Hamadi Jebali, ex-Premier ministre tunisien et ancien secrétaire général d’Ennahda, quitte le parti. Militant depuis les années 1970, il dit ne plus se “retrouver dans les choix” du parti islamiste avec lequel il avait pris ses distances.
Ennhada perd l’un de ses piliers. L’ex-Premier ministre tunisien et ancien secrétaire général du parti islamiste, Hamadi Jebali, a annoncé son départ, jeudi 11 décembre. “Après une période de réflexion, j’ai décidé de me retirer d’Ennahda”, a-t-il indiqué dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle.
Hamadi Jebali avait intégré le mouvement au début des années 1970 au nom de la “liberté et la justice” et contre la “tyrannie et la corruption”. Il a longtemps dénoncé la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, et passé de longues années en prison sous le régime de l’ancien président renversé par la révolution populaire de 2011. Aujourd’hui, il considère que la Tunisie se trouve face à un nouveau risque “de tyrannie et de corruption”.
“J’ai choisi d’être parmi les militants désireux de faire triompher le chemin de la révolution pacifique (…). Cette position (…), j’ai une grande difficulté à y être fidèle dans le cadre du mouvement Ennahda aujourd’hui (…). Je ne me retrouve plus dans (ses) choix”, a-t-il affirmé.
Ennahda est arrivé en deuxième position derrière le parti Nidaa Tounès aux élections législatives fin octobre et n’a pas présenté de candidat à la présidentielle, dont le second tour est prévu le 21 décembre. Le parti islamiste n’a pas écarté une éventuelle collaboration avec le vainqueur du scrutin législatif, malgré son virulent discours anti-islamiste et la présence dans ses rangs de représentants de l’ancien régime. Cette position a été difficile à accepter pour des militants d’Ennahda, qui ont subi une répression sans merci sous Ben Ali.
Hamadi Jebali, devenu Premier ministre en décembre 2011 après les premières élections libres de l’histoire du pays, remportées par Ennahda, avait démissionné après la grave crise politique qui a suivi l’assassinat de l’opposant de gauche, Chokri Belaïd, en février 2013. Son propre parti l’avait alors poussé à quitter ses fonctions, refusant sa proposition de former un gouvernement de technocrates.
Il avait ensuite démissionné de son poste de secrétaire général en mars en refusant de fournir des explications et était resté membre du mouvement. Il a été remplacé en juillet par Ali Laarayedh. Les rumeurs l’avaient à maintes reprises donné candidat à l’élection présidentielle, dont le second tour opposera le président sortant Moncef Marzouki au chef de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi.
Source: france24.com