Excellence Monsieur l’ambassadeur,
Pour avoir donné librement son opinion sur les problèmes que vit notre pays, notre compatriote Salif Keïta a subi de votre part des propos peu amènes, frisant l’injure et le mépris, que vous avez même diffusés sur les réseaux sociaux. J’ai moi-même eu à subir votre foudre quand j’ai adressé à Monsieur Emmanuel Macron une lettre ouverte sur le même sujet. Vous en êtes allé, à l’occasion, jusqu’à refuser le renouvellement de mon visa Schengen.
Votre énième sortie peu diplomatique et combien coléreuse contre Salif Keïta est la preuve que vous déniez aux Maliens toute liberté d’expression ; vous semblez vouloir nous imposer la muselière, ce que vous n’avouerez certainement pas.
Nous n’avons pas l’intention de vous rappeler que la liberté d’expression, d’opinion et de critique est une valeur sacrée de la République française depuis au moins 1789. Il vous appartient de réintégrer cet acquis essentiel de l’histoire et de la culture politique de votre pays, qui est d’ailleurs à la vie internationale ce que le sang est au corps humain.
Si le général Charles de Gaulle n’avait pas eu la liberté de se révolter, la France de Vichy serait certainement devenue au fil du temps une France germanique. Notre pays, le Mali, est aujourd’hui confronté à des menaces quasi identiques à celles auxquelles la France faisait face durant les années 40.
Il s’y ajoute que vos missions militaires, qui disposent d’indéniables moyens de renseignements et d’une puissance de feu mille fois supérieure à celle de notre armée nationale, sensées nous apporter soutien et quiétude, se révèlent être plutôt des obstacles à la mobilité de nos troupes et des handicaps à l’unité de notre territoire.
Que cela vous plaise ou vous déplaise, nous sommes des citoyens maliens, des patriotes maliens, et nous avons souci de notre pays. Nous avons, au nom sacré de défense de la patrie, droit à la parole, à l’analyse, à la critique, à la révolte.
Comme le général Charles de Gaulle et le général Leclerc, entre autres illustres Français, Salif Keïta, moi ainsi que d’autres dignes Maliens ne se tairont jamais face aux périls qui menacent l’existence de notre pays dans ses frontières historiques.
Veillez accepter, Excellence Monsieur l’ambassadeur, l’expression de mes sentiments patriotiques.
Bamako, le 20 novembre 2019
Honorable Moussa Diarra
Élu de la nation malienne