercez et toute la dignité des fonctions qui sont les vôtres », a déclaré le premier responsable de l’administration.
Le Premier ministre a, par ailleurs, confié avoir indiqué, au cours de son entretien avec la délégation des manifestants, son intention de conduire la satisfaction des requêtes dans une démarche participative, inclusive, d’écoute régulière et attentive de tous. Il a invité ses interlocuteurs à compter sur le gouvernement en vue d’un examen diligent et approprié des requêtes signalées.
Bembablin DOUMBIA
Source : L’ESSOR