Monsieur le président élu du Mali , Je vous adresse cette lettre ouverte après avoir lu à votre interview donnée au quotidien sénégalais Sud Quotidien entre les deux tours de la présidentielle de 2013.
Dans cette interview, vous placiez votre quinquennat sous le double signe de la transition et de la refondation.Cela m’a fait tiquer car lors de mes nombreuses conversations avec certains de vos collaborateurs à qui je proposais déjà en 2009 dans le cadre de la campagne présidentielle de 2012, le slogan suivant : IBK 2012 ,Un Mandat Unique Pour Une Transition Démocratique.
Dernièrement , lors de mon séjours à Bamako (Mai-Juin 2013), aux personnes qui se battaient pour votre élection, je proposais le slogan suivant:IBK 2013, Le Rêve Malien car entre temps le 22 Mars 2012 est passé par là où le pays a failli être emporté sans savoir vers quel horizon de l’histoire. Et on ne remerciera jamais assez la France de François Hollande et le Tchad d’Idriss Déby. D’ailleurs qui mieux que vous pouvais les remercier comme cela a été le cas le 19 Septembre 2013.
Monsieur le Président élu du Mali,
A travers ces deux slogans, je vous demande de l’audace et de l’innovation sous votre quinquennat qui a débuté déjà le 4 Septembre 2013 . Oui de l’audace et de l’innovation , en gros tout ce qui pourrait conduire le Mali vers une démocratie apaisée.
La première , de ces audaces,serait de changer de capitale politique et administrative car Bamako , capitale politique, administrative et économique est saturée et devenue invivable.
L’idée d’une nouvelle capitale n’était pas dans mes premières propositions . Mais cette idée a fait son chemin , au fur à mesure de mes différents séjours dans la ville en comparaison à d’autres capitales que mes missions , auprès de certains organismes internationaux , m’ont permis de visiter.
Certes , l’idée de changer de capitale va irriter beaucoup de monde , peut être même elle sera le débat récurrent tout au long de votre quinquennat sans pour autant faire l’unanimité dans la population surtout pas au sein des familles fondatrices de Bamako .
Il est grand temps que le Mali se dote d’une nouvelle capitale politique et administrative comme l’ont fait de nombreux pays car la ville de Bamako , prévue pour accueillir un certain nombre de population et les infrastructures adaptées à cette époque, ne correspond plus à ce Mali moderne et à une capitale moderne que tout le monde appelle de ces vœux.
L’accroissement démographique de Bamako est impressionnant : 2 500 habitants en 1884, 8 000 habitants en 1908 , 37 000 habitants en 1945, près de100 000 en 1960 lors de l’indépendance du Mali, l’agglomération compte en 2009 1 809 106 habitants et continue d’attirer une population rurale en quête de travail. Cet accroissement incontrôlé entraîne des difficultés importantes en termes de circulation, d’hygiène (accès à l’eau potable, assainissement), d’énergie, de pollution.
Entre 1998 et 2009, la population a été multipliée par près de 1,8, soit un taux annuel d’accroissement moyen de 4,8 %.Bamako est la ville africaine qui s’accroît le plus rapidement et de manière incontrôlée et occupe le rang de sixième sur le plan mondial.
Bamako,capitale du Mali , a laissé dernièrement ( 28/29 Août 2013) après les pluies , comme à son habitude , mais cette fois – ci une image très très déplorables d’une ville meurtrie , étouffante qui manque de tout et même les secours civils sont d’un autre âge ,plus de 56 morts , sans oublier les blessés et les dégâts matériels causés. La ville de Bamako est engorgée , les déplacements en centre ville sont très difficiles comme si on était dans un gros village surpeuplé qui manque de tout. Et l’aménagement urbain ACI 2000 , qui devait compenser tout cela , est comme une ville à l’intérieur d’un gros village qu’est restée la ville/village de Bamako. La manière dont l’ A C I a été conçu n’a pas pu intégrer la vieille ville de Bamako, mais surtout été un repoussoir pour Bamako et ses habitants lambda. On a l’impression que c’est une ville déposée à côté d’un gros village .
Bamako, d’alors, choix du colonisateur pour plusieurs raisons, a fait son temps et il faut aller de l’avant. La nouvelle capitale politique et administrative doit s’inscrire dans un cadre global de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation du pays.Oui j’insiste sur les termes de l’Aménagement du Territoire et Décentralisation car il doit se faire dans un cadre global pour ne léser aucune région dans la perspective d’un Mali en construction depuis les événements du 22 Mars 2012.Et le choix du futur site de la nouvelle capitale doit se faire de sorte qu’aucune capitale régionale ne soit laissée pour compte de sorte qu’on ne dise pas, des années après, la nouvelle capitale malienne et le désert malien.
Il est grand temps de mettre en discussion dès que possible sur la table de l’Assemblée Nationale, après les élections de Novembre et Décembre 2013, l’idée d’une nouvelle capitale et inscrire le Mali sur la liste des pays qui ont osé déplacer leur capitale politique et administrative . Pour exemple récent ,sans oublier les pays africains proches du Mali, je citerai la Corée du Sud qui a inauguré sa une nouvelle capitale politique et administrative , Sejong, le 1er Juillet 2012.
Monsieur le Président élu,
Votre deuxième audace serait de vous attaquer aux institutions maliennes et faire du Mali une République Décentralisée et Indivisible et l’inscrire dans les textes fondamentaux du pays.
Je me garde de revenir sur les insuffisances et les lacunes des institutions maliennes , car pour les avoir pratiquées vous même , ces vingt dernières depuis le retour de la démocratie en Afrique, vous les connaissez mieux que le simple malien.Je suis convaincu que vous aviez déjà votre petite idée là dessus. Toutefois,en lisant ma lettre ouverte si vous aviez le temps, elles seront en filigrane tout au long de ma lettre .
Le 17 Septembre 2013 dernier à Koulouba , pour reprendre les journaux de la place, lors de votre première rencontre en tant que président élu du Mali avec les groupes armés du Nord du Mali (Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), Haut Conseil Unifié de l’Azawad (HCUA), Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination des Mouvements et Front Patriotique de Résistance (CM-FPR).), vous aviez déclaré fermement : « Tout est négociable sauf l’intégrité du territoire ». Pour ce faire « il n’y aura ni fédéralisme, ni autonomie et encore moins de débat sur une quelconque indépendance d’un centimètre carré du pays » .
Par contre dans une République Décentralisée et Indivisible tout est possible car vous aviez entre vos mains toutes les cartes que vous distribuerez à votre guise tout en restant ferme sur vos principes sans renier ou trahir vos engagement vis à vis du reste du peuple malien parce qu’une République Décentralisée et Indivisible est une république ouverte dans laquelle toutes les minorités s’y retrouvent .
Le Mali , une République Décentralisée et Indivisible , inscrite dans sa Constitution, est un atout maîtresse entre votre main dans les mois à venir pour négocier et régler de manière définitive et durable le problème du Nord – Mali qui a failli faire exploser le pays en mille morceaux.
Le niveau territorial le mieux indiqué est la Région dans une république décentralisée et indivisible . Ainsi , chaque région ( 20 Régions en tout actuellement au Mali ) aura son Parlement Régional et son Gouvernement Régional , et vous ferez du responsable de région élu ( président ou du gouverneur )votre interlocuteur privilégié à travers un Contrat de partenariat , sous d’autre cieux (en France par exemple ) on parlera de Contrat de Plan/État/Région, car ce niveau territorial aura en charge à la fois l’Aménagement du Territoire Régional, de son développement socio-économique et culturel parce que le territoire régional est un espace viable avec ses réalités concrètes où le gouvernement régional pourra y développer un Projet de Territoire intégré dans un Plan Nation c’est à dire de celui du Mali sous votre direction .Je m’étalerai plus loin sur l’élection du gouverneur ou du président de la région .
De la sorte ,vous président élu du Mali , le Mali , une république décentralisée et indivisible , vous aviez aisément toute la latitude de céder à la région , collectivité territoriale décentralisée , certaines autonomies , non régaliennes , étendues particulièrement dans les domaines de l’Économie, de l’Enseignement, de l’Emploi, de l’Aménagement du Territoire, de l’Agriculture, de la Santé, du Logement, du Tourisme, de l’Énergie, de l’Environnement, de la Culture , de la Politique familiale, etc. Vous pourriez surtout aider et encourager les régions maliennes à développer une Coopération Décentralisée , comme cela se fait déjà, avec l’extérieur ce qui ne serait pas une mauvaise chose pour les régions du Nord Mali.
Ces compétences non régalienne cédées sous votre autorité seront traduits dans des actes et faits par un gouvernement régional , sous l’œil vigilant d’unparlement régional, qui aura à rendre des comptes à la population régionale parce qu’elle aura élu à la fois le président de région en même temps que le président de la République du Mali , puisque le programme du président élu de la région est intégré dans celui du président élu du Mali puisque c’est leur ticket qui a gagné dans la région .
Monsieur le Président Élu du Mali,
Votre troisième audace c’est de changer le mode de scrutin de la présidentielle de 2018 si Dieu nous prête vie jusque là , et faire élire le prochain président du Mali au Suffrage Universel Indirect à travers le Système des Grands Électeurs propre au cas du Mali (le plus connu est celui USA).
En 2008 déjà, dans le cadre de la Consolidation de la Démocratie au Mali initié par le président déchu Amadou Toumani Touré , j’avais proposé à laCommission Daba Diawara d’oser élire le futur président en 2012 au suffrage universel indirect . La commission Daba Diawara n’a pas retenu ma proposition , ni faire l’effort de répondre à ma lettre ouverte . Cependant, le site Malijet a eu la courtoisie de me publier en son temps le 11 Juin 2008 sur son site .
Passé sous silence sauf pour les initiés,depuis peu , le Mali est passé dernièrement , selon le nouveau découpage administratif, de 9 Régions (8 Régions plus le District de Bamako) à 20 Régions (19 Régions plus le District de Bamako ) comme l’avait prévu l’ancien président Amadou Toumani Touré dans son discours à la nation malienne du 31 décembre 2010.
De par sa superficie, le Mali , une République Décentralisée et Indivisible de 20 régions ( 19 régions plus le District de Bamako) ,est très pertinent même si au départ de ma réflexion je ne voyais pas d’un bon œil ce découpage administratif prévu pour la simple raison que le Mali doit avoir des régions viables économiquement, socialement surtout culturellement pour amorcer un développement socio-économique rationnel. J’ai évolué là aussi dans ma manière de voir parce que le coup d’état du 22 Mars 2012 est passé par là , surtout les conséquences qu’il a engendrées.
La future élection présidentielle de 2018 au Suffrage Universel Indirect n’est pas une simple vue de l’esprit mais une audace démocratique dont le Mali pourrait se faire le champion en Afrique à la fin de votre quinquennat (2013-2018) .
En 2018, si Dieu le permet, pour se faire élire à la présidence de la république du Mali , tout candidat à cette élection présidentielle doit former un ticket , dans chacune des 19 régions plus le district de Bamako, avec une personnalité qui ambitionnerait à son tour d’être président ou gouverneur d’une des 20 régions données. Un candidat à la présidentielle de 2018 qui n’arriverait pas à monter un ticket dans une région des 20 régions données serait automatiquement éliminé de la course à la présidentielle, et cela sera inscrit dans la constitution malienne.Comment prétendre à la fonction suprême si on est incapable de former une liste dans une région quelconque du Mali ?
Le ticket sera une liste composée de futurs conseillers ou députés régionaux . Sur cette liste , en plus des futurs conseillers ou députés régionaux, on aura , sous forme de colistier, en tête d’affiche le candidat à la présidentielle du Mali et le candidat à la présidentielle d’une région donnée .
Ainsi, le ticket qui arrivera en tête dans une région se verra accorder la majorité absolue pour éviter tous les tiraillements et marchandages ou calculs électoraux d’après scrutins.
Voir tableau construit sur la base des derniers chiffres du ministère lors de l’élection présidentielle de 2013 et concerne les 9 régions (8 régions plus District de Bamako) dans un tableau explicatif et méthode de calculs .
Régions
|
Inscrits
|
Nombres de
Députés ou Conseillers
par Assemblée Régionale
|
Les Grands Électeurs
|
Bamako -District
|
1049728
|
55
|
11
|
Kayes
|
801478
|
47
|
7
|
Koulikoro
|
9508864
|
52
|
9
|
Sikasso
|
1168981
|
58
|
12
|
Ségou
|
1028671
|
54
|
10
|
Mopti
|
935080
|
51
|
8
|
Gao
|
261951
|
32
|
4
|
Tombouctou
|
332697
|
34
|
5
|
Kidal
|
35095
|
25
|
3
|
Totaux
|
408
|
69
|
|
PS:
Le nombre de députés régionaux par assemblée régionale a été calculé arbitrairement à partir du nombre des inscrits (35 095 personnes) dans la région de Kidal.
En conséquence, le Mali aura le choix entre un Collège Électoral composé de Conseillers ou Députés régionaux ( 408 ) ou un Collège Électoral composé des grands électeurs (69 ) élus par les députés ou les conseillers régionaux .
Quelque soit le choix du collège électoral , le président sera élu au Suffrage Universel Indirect par un Collège Électoral dont le nombre de votant est connu d’avance et ne souffrira d’aucune transhumance politique puisqu’il sera pris soin de l’inscrire dans la Constitution de son interdiction pendant la législature en cours.Cela mettra fin au nomadisme politique et les combines électorales connues jusqu’à là au Mali . Et pour être élu président de la république en 2018 , il faudra avoir la majorité absolue des députés régionaux ou la majorité des grands électeurs
Monsieur le Président Élu du Mali,
L’élection du président au Suffrage Universel Indirect en 2018 permettra de réduire le nombre de structures ou institutions qui s’occupent de l’organisation des élections au Mali.Il permettra de mettre fin à la concurrence entre la CENI et le Ministère compétent ainsi que toutes les autres structures en charge des élections. Ce qui permettra d’éviter la cacophonie dans l’annonce des résultats comme cela a été le cas lors du premiers tours en 2013 . D’ailleurs , pourquoi ne pas revenir à la vieille méthode où le Conseil Constitutionnel valide ou entérine tout simplement les résultats annoncés préalablement par le Ministère Compétent en chargé de l’organisation des différentes élections .
Le retour à la vieille méthode réduirait à la fois les coûts d’organisation des élections et considérablement le nombre d’observateurs étrangers car le Mali n’aura plus que 20 circonscriptions électorales pour les élections présidentielles , ce qui éviterait là aussi la cacophonie entre les représentants des ONG ou d’autres structures ou institutions , toutes pressées proclamer la validité ou la transparence du scrutin, avant l’annonce des résultats car dorénavant on sait par avance le nombre de votant ( 408 ) ou ( 69) à l’intérieur du collège électoral voire le nom et le visage des votant.
Les autres avantages sont les suivants :
·Fin du pléthore de candidature. Pour être candidat à la présidentielle malienne , il faut être capable de former un ticket dans chacune des 20 régions du Mali sinon on est éliminé de la course à la présidence.
·Tout candidat à la présidence du Mali sera dans l’obligation de sillonner chacune des régions , surtout de construire un programme régional avec la liste de celui qui voudrait être gouverneur ou président d’une région comme colistier. Du coup , on créée une démocratie participative de proximité et sous l’œil des électeurs régionaux.
·Fin des contestations des résultats car tout se passera au niveau régional . Ainsi, après les interventions des commissions et autres , ou tout autre recours et peu importe le temps que cela prendra , une fois donné les résultats , tout le monde doit les respecter ,