Francis Collomp, l’ingénieur français qui a échappé à ses ravisseurs après onze mois de prise d’otage au Nigeria, est de retour en France. L’avion médicalisé qui le ramenait a atterri ce lundi peu après 5 h 00 TU. Les circonstances de sa libération restent encore floues.
Le Français Francis Collomp, qui était détenu dans le nord du Nigeria depuis le 19 décembre 2012 par des rebelles islamistes du groupe Ansaru, est arrivé en France, à l’aéroport de Villacoublay ce lundi vers 6 H 10, heure de Paris (5 H 10 TU).
Dans le Falcon médicalisé qui le ramenait en France, Francis Collomp était accompagné du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Il a été accueilli par des proches et des membres de sa famille à sa descente de l’avion, ainsi que par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
Il sera transféré à l’hôpital du Val-de-Grâce pour un check-up complet, avant d’être « débriefé » par les services français de renseignement.
Les médias ont cependant été tenus relativement à l’écart de ces premiers pas de l’ex-otage de retour en France. Une poignée de journalistes a été admise à assister à l’arrivée de Francis Collomp, mais la majeure partie a été cantonnée à l’extérieur. Aucune déclaration officielle n’a été faite.
Les circonstances de la fuite encore floues
Après avoir échappé à ses geôliers, l’ex-otage Francis Collomp a retrouvé la liberté dans des circonstances encore mal définies. Il s’est évadé comme dans un «livre d’aventures», pour reprendre les termes de François Hollande, au moment de l’annonce de la «libération» de l’ex-otage, samedi.
D’après une source diplomatique française qui s’est confiée à la correspondante de RFI à Abuja, Francis Colomb s’est évadé alors qu’il se trouvait dans les environs de Zaria, une ville située au sud de Kano, la mégalopole du Nord Nigeria. Il aurait profité d’un moment d’inadvertance de ses geôliers qui se seraient absentés pour prier, en oubliant de verrouiller sa cellule. L’ingénieur français aurait aussitôt couru, pris une moto-taxi en direction du poste de police le plus proche, avant d’être amené au quartier général, à Kaduna. C’est là que l’alerte a été donnée, dimanche à la mi-journée.
Mais ce récit comporte quelques zones d’ombres. Dimanche, une source française proche du dossier, citée par l’Agence France Presse, indiquait qu’une opération militaire était en cours au moment ou Francis Colomb s’est échappé. Mais le porte-parole de l’armée nigériane, le général de brigade Olu Kolade, interrogé par RFI, ne confirme pas ces faits. « Il y a des opérations pour traquer les islamistes dans le tout le Nord Nigeria, mais nous ne sommes pas en mesure de dire s’il y en avait une a l’endroit précis où se trouvait ce français », a-t-il déclaré.
D’après une source diplomatique française, ce serait en fait une fois que les geôliers se sont aperçus que leur otage n’était plus là qu’il y aurait eu des échanges de coups de feu avec l’armée.
Une autre zone d’ombre porte sur le jour ou Francis Colomb s’est enfui. Dimanche a été évoqué, puis samedi, par les Nigérians. Pour le moment, on ne connaît pas avec exactitude la date de la fuite de Francis Collomp. Seule certitude, c’est la première fois qu’un otage survit aux islamistes d’Ansaru. Le groupe islamiste a détenu dix autres otages étrangers ces deux dernières années. Tous ont été tués, notamment au cours d’opérations de libération manquées.
Enlevé le 19 septembre 2012
L’ex-otage français était détenu depuis le 19 décembre 2012 par le groupe islamiste Ansaru, un mouvement terroriste lié aux islamistes de Boko Haram sévissant dans le nord du Nigeria. Boko Haram et Ansaru sont sur « la même ligne idéologique : Ansaru étant un groupe issu de Boko Haram, qui a été créé il y a un an et demi environ et qui s’est spécialisé dans les enlèvements d’otages », explique au micro de RFI Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria.
Selon les premiers témoins, il était très affaibli et fatigué. Il a perdu 30 kilos depuis son enlèvement mais a pu garder un mental fort grâce aux exercices intellectuels et physiques qu’il a pratiqués en captivité.
François Hollande a précisé qu’il avait été capable de parler clairement et nettement de ce qu’il avait vécu durant sa captivité, ainsi que du périple de sa libération. Il reste cependant encore des éléments à éclaircir sur les circonstances précises de cette évasion héroïque.
Source : RFI