Elles sont à l’étroit. Les autorités maliennes de la Transition, puisque c’est d’elles qu’il s’agit, qui savouraient déjà leur victoire diplomatique après la libération de Soumaïla Cissé, de deux Italiens et de la Française Sophie Pétronin, sont désormais mal à l’aise.
Car, non seulement le troc humain qu’elles ont opéré en libérant plus de deux cents terroristes (206 au total) contre quatre otages en sus du très probable paiement d’une forte rançon, a montré ses limites avec les dernières attaques meurtrières dans les cercles de Bankass et Bandiagara. Mais aussi, Bah N’Daw et son équipe font désormais face à une opinion interne de plus en plus critique, qui estime que les nouvelles autorités ont fait la part belle aux otages occidentaux tout en oubliant volontiers ces Maliens qui, jusque-là, sont retenus dans les bras des forces du mal. C’est le cas, par exemple, de certains soldats capturés vivants au front et dont les familles restent toujours sans nouvelles. C’est le cas aussi de ces commis de l’État enlevés et détenus par des groupes armés et ce, sans aucune revendication manifeste. C’est ce qui explique la colère du Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale et celui des administrateurs civils, qui ont battu le pavé, le 15 octobre dernier, à Bamako, pour exiger la libération de leurs homologues.
La joie des autorités maliennes suite à la libération de Soumaïla Cissé et compagnie, n’aura été que de courte durée
Cette marche qui devra être suivie de 15 jours de grève, intervient en plein deuil national décrété par les autorités maliennes pour rendre hommage aux victimes civiles et militaires de l’attaque du poste de Sokoura, dans le Centre du pays. Autant dire que la joie des autorités maliennes suite à la libération de Soumi et compagnie, n’aura été que de courte durée ; tant elles se retrouvent aujourd’hui coincées pour ne pas dire mal barrées.
Que vont-elles faire ? Continueront-elles à négocier avec les leaders djihadistes afin d’obtenir la libération des Maliens détenus comme otages dans le désert et ce, en contrepartie de l’élargissement du peu de djihadistes encore emprisonnés à Bamako ? On attend de voir.
Toujours est-il qu’en agissant ainsi, elles donneraient la preuve, à ceux qui en doutaient encore, qu’elles n’ont pas tiré leçon des erreurs du passé encore récent. Et rester aussi les bras croisés, ce serait une manière d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui les accusent d’accorder plus d’importance à la vie des Occidentaux qu’à celle des Maliens. Toute chose qui pourrait rendre impopulaires les « putschistes » maliens qui avaient pourtant suscité beaucoup d’espoirs au lendemain de la chute du président Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) qui, sans doute, pourrait se délecter de la situation dans laquelle se trouvent ses tombeurs ; eux qui l’ont accusé de tous les péchés… du Mal.
Arouna Traoré
Source: Nouveau Réveil