Depuis le déclenchement des opérations militaires au nord, l’armée malienne n’a jamais été aussi proche de Kidal : logistique assurée, déploiement en grand nombre de groupements tactiques inter-armés. Tout semble réuni pour une libération de la ville. Et les militaires attendent sous une chaleur de plomb le feu vert des autorités. Ils piaffent d’impatience parce que tout simplement celles-ci retardent l’échéance et privilégient les négociations pouvant conduire le MNLA à déposer les armes en douceur. Ce qui n’est pas sans susciter une certaine réprobation au sein de l’armée malienne décidée à vaincre militairement les séparatistes touaregs avant l’ouverture de toute négociation.
Courant avril, le gouvernement avait annoncé la mi-mai comme date butoir de la libération de Kidal. Aujourd’hui, force est de constater que cette échéance est arrivée sans qu’un seul coup de feu ait été tiré en direction de cette ville. Preuve que la question de la libération de la huitième région est plus politique que militaire. Et que, quelle que soit la volonté affichée par les soldats, ils restent suspendus aux décisions politiques.
Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly, était vendredi 10 mai en déplacement à Abidjan (Côte d’Ivoire) et Ouagadougou (Burkina Faso) dont les chefs d’Etat sont fortement impliqués dans la gestion de la crise malienne. Alassane Dramane Ouattara a été approché sur la situation à Kidal en sa qualité de président de la CEDEAO et Blaise Compaoré en tant que médiateur dans la crise malienne.
Au président du Faso, le ministre des Affaires étrangères a déclaré : » Ceux qui sont conscients de leur responsabilité face à l’Histoire, qui ont accepté l’intégrité territoriale du Mali, la laïcité de notre République, qui renoncent à tout extrémisme religieux et qui savent que l’unité nationale est sacrée, à mon avis, écouteront et viendront au dialogue pour que nous puissions travailler à construire une paix durable au Mali « .
Quand -est-ce que ce dialogue va débuter et pour combien de temps? Que va -t-on négocier ?
Voilà une situation à laquelle l’armée malienne a du mal à se faire. Pour cause, les nombreux militaires engagés sur la route de Kidal et qui sont déterminés à en découdre avec le MNLA pourront difficilement tenir. Ils sont animés d’une seule volonté, celle de laver l’affront que le mouvement de libération de l’Azawad et ses alliés jihadistes leur ont fait subir. Plus l’échéance de la libération se prolonge, plus le commandement aura du mal à les contenir.
Aussi, dans les rangs de l’armée, on s’interroge encore sur l’opportunité d’une telle négociation. L’intégrité du territoire national étant reconnue par tous et déclarée non négociable écartée, que reste-t-il à négocier, s’interroge un officier supérieur malien ?
Quid de la réintégration ?
Sur ce point, beaucoup préfèrent ne pas s’arrêter, car on dit exclure tout retour des déserteurs au sein de l’armée malienne encore moins le recrutement des combattants du MNLA en son sein. « Nous avons été vaincus militairement, seule une solution militaire nous permettra d’en finir avec ce problème. Ce n’est pas au moment où nous sommes si près du but qu’il faut capituler « nous précise cet autre officier malien.
Abdoulaye DIARRA