L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Eduardo Gonzalez Cueva, a effectué une visite officielle au Mali du 16 au 20 décembre 2024. C’était sa première visite dans le pays depuis sa nomination en mai 2024.
Cette première visite de l’expert de l’ONU s’est tenue dans un contexte où le Mali se dirige vers des élections. Selon M. Gonzalez, le processus électoral à venir devrait ouvrir l’espace civique et relever les défis en matière de droits humains. Il a salué l’opportunité créée par les mesures annoncées par les autorités de transition pour restaurer l’ordre constitutionnel, mais a exprimé de graves préoccupations quant aux défis persistants en matière de sécurité et de droits humains. S’agissant de la situation des droits de l’homme au Mali, l’expert indépendant a salué la décision du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, lors du Conseil des Ministres du 27 novembre 2024, demandant au Gouvernement de « créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections transparentes et apaisées, qui devront mettre fin à la Transition ». « Les prochaines élections doivent être libres, équitables et pacifiques et répondre aux normes internationales », a-t-il déclaré, encourageant les autorités maliennes à accélérer leurs efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel, notamment en publiant un calendrier électoral dès que possible. « La communauté internationale devrait soutenir le Mali dans ces efforts, dans le plein respect de la souveraineté malienne », a ajouté l’expert indépendant à l’issue de sa visite au Mali.
Il a également souligné que la création d’un environnement sûr et propice à l’exercice des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association était essentielle pour favoriser la tenue d’élections inclusives et crédibles dont les résultats reflètent la volonté du peuple.
« Je suis donc profondément préoccupé par le rétrécissement de l’espace civique », a-t-il affirmé. Par ailleurs, il s’est félicité de la libération de 11 acteurs politiques le 5 décembre dernier. Il a encouragé les autorités maliennes à libérer dans les plus brefs délais toutes les autres personnes restant en détention pour des raisons similaires. L’expert indépendant a salué les récents procès relatifs à des cas d’esclavage fondé sur l’ascendance dans la ville de Kayes en octobre 2024. Il a encouragé les autorités à s’assurer que la pratique de l’esclavage soit correctement criminalisée par une loi spécifique qui prévoit également une protection holistique et des réparations pour les victimes. Selon M. Gonzalez, la publication du rapport final de la Commission vérité, justice et réconciliation et l’opérationnalisation rapide de ses organes successeurs constitueraient une étape importante sur la voie de la réconciliation. Il a proposé de poursuivre le dialogue avec ces institutions afin de renforcer leurs capacités. Lors de son séjour au Mali, il a visité les prisons pour hommes ainsi que celles pour femmes et filles de Bamako, où lui ont été présentées des initiatives visant à moderniser l’administration et à préparer les détenus à leur réinsertion dans la société.
L’expert a souligné les défis persistants auxquels le Mali est confronté, notamment la dégradation de la situation sécuritaire et l’impunité des violations des droits humains et des atteintes à ces droits commises par tous les acteurs.
Ces derniers jours, des dizaines de civils ont été massacrés dans la région de Bandiagara. Sept (7) personnes ont été tuées dans le village de Ségué le 15 décembre dernier. Ensuite, les groupes armés terroristes ont attaqué plusieurs autres villages dans la localité, tuant au moins 26 personnes. L’expert indépendant a condamné ces crimes : « Le Mali doit enquêter sur ces attaques récurrentes et poursuivre les auteurs afin que justice soit rendue aux victimes », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il est essentiel que le Mali s’assure que toutes les opérations militaires et de lutte contre le terrorisme menées par les forces de défense et de sécurité maliennes, ainsi que par leurs partenaires étrangers, respectent le droit international des droits humains et le droit international humanitaire. L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Eduardo Gonzalez, présentera son rapport au Conseil des droits de l’homme en mars 2025.
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YOUSSOUF KONATE
Le Soir de Bamako