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Libération de Hamadoun BAH: la reculade de la justice ou la raison d’Etat

Après 4 jours de détention, le secrétaire général du SYNABEF, Hamadoun BAH a été libéré ce lundi 10 juin sur instruction du Procureur en charge du Pôle économique et financier du Tribunal de grande instance de la commune III. Résultat de plusieurs jours de rencontre et de négociations, après les 72 heures d’arrêt de travail qui s’est transformé, dimanche dernier, à une grève illimitée jusqu’à la libération de son secrétaire général incarcéré le mercredi dernier pour « faux et usage de faux ». La justice a-t-elle cédé à la pression ou c’est la raison d’Etat qui a prévalu ?

« Les poignées fermes en air ». Le geste de victoire des responsables du SYNABEF devant la prison centrale de Bamako ce lundi 10 juin pour accueillir leur secrétaire général, Hamadoun BAH, mis sous mandat de dépôt par le Pôle économique et financier du tribunal de la commune III. Il est reproché à M. BAH de faire « faux et usage de faux » suite à une plainte de l’ancien secrétaire général de l’une des sections de la BDM SA.

Cette mise en liberté a été décidée par le Procureur général en charge du Pôle économique et financier du Tribunal de Grande instance de la commune III, Ag Houssa Mohamedine sans avancer de motif. Elle écourte ainsi le séjour en prison de Hamadoun BAH alors que les deux sections syndicales de la magistrature avaient exprimé leur soutien au Pôle économique et financier dans cette affaire.

D’autre part, le SYNABEF engagé avec le soutien des autres sections syndicales afin d’arracher la libération de Hamadoun BAH dont l’arrestation, selon eux, constitue des entorses au droit positif du pays.

A sa sortie de la prison, le responsable syndical accompagné de plusieurs membres de son bureau a été reçu par Yacouba KATILE, secrétaire général de la plus grande centrale du Mali dont la mobilisation a été déterminante pour le dénouement de cette crise devenue une affaire d’Etat.

Rarement sous la transition, une situation judiciaire n’a mobilisé autant d’acteurs et de responsables du pays. Le dénouement de cette situation qui pouvait exploser est aussi le fruit de la forte mobilisation des syndicats.

Après le siège de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) où il a animé un point de presse avec le secrétaire général de ladite centrale, M. BAH a été accueilli en grande pompe dans l’après-midi au siège du SYNABEF. C’était une haie d’honneur.

Là-bas également, il a animé un point de presse pour saluer la mobilisation et l’engagement de tous les membres de son bureau et des syndicats de l’UNTM.

Sans cette détermination, a-t-il laissé entendre, son incarcération allait se poursuivre. En clair, commente-on, la justice a cédé sous la pression des syndicats qui ont exprimé leur soutien à Hamadoun BAH. Ce dernier qui estime avoir la liberté grâce à cette solidarité lance un appel à l’union entre les syndicats.

« Nous n’avons pas d’autre choix que de nous unir, éparpillés de gauche à droite, dernière des retraités parfois et en train de nous diviser, cela ne rend service qu’aux responsables syndicaux, pas aux travailleurs. Nous avons intérêt à nous regrouper dans une centrale responsable. Nous n’avons que le devoir de nous retrouver pour aider ce pays. Si nous ne nous retrouvons pas, on rend service aux partenaires pas aux travailleurs. Nous venons de vous en donnez la preuve », a-t-il déclaré.   

Selon lui, c’est dans l’union qu’ils sont forts. A défaut, prévient-il, « On va nous cueillir un à un. Il n’y aura que des abus… Le jour où les travailleurs seront unis, il y a beaucoup choses dans ce pays ne se passeront plus ».

Pendant son incarcération, le syndicaliste souligne avoir constaté de nombreuses irrégularités dans les procédures de détention qui nécessitent, selon lui, des réformes en vue de préserver les droits des citoyens. Se sentant protégé par les siens, M. BAH promet de se prononcer sur ces faits qu’il estime en violation de la loi.

La pression des syndicalistes dans cette affaire et ses enjeux dans la cohésion et l’accalmie dans le pays ont justifié l’implication de plusieurs autorités de la transition, à l’image du président de la transition et des personnalités du monde de la justice du pays. Selon des sources, le président de la transition, pour des raisons d’Etat, a pesé de son poids pour obtenir la libération du secrétaire du SYNABEF en éviter, au pays déjà fragilisé par plusieurs facteurs, une crise sociale profonde. Il s’agit pour le président de la transition d’ingérer dans l’affaire judiciaire au nom de la stabilité du pays en vue de préserver l’intérêt du peuple.

Sans aucune autre forme bouleversant la procédure de libération classique, le Procureur général en charge du Pôle économique et financier du Tribunal de Grande instance de la commune III, Ag Houssa Mohamedine ordonne de libérer Hamadoun BAH. La preuve : d’une reculade de la justice connue pour sa lenteur dans le traitement des dossiers. Il fallait être le premier responsable du SYNABEF et la 2e personnalité de l’UNTM pour bénéficier de cette largesse, si elle est une, de la justice malienne. Cette affaire illustre bien avec l’adage qui dit «la justice est faite pour les faibles».

L’on se rappelle en 2017, le président feu Ibrahim Boubacar KEITA sous la pression des milliers de personnes a ordonné la libération Mohamed Youssouf BATHILY dit Ras Bath. A l’époque, l’ancien ministre de la justice, Mamadou Ismael KONATE a décidé de quitter le gouvernement.

PAR SIKOU BAH

Info Matin
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