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Lettre ouverte à l’ex-Président Moussa TRAORE

Je m’adresse à vous en ma qualité de Malien et d’ancien Ministre du Gouvernement malien, de 1980 à 1982, lorsque vous étiez Président et Chef de l’Etat de la République du Mali. Si je vous écris maintenant, c’est que votre comportement me choque et m’attriste. Je ne peux pas comprendre qu’après plus de vingt (20) années de pouvoirs dont treize (13) de pouvoirs absolus (1978 à 1991) et âgé de plus de quatre-vingt-cinq (85) années, plus que l’âge à la retraite, vous continuez à vous ingérer dans la politique active. Au lieu d’écrire vos mémoires si vous en avez la compétence ou au cas échéant recruté un ‘’vrai intellectuel’’ pour le faire, vous vous érigez en missionnaire et en conseiller du Mali.
Après tant d’années au pouvoir qui vous a empêché de faire ce que vous conseillez actuellement ? Quelles sont les actions et les œuvres que vous avez réalisées pendant plus de deux (02) décennies pour développer et unifier le Mali. A mon avis, ce qui se passe actuellement sont les conséquences des gestions passées. A mon avis, je ne vois ce que vous aviez fait de positifs dans le passé. Je ne vois pas ni infrastructure, ni superstructure adéquates qui ont été réalisées sous votre règne.


Par rapport au régime du Président Modibo KEÏTA, le Mali a reculé, à savoir le secteur d’Etat à caractère industriel et commercial que j’ai eu l’honneur de diriger pendant deux (02) années a été ou liquidé, ou privatisé dans la plupart des cas sous la pression du Fonds monétaire international et la Banque mondiale sans souvent de justification économique et sociale. Tel a été le cas de la Compagnie aérienne d’Etat Air-Mali, qui lors de sa privatisation et de sa liquidation, était viable (désenclavement, personnel compétent, situation financière équilibrée).
En ma connaissance de vingt cinq à trente entreprises publiques à caractère industriel et commercial, celles disparues, il n’en reste pas plus d’une dizaine. Les dégâts sociaux sont énormes. Près de quinze mille (15.000) salariés sur vingt un mille (21.000) ont été licenciés avec des indemnités de misère.
La Banque de Développement du Mali (BDM) naguère Banque d’Etat était sur la voie de disparition n’eut été l’intervention de la Banque commerciale du Maroc (BCM) en suppléant en partie plus de cinquante (50) milliards de créances douteuses accordées sans garanties réelles dans de conditions douteuses au vu et su de tous les Maliens avertis dues à la gestion désastreuse d’un Directeur Général dont vous avez avalisé la nomination et qui s’en est tiré à bon compte pendant que des pauvres maliens dorment en prison pour avoir volé ou détourné des sommes modiques. Est-ce là la voie de la bonne gouvernance ? Quelle est la crédibilité d’un dirigeant qui pratique ‘’deux poids deux mesures’’.
Je pense qu’après avoir fait ses preuves négatives pendant de si longues années et à un âge avancé, l’on doit avoir l’intelligence de se mettre à l’écart des affaires publiques. Je regrette d’avoir été Ministre sous votre gouvernement. Si c’était à refaire, je ne le referais pas bien que vous ayez qualifié les Maliens que vous aviez nommés de cadres d’élite, ce qui est loin de la réalité. Ces soi-disant élites ont souvent mis au fond du trou les entités publiques dont ils assuraient la gestion.
Une élite est quelqu’un qui a un esprit brillant et créatif. Le cadre d’élite que j’ai connu lors de mon passage au Gouvernement s’appelle Djibril DIALLO, ingénieur de son Etat, intelligent, bâtisseur, et ayant une vraie personnalité. Ce sont des cadres de cette catégorie qui manquent au Mali.
Certains pourront dire que ma lettre ouverte à l’ex-président a un goût de vengeance puisqu’il m’a écarté de son gouvernement après deux (02) années de présence. Je suis parti du gouvernement parce que ma tête ne plaisait pas, pas par incompétence. J’étais prêt à démissionner.
Après mon départ, l’Ambassadeur d’Algérie de l’époque s’est déplacé personnellement pour me féliciter des actions que j’ai menées pendant ma mission de Ministre de Tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat. Il en a été ainsi de la part de beaucoup de Maliens honnêtes et du Bureau International du Travail (BIT) qui m’a nommé Expert-principal de son projet de formation des Comptables en RCA.
Le Syndicat malien UNTM, en la personne de feu Bakary KAREMBE m’a nommé conseiller économique de l’UNTM. J’ai reçu une lettre de félicitations du Conseil d’Administration de la Société de Comptabilité de France (Paris) en ma qualité de professeur de comptabilité et de Droit du travail à la SCF (Paris). Et en 2008, les pays de l’Union Européenne m’ont décerné le titre de Lauréat International Award.
Tout cela me conforte et prouve que j’ai été arbitrairement et subjectivement écarté du Gouvernement malien en août 1982. L’injustice ne paie pas. Le soulèvement populaire et le coup d’Etat militaire contre vous sont le jugement de Dieu. Tant qu’on n’est pas mort, on est passible de tout. Quand on a fait son temps, et surtout que l’on a échappé pour le moment au mauvais sort, on doit s’effacer. Quand on a le fond de la culotte troué, on ne monte pas à l’arbre.
Dr Tiécoro DIAKITE:
Docteur en Economie du Développement (Paris I);
Diplômé Expertise Comptable (Paris);
Diplômé en Droit des Affaires (Paris I);
Ancien Professeur à la Société de Comptabilité de France (Paris);
Ancien Ministre;
Ancien Expert principal du BIT (Bureau International du Travail);
Lauréat International AWARD 2008;
Chevalier de l’Ordre National du Mali
Source: L’Inter de Bamako

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