Monsieur le Président de la République
Vous êtes garant de la Constitution, c’est à vous que revient les décisions de sauvegarde de la nation. Le Mali ne peut négliger ce qui fait trembler le monde entier. Les Etats les plus puissants ont décrété la guerre contre le coronavirus. L’Inde a confiné plus d’un milliard de personnes. La Cote d’Ivoire interdit les déplacements. Tous les pays du monde ont fermé leurs frontières, situation inédite même au heures les plus sombres du terrorisme. Même les pays en guerre font trêve.
Il est paradoxal dans ce contexte que nous maliens donnions l’image de l’insouciance. Que ceux qui prétendent servir le peuple en tant que députés ne puissent surseoir à leur ambition au regard de la gravité du moment. Que des fortunes soient consacrées à une campagne alors que les plus démunis ne sauront faire face au confinement.
Monsieur le Président de la République, je vous sais homme de bien et d’honneur, rien que l’enlèvement de votre cadet Soumaïla Cissé, principal opposant, trois fois présent au second tour de l’élection présidentielle, qui dénote de l’insécurité totale de ce scrutin devrait vous y faire renoncer à plus forte raison le risque de contamination de la population.
Le gouvernement n’est pas élu, le Dialogue National Inclusif qui sert de prétexte « lui même aurait été annulé dans ce contexte ». C’est à vous seul que la République a voté sa confiance et comme l’indique l’article premier de la constitution « Salus populi, suprema lex est ».
L’Allemagne, nation puissante s’il en est, a fermé tous les bureaux de vote en Bavière pour l’élection de dimanche prochain où le vote se fera par correspondance. Comment iront nous demander de l’aide à ce pays demain si après notre propre élection les cas de maladie explosent. Qui nous viendra en aide si nous ne le faisons nous même ?
Vous avez le pouvoir d’étendre la validité de l’Assemblée actuelle qui de toute façon ne devrait pas se réunir et gouverner par ordonnance. Personne ne vous le reprochera surtout après le décret d’état d’urgence sanitaire qui implique un report, puisque quand deux actes relèvent d’une même notion rationnelle ils doivent être soumis à la même disposition légale.
En conclusion, très cher ainé j’en appelle au patriote que je vous sais être et vous conjure de prendre en compte mes préoccupations qui sont celles de nombre de maliens. Aujourd’hui trois choses importent : lutter contre la propagation du virus, une diplomatie centrée sur l’annulation de la dette des pays Africains pour faire face à la crise et retrouver Soumaïla Cissé. Dieu veille.
Madani Tall
Officier de l’Ordre National