Apres, le Mali, le Burkina Faso, c’est au tour du Niger de hausser le ton contre la France.
Les militaires, qui ont pris le pouvoir depuis plus d’un mois, ont exigé le départ de Mr Sylvain Itté l’ambassadeur de France au Niger, le vendredi 25 août 2023. En réponse à cette demande, le président français, Emmanuel Macron, a refusé catégoriquement le lundi 28 août, que son ambassadeur quitte le sol Nigérien sous prétexte que les autorités actuelles du Niger souffrent d’un déficit de légitimité et de légalité. Pour les autorités nigériennes l’ambassadeur français est tout simplement persona non grata.
Pour rappel le Niger a connu une rupture constitutionnelle le 26 juillet 2023 de suite d’un coup d’Etat perpétré par le général Tchiani, chef de la garde présidentielle. Il retient en otage le président, démocratiquement élu Mohamed Bazoum. Depuis cette date les nouveaux maîtres des lieux au Niger font feu de tout bois et refuse de libérer le Président Bazoum. Celui-ci refuse également de reconnaître les nouvelles autorités et se considère encore comme le président légitime du Niger parce qu’il avait été élu et est entrain de poursuivre son mandat que le peuple souverain lui a donné le 2 avril 2021.
Les putschistes nigériens dans leur marche à reculons font non seulement subir à ce pays sahélien sans littoral et pauvre des sanctions sévères de la CEDEAO, mais aussi exposent leur pays à une probable intervention de la même organisation sous régionale. Comme si ceux-ci ne suffisaient pas ils veulent entrainer une frange de la classe politique et du peuple dans leur sillage pour se faire une certaine légitimité. A cet effet, deux grandes manifestations populaires ont eu lieu à Niamey en guise de soutien au coup d4etat, pourtant considéré comme le plus stupide. Pour galvaniser le peuple on a su trouver le coupable, à savoir la France, considérée comme la seule responsable de tous les maux dont souffre le Niger. Ainsi, après avoir demandé le départ des forces françaises sans succès, les autorités de la transition viennent d’ordonner l’expulsion de l’ambassadeur du pays de Macron avec instruction à la police de le faire manu militari. Les putschistes ont entrainé dans leur sillage certaines organisations politiques et syndicales à l’image du Front patriotique pour la souveraineté du Niger (FPSN), qui a qualifié M. Itté de “citoyen français en situation irrégulière”. Pour l’instant paris oppose une fin de non-recevoir à cette demande qu’il qualifie d’illégitime car venant d’autorités tout aussi illégitimes à ses yeux. Malgré la menace des autorités nigériennes qui ont annoncé avoir instruit des services de police afin de procéder à l’expulsion de l’ambassadeur de France à Niamey dans un courrier adressé à paris et consulté le jeudi 31 aout 2023.
L’Union européenne a exprimé son “plein soutien” à l’ambassadeur de France au Niger, toujours en poste. La France en refusant de céder à la demande des militaires au pouvoir, elle se dit défendre l’État de droit et la légalité constitutionnelle et même le droit international, contre le pouvoir issu d’un coup d’État.
En effet, Paris pourrait-il continuer à garder cette posture étant entendu que le coup d’Etat au Niger n’est pas le premier dans la sous-région encore moins dans les pays francophones. Elle doit savoir raison garder et permettre certainement aux militaires qui proposent une transition de trois ans de trouver un compromis dynamique en n’excluant rien.
Assitan DIAKITE
L’Alternance