Celui qui a désormais pris les commandes du parti Union pour la République et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition malienne, a, à l’ouverture du 3ème congrès ordinaire de cette formation politique, le samedi 22 novembre au Palais de la Culture, rendu un hommage spécial au doyen Younousi Touré pour ses efforts à la tête du parti. Il s’est félicité des nombreuses adhésions, dont celle d’Ibrahima N’Diaye dit Iba, transfuge de l’ADEMA-PASJ avant de s’attaquer à la gouvernance IBK, dont il a relevé les insuffisances. » Le Mali devait avancer à petits pas, il recule à pas de géants. Le Mali ne grandit pas, il régresse vertigineusement « , a-t-il martelé.
L‘honorable Soumaïla Cissé a rappelé que l’URD a toujours tenu ses assises dans les délais impartis par ses textes fondateurs. Ce qui justifie la tenue de ce 3ème congrès malgré les écueils de la crise politico-sécuritaire de 2012-2013. L’URD, dira-t-il, a dénoncé très tôt toutes les tentatives de division du Mali et a clamé haut et fort son attachement à la République, à l’intégrité du territoire national, à la laïcité de l’Etat. Le parti de la poignée de mains, a-t-il ajouté, a défendu bec et ongles la Constitution de notre pays. Au cours de cette douloureuse période, l’URD a apporté son soutien matériel et financier à l’Armée nationale, aux blessés de guerre, aux femmes déplacées du Nord et aux victimes des inondations qui ont frappé Bamako en septembre 2013.
L’URD, s’est interrogé Soumaïla Cissé, n’est-il pas l’unique parti politique à avoir attiré l’attention de l’opinion politique nationale et internationale sur l’avenir des enfants du Nord, un avenir que compromettait l’arrêt imposé par les jihadistes, de toute forme d’éducation ?
L’URD opposée au putsch
» Contre le coup d’Etat du 22 mars, crime imprescriptible perpétré contre notre peuple et notre démocratie, et fidèle à ses principes réfutant la violence et toute forme d’accès au pouvoir autre que par les urnes, l’URD s’est dressée contre les putschistes usurpateurs et leurs alliés politiques dont la plupart se délectent dans un confort qu’ils n’auraient jamais connu sans la lutte héroïque de notre parti et de ses amis du Front uni de sauvegarde de la République et de la démocratie (FDR). C’est le lieu de saluer la contribution exceptionnelle de ce regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile qui, constitué aussitôt après le coup d’Etat à la Bourse du Travail, a fortement œuvré à la restauration de l’ordre constitutionnel de notre pays. Notre parti est fier d’avoir été un des animateurs essentiels de ce regroupement « , a-t-il déclaré.
L’URD, a souligné Soumaïla Cissé, a été voué aux gémonies pour avoir dit non à la dictature, non à la collusion entre le politique, le militaire et le religieux pour avoir appelé à la solidarité internationale face à une agression inouïe. Ses dirigeants et cadres ont été présentés comme des apatrides, des renégats, ennemis de leur nation et de leur peuple. « Vous connaissez les conséquences de cette campagne éhontée faite de diffamation et de lynchage. Mais l’URD, plus que jamais responsable, ne s’est jamais émue de ces vilenies. Et pour cause ! Les souffrances actuelles de notre nation ne sont-elles pas les conséquences de la gestion hasardeuse imprimée à notre pays du fait d’un choix mal éclairé ? « , s’est-il interrogé.
Pour le leader de l’opposition, le Mali semble à l’agonie, asphyxié par l’inertie gouvernementale, la valse-hésitation entre actions médiatiques ministérielles et réactions de survie, par absence de vision diplomatique et la chasse aux privilèges. Il a ajouté que le Mali devait être » réparé « d’urgence pour se préparer à un avenir plus stable, plus prospère, plus uni, plus pacifié et plus respecté. Parce qu’il le méritait au regard de son histoire, de ses souffrances, de ses luttes, de ses réussites, de ses talents, de ses traditions, de ses différences et de richesses.
«Le Mali recule…»
« Le Mali devait avancer à petits pas, il recule à pas de géants. Le Mali ne grandit pas, il régresse vertigineusement. Pourtant, combien de forces vives, combien de jeunes dynamiques, combien de femmes audacieuses, combien d’associations généreuses, combien de militaires dévoués, combien d’entreprises innovantes, combien de commerces inventifs, combien d’enseignants compétents… ? « , a-t-il martelé.
A croire l’honorable Soumaïla Cissé, il y a tant d’énergie humaine dans ce pays à simplement mais véritablement mettre en confiance et en marche, avec un cap défini et partagé, pour que le Mali progresse, grandisse, s’unisse dans l’essentiel.
« Pourquoi ignorer ce capital humain ? Pourquoi le laisser désespérer, dépérir, même agoniser ? Il est temps, grandement temps, urgemment temps de crier : STOP ! Il est temps, vitalement temps, capitalement temps de reprendre notre destin en mains puisque d’autres nous en infligent un, très sombre. Oui, l’alternative au chaos existe, oui l’alternative à l’implosion existe, oui l’alternative à la spirale de l’échec existe « , a dénoncé le président de l’URD. Durant ces 15 mois, a-t-il ajouté, le parti vert et blanc a travaillé dur, très dur pour prendre toute sa place dans la vie quotidienne des Maliens. Afin qu’ils gardent espoir, qu’ils relèvent la tête, qu’ils croient quand même à une meilleure vie.
De nombreuses adhésions dont Iba N’Diaye
Il s’est réjoui des nombreuses adhésions à Sikasso, Bankass, Kénieba, Mopti, Bamako, Kayes … avant de rendre hommage à un certain Iba N’Diaye (ancien président intérimaire de l’ADEMA-PASJ), qui vient de rejoindre les rangs du parti.
Concernant la gouvernance IBK, Soumaïla Cissé n’a pas mâché ses mots pour relayer les impatiences du peuple : « Une gestion chaotique de l’épidémie de la fièvre Ebola, Kidal n’est pas libéré, l’administration a abandonné les régions du Nord, les trafics mafieux fleurissent, les groupes armés réunissent leurs forces. Nous avons perdu l’initiative. L’état d’insécurité est généralisé dans tout le pays ; la réconciliation nationale et le retour définitif des 140 000 réfugiés dans leurs terroirs, se font attendre. L’école est en danger ; les négociations d’Alger piétinent, la mauvaise gouvernance et la corruption sont au cœur de l’Etat ; le favoritisme et le clientélisme sont caractéristiques de la gestion des affaires publiques ; l’économie malienne est en mauvaise posture ; notre jeunesse s’interroge sur son avenir et d’autres maux dont souffrent les Maliens « , a-t-il dénoncé.
Il faut signaler que le doyen Younoussi Touré, Iba N’Diaye et plusieurs leaders de partis invités, dont Tibéilé Dramé du PARENA et d’autres responsables politiques se sont exprimés pour réaffirmer leur soutien aux idéaux de l’URD.
Bruno D SEGBEDJI