Faut-il encore et toujours s’éloigner des africains pour mieux plaire ou séduire les anglo-saxons ? Comment peut-on piller, de façon effrénée, les ressources minières de l’Afrique tout en demandant à ses filles et à ses fils de payer des frais extravagants d’inscription pour étudier en France ?
Quid de la francophonie dans tout cela ? Quid de l’ « héritage » colonial ? L’Organisation internationale de la francophonie, l’Agence universitaire de la francophonie et que sais-je encore ne sont qu’un leurre permettant à l’ancien colonisateur de préserver, contrôler et sécuriser « son espace intellectuel et universitaire » africain. Qui parle et étudie encore en français de par le monde ?
Il faut remonter aux « Grandes écoles » françaises délocalisées en Afrique, avec le développement de l’Enseignement supérieur privé, pour que les étudiants africains restent chez eux tout en obtenant un diplôme français puis l’instauration de campus franco-sénégalais au sein du « nouveau pôle urbain » de Diamniado (environ à 35 km de Dakar) où interviendront des profs sénégalais et français (du boulot pour eux et au soleil en plus !). Il ne faudrait pas oublier, non plus, de déplorer la mainmise de la France sur l’Institut National du Pétrole et du Gaz soustrait de la tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation pour dépendre directement de la Présidence de la République…
À présent, la sélection/élimination par l’argent et la boucle est bouclée ! L’Europe aux européens !
Il est clair que les « cerveaux » africains ne sont pas concernés car il existe, au Sénégal et peut-être ailleurs en Afrique, les bourses d’excellence pour envoyer les bacheliers sénégalais titulaires de mentions « Bien » et « Très bien » dans les « Grandes écoles » françaises » : une forme d’ « immigration choisie ».
C’est une abominable arnaque et une horrible discrimination en ce que le nombre d’étudiants étrangers et la diversité de leurs origines participent au classement des universités : les encombrants et bruyants étudiants africains remplacés, numériquement, par les autres plus proches « culturellement » et « éthniquement » des français.
Ce faisant, peut-être, que le Québec qui revendique sa « francophonie » pourra attirer plus d’étudiants francophones originaires d’Afrique car la prise en charge des étudiants tendra à devenir équivalente…
L’Afrique doit se décomplexer et songer, enfin, à se prendre en charge notamment en ce qui concerne la formation de son intelligentsia car nul n’est dupe au point de croire qu’on peut se baigner dans une rivière et en ressortir comme on ne s’y était jamais baigné.
Seydi Ababacar Ndiaye
Un universitaire africain dépité
Dakaractu