’’Le nombre de partis politiques n’est pas un bon indicateur de l’état de la démocratie dans un pays’’ nous disait Gellar en 2005, citant l’exemple du Zaïre de Mobutu Sésé Séko avec 200 partis politiques enregistrés. Qu’en est-il de la situation du Mali? Avec plus de 150 partis politiques, l’échiquier politique Malien est inondé de micsos partis politiques qui se créent à tout bout de champ, on dirait des groupements d’intérêts économiques (GIE) ou des Organisations Non-Gouvernementales (ONG).
Ce fléau de balkanisation des partis politiques engendra plusieurs retombées sociopolitiques néfastes telles que :
- la transhumance politique ;
- les fiançailles d’essai ;
- le manque de conviction et de vision ;
- les mésalliances et alliances contrenatures ;
- le déficit de débats politiques ;
- le divorce entre l’électorat et ces partis politiques ;
- le mimétisme des mauvaises pratiques de la jeunesse ;
- le manque ou l’érosion de la légitimité des représentants du peuple.
Cet état de fait nous amène à nous poser la question suivante : comment les jeunes leaders politiques d’aujourd’hui pourront ils assurer la relève de demain ?
Face à ce marasme politique, corollaire logique, de ce qui me fait mal au plus profond de ma personne, j’ai décidé d’apporter ma modeste contribution via cette plume, en conviant mes grands frères leaders politiques, à redresser le cap, avant, qu’il ne soit trop tard.
Ainsi, cette lettre interpelle mes aînés de ce grand navire : tous les jeunes leaders sans exception.
Que l’arbre des partis politiques ne cache pas la forêt de la démocratie !
Mes très chers aînés, essayons de faire la caricature et la chronologie de deux vieux partis politiques (ADEMA et CNID) de1991 à nos jours et ceux d’un parti récent le PDES. L’ADEMA a engendré le MIRIA du regretté Pr Mohamed Lamine Traore ; l’ASMA de Soumeylou Boubeye Maiga, le RPM du président de la république Ibrahim Boubacar Keita et l’URD de Soumaila Cisse. Ces deux derniers ont donné naissance respectivement à la CODEM de Houssieni A. Guido et PACP de Yeah Samake.
Qu’en est-il du CNID de Me Moutaga Tall ? Celle-ci accoucha du PARENA de Tièblé Drame qui, donnera naissance aussi au BARA du Pr Yoro Diakité et le MODEC de Konimba Sidibé.
Quant au PDES, le parti des héritiers de l’ancien président ATT, en moins d’une année, il a engendré deux partis : l’UMAM de Jeamille Bittar et le RTD du Dr Hamed Sow.
Aussi malencontreuse et pathétique qu’elle puisse l’être, cette hémorragie politique continue son bonhomme de chemin. On peut la remarquer dans le comportement de nos jeunes leaders politiques actuels.
Sous l’arbre à palabres, je suis parti collecter des témoignages
Ainsi, ma démarche m’amena auprès de deux grandes personnalités du pays, envers qui, mes respects sont sans bornes. Il s’agit du Pr Issa N’Diaye universitaire de son état et ancien ministre et le Dr Soumana Sako, ancien ministre des finances et ancien premier ministre du Mali. Ici et ailleurs, leur intégrité, patriotisme, honnêteté et désintéressement à la « Res publica », la chose publique appellent et exigent le plus grand respect à leurs égards.
La réponse du Pr Issa N’Diaye à la question posée plus haut donne froid dans le dos. Il a répondu avec l’expression suivante : « Peut-on compter sur les nouveaux jeunes crocodiles qui y ont fait école et paraissent déjà formatés par le système maffieux mis en place et pompeusement qualifié de démocratique?».
Abasourdi par les propos de l’universitaire, je me suis ainsi rendu chez l’ancien premier ministre, le Dr Soumana Sako. Sans ambages, sa réponse fût cinglante, je cite : «Ces jeunes leaders politiques sont des jeunes loups aux dents trop longues qui n’ont pas fait des preuves, ils sont seulement jeunes physiquement mais ils ont vieilli mentalement et intellectuellement avant l’âge, ces gens-là, ce sont des imposteurs, des escrocs ». Sincèrement, j’avoue que, j’ai été, totalement, assommé par la réponse de ce dernier.
Toujours, dans la quête de l’information et en vue de trouver une réponse à la même question, je me suis rendu à Kayes dans la première région du Mali. Dans la capitale Régionale, Kayes ba au bas fond de Nioro du Sahel et de Yelimani, ce fut la même consternation. Les populations que nous avons rencontrées disent qu’elles ne se reconnaissent plus aux jeunes leaders, surtout, avec leurs vestes et cravates.
A notre retour de Kayes, j’ai rencontré un vieux sage de Ségou, habitant dans mon quartier, le vieillard m’a dit que les jeunes leaders politiques actuels n’inspirent pas confiance.
Toujours animé dans le souci de la manifestation de la vérité, le vieux sage de Ségou m’a demandé d’aller en discuter avec un autre vieux sage de Gao. La réponse de ce dernier a été invariablement similaire à celle du vieux de Ségou.
Après, mes démarches m’ont amené chez une amie Tombouctoutienne, bloggeuse et enseignante de son état. Elle m’a dit que la révèle politique Malienne est pire que l’actuelle. Ces jeunes politiques ne nous rendent visite qu’à l’approche des joutes électorales.
Dans l’impossibilité de me rendre à Kidal, j’ai appelé un ami Kidalois de mon grand frère. Il m’affirmé la suivante: ils sont tous pareils ces politiciens, les aînés comme les cadets, ils sont tous de la même famille.
Sous le ciel commun, je suis aussi parti à l’écoute de vos jeunes partisans dans la capitale Bamakoise. Parmi eux, la plupart sont des amis, des frères, des anciens camarades de classe et des amis virtuels grâce à la magie des réseaux sociaux. Ils affirmèrent qu’à force de suivre vos fréquences incommensurables de transhumance politique, ces jeunes leaders sont devenus comme des moutons égarés ne sachant plus sur quelle agora paitre au bonheur du berger, qu’est le peuple.
L’intelligentsia de la diaspora Malienne pense que, de nos jours, les partis politiques au Mali ne sont que de l’autopromotion d’un seul homme dans son entreprise.
Ma part de contribution
Un adage Burundais nous dit : « Même aveugle, un œil qui t’aime te pleure ». Il me tenait tant la rédaction de cette lettre. Me taire serait très facile et, de surcroît, de la pure lâcheté. Je ne souhaite également pas vexer mes grands frères, dont certains m’ont vu grandir dans la même rue ou dans le même quartier. Ne rien faire aussi ou vous tromper par des pseudos propos laudatifs serait encore pire.
Au regard de tout cela, j’ai décidé de prendre ma plume, pour tirer la sonnette d’alarme et interpeller mes grands frères leaders politiques. Ceux-là même qui prétendent combattre le nerf de tous les problèmes du Mali, la corruption.
Chers aînés, combien d’entre vous sont représentés au sein du parlement ? Le seul député du parti de Moussa Mara, selon la presse locale, se réclame plus du mouvement Sabati 2013 que du parti Yelema.
Très chers grands frères, s’il s’avère que vous incarnez le changement tant véhiculé pourquoi ne pas commencer à bannir ce vieux système « de multitudes de partis politiques » qui ne nous amènera nulle part. Sauf, bien sur la promotion d’un homme ou d’un clan.
Certains parmi vous, ont hérité des partis politiques implantés à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali. Il y en a qui se sont également servis des vieux partis susmentionnés, comme des béquilles, pour arriver là où ils sont aujourd’hui: maires, députés, conseillers ou ministres et, par la suite, s’en est suivie la création de leurs propres partis.
Très peu d’entre vous ont commencé au bas de l’échelle. En l’espace de 4 années, certains d’entre vous ont connu trois colorations politiques. Mais où se trouve donc la conviction politique dans ces genres de comportement mes chers grands frères ?
Le sage proverbe Bambara nous dit : « Ensemble les oiseaux se font entendre, en faisant beaucoup de bruit.» Je pense qu’il est temps de fédérer les bonnes énergies, de créer une synergie autour de votre génération, dans le but de redresser le cap. Je sais que, chacun est libre d’adhérer au parti de son choix, mais pourquoi ne pas essayer un autre modèle. Pourquoi ne pas créer un parti républicain, socialiste ou libéral, organiser des primaires dans le but de choisir un candidat pour l’élection présidentielle ? Les vaincus de ces primaires pourront briguer d’autres postes tels que : la présidence de l’assemblée nationale, la primature etc. Je pense qu’il est temps de rationaliser notre jeune démocratie afin de consolider les acquis démocratiques.
A défaut d’une démarche républicaine pour sauver un pays meurtri dans son âme, vous serez tous vus comme des transhumants politiques qui vont toujours vers les nouveaux horizons à la veille des consultations électorales ; des agriculteurs politiques qui ne rêvent que de la récolte des gratifications militantes ; des migrants politiques qui pensent religieusement qu’en changeant autant de vestes politiques qu’ils tomberont sur une promenade militante fructueuse ; des sprinters politiques qui décarpillent d’ici pour là-bas aussitôt que la défaite se fait sentir.
Je m’arrête là chers aînés, en vous laissant méditez sur ces propos de Modibo Keita : « Nous avons fait, à la naissance de l’US-R.D.A (Union Soudanaise- Rassemblement Démocratique Africain), le serment de donner, s’il le fallait, notre vie à notre pays, notre Parti. Il est clair que donner sa vie, c’est aussi, accepter l’ultime sacrifice.» Car il est grand temps d’arrêter la politique alimentaire ou du ventre et d’abdiquer aussi la vieille maxime néfaste de 1991 jusqu’à nos jours, « les politiciens maliens de 1991 à nos jours disent au peuple ce qu’ils ne font pas et font ce qu’ils ne disent pas au peuple ». Au risque de se voir sanctionner par le vote sanction ou une insurrection populaire, le peuple somnole, mais son réveil pourrait être brutal pour la plupart d’entre vous sinon mortel.
« Nos descendants ont des droits sur nous »
Le Reseau de Citoyens Actifs-Mali
Simples Citoyens Maliens
De L’Ecole de la Vie et de L’Amour du Pays
lerecamali@gmail.com