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L’ex- président ATT décédé hier mardi en Turquie à l’âge de 72 ans : Fin de parcours pour « le soldat de la démocratie »

Le Général Amadou Toumani Touré, connu sous le diminutif ATT, avait été récemment opéré du cœur à l’hôpital  » Le Luxembourg de Bamako  » avant d’être évacué, samedi dernier, à Istanbul, en Turquie. C’est dans ce pays ami qu’il a rendu l’âme, hier, mardi, à l’âge de 72 ans. Après avoir été président de la Transition entre 1991 et 1992, il dirigera le Mali de juin 2002 à mars 2012, date à laquelle il sera évincé du pouvoir par un coup d’Etat militaire et contraint à l’exil à Dakar. C’est en décembre 2019 qu’ATT et sa famille regagneront Bamako où ils feront l’objet d’un accueil populaire.

 

L’homme se particularisait par son humilité, sa simplicité, son esprit d’ouverture, son sens de l’écoute, sa disponibilité, son engagement pour le développement socio-économique de son pays et de son peuple. ATT, qui était qualifié « d’ami des enfants », était surtout l’ami de tous les Maliens. Il était le président de la République qui descendait de son piédestal pour être avec son peuple. Les Maliens garderont de lui le souvenir d’un président singulier, avec ses plaisanteries à cousinage, un président empathique, qui aimait volontiers descendre parmi le peuple. On retiendra de lui un homme dévoué pour son pays, un président bâtisseur qui a initié de grands projets pour le Mali.

L’annonce de son décès, hier mardi 10 novembre, a surpris beaucoup de Maliens qui gardent encore fraichement en mémoire les images de son interview accordée à l’ORTM dans le cadre de la célébration du 22 septembre 2020 ou encore de sa présence aux obsèques du Général Moussa Traoré, décédé le 15 septembre dernier. Celui-là même dont ATT et ses compagnons avaient écourté le séjour au palais de Koulouba, un historique 26 mars 1991, parachevant ainsi une insurrection populaire qui avait fait plus de deux cents mort et un nombre indéterminé de blessés dont certains pour le reste de leur vie.

Amadou Toumani Touré, né le 4 novembre 1948 à Mopti, faisait ainsi son entrée dans l’histoire politique du Mali, en dirigeant le Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) et assurant les fonctions de Chef de l’État pendant la Transition démocratique. Il organise la Conférence Nationale (qui s’est déroulée du 29 juillet au 12 août 1991), puis les élections législatives et présidentielles en 1992. À l’issue de ces élections, il remettra le pouvoir au nouveau président de la République élu, Alpha Oumar Konaré, qui sera investi le 8 juin 1992.

Transition exemplaire

La réussite de la Transition malienne sera exemplaire dans la sous-région voire en Afrique toute entière, qui faisait difficilement ses premiers pas dans la démocratie.

C’est avec le surnom de «Soldat de la démocratie» qu’il quittera la scène politique pour se consacrer à la lutte contre le ver de Guinée mais aussi à la recherche de la paix dans beaucoup de pays de la sous-région (Centrafrique, Tcahd…) .

Vers la fin du second et dernier mandat d’Alpha Oumar Konaré en 2002, ATT sera sollicité par ses amis et une bonne partie de la classe politique pour se porter candidat à la présidentielle. Il démissionna ainsi de l’Armée pour entamer une vie politique.

La bataille de leadership au sein de l’ADEMA, alors parti au pouvoir, l’a aidé à emporter la présidentielle. Il retrouvera ainsi le fauteuil présidentiel pour un  bail de cinq ans, qui sera renouvelé en 2007. Il avait bâti son système autour de la gestion consensuelle du pouvoir en se mettant au-dessus de la mêlée politique.  Un choix politique qui l’a mis à l’abri des querelles politiciennes tout en se faisant moins d’ennemis sur le plan politique.

A quelques mois de la fin de ce second quinquennat, une mutinerie, partie du camp Soundjata de Kati, finira par emporter son régime, le 22 mars 2012. Ce coup d’Etat faisait suite à une insécurité grandissante dans le septentrion malien consécutive à la déferlante des terroristes et des bandits armés  déversés dans le Sahel à la suite de la chute du Guide libyen Mouhamar Kaddafi. Sa chute a alors précipité l’occupation des deux tiers du territoire national par des jihadistes. Le Mali n’a alors eu son salut qu’à l’intervention de l’armée française, en janvier 2013, pour enrayer l’avancée irrésistible des terroristes vers le sud du pays.

Un grand bâtisseur

ATT, en connaissance de cause, avait toujours dit que la lutte contre le terrorisme dépassait le Mali seul, car, soutenait-il, c’est un problème sous régional et il faut une réponse à la dimension du problème. Le temps lui donnera raison plus tard avec la création du G5 Sahel.

Au-delà de cette fin tragique de son régime, il faut reconnaitre que le président ATT, durant les dix années passées à la tête du pays, s’est révélé un grand bâtisseur avec une vision de développement axée sur la réalisation des infrastructures de développement socio-économique, des programmes et des initiatives allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des Maliens, notamment les femmes et les enfants. Il a accordé une attention particulière à ces couches fragiles  qui étaient aussi mobilisées pour sa cause, à chacun de ses déplacements à l’intérieur du pays.

Ainsi, durant ses deux mandats, le natif de Mopti, même si son bilan a été noirci par la crise sécuritaire du Nord, a fait de son mieux pour le pays. On retient de lui de nombreuses infrastructures dans divers domaines, notamment routières, avec le 3è pont de Bamako, un cadeau de la Chine d’où son nom de baptême : « pont de l’amitié Mali-Chine »,  l’échangeur multiple de Bamako et le pont de Wabaria à Gao. Les routes Bamako-Ségou, Bamako-Sikasso, Bamako-Kayes – frontière sénégalaise, Bamako-Kourémalé frontière guinéenne etc Il s’est grandement battu pour obtenir la finalisation de la Cité Administrative de Bamako, qui était une vieille promesse du Guide libyen et qui tardait à voir le jour.

Dans le secteur énergétique, l’on évoquera la construction de nouveaux barrages hydro-agricoles  qui ont contribué à booster la production énergétique et agricole avec des aménagements  de nouveaux périmètres agricoles. Son appui à ce secteur a été surtout marqué par l’octroi d’équipements pour la modernisation de notre agriculture. A ce niveau, des milliers de tracteurs ont été livrés, avec notamment l’ouverture d’une usine de montage des tracteurs à Samanko. ATT c’est aussi, la cité universitaire de Kabala qui est de nos jours, la plus vaste cité recevant les étudiants.

Son programme de construction de logements sociaux a contribué à la prolifération de nouvelles cités ATTbougou, tant à Bamako que dans les capitales régionales et dans les grands cercles. Ces espaces d’habitation viabilisés offrent toutes les commodités pour les résidents, telles les routes, l’électricité et l’eau potable.

Sa fierté, le régime AMO

Lui-même l’affirmait, lors de son entretien avec l’ORTM, lors de la célébration des 60 ans de notre indépendance, que la grande satisfaction de son expérience présidentielle a été la mise en œuvre du régime AMO (Assurance Maladie Obligatoire), qui permet de prendre en charge les 2/3 des frais médicaux des travailleurs adhérents. Mal compris, au départ, par certaines catégories de travailleurs, ce régime, mis en œuvre par la CANAM et ses partenaires, est aujourd’hui très sollicité et bien apprécié par les Maliens. Toujours dans le domaine sanitaire, ATT possède à son actif plusieurs centres hospitaliers, dont l’Hôpital du Mali et l’hôpital Mère-Enfant Le Luxembourg. Il est à l’origine du paiement mensuel des pensions, à l’origine  trimestriel et de la gratuité de la césarienne au Mali, qui contribue à soulager les ménages lors des accouchements.

Fondation de l’Enfance

A travers le Millenium Challenge Account, dont le Mali a été le 9è pays admis, le Mali a reçu 277 milliards de FCFA d’appui des Etats Unis qui ont permis de réaliser le projet agricole d’Alatona, en zone Office du Niger et la modernisation de l’Aéroport de Sénou. Aujourd’hui, en raison de la mauvaise gouvernance après ATT, le Mali a perdu cette immense manne financière.

L’emploi des jeunes a été aussi au cœur de son combat, pour lequel il a créé l’APEJ et son programme de stage des diplômés dans la fonction publique. Idem pour l’implication des Maliens de la diaspora dans la gestion du pays à travers divers projets.

Le président défunt a marqué d’une empreinte indélébile l’histoire récente de notre pays.

YC

Source: l’Indépendant

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