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Lettre d’encouragement à Monsieur Moussa Mara, ministre malien de l’urbanisme et de la politique de la ville.

Son Excellence Monsieur le Ministre,

 

Mr Sekou Diallo (Alma Ata Kazakhstan)

 

Permettez-moi de  saluer vos bonnes initiatives et de vous exprimer mon  humble opinion sur la très  fâcheuse et honteuse question des ordures dans la ville de Bamako, suite à votre post sur Facebook : « Bonsoir les amis. Le Gouvernement commence à ramasser les ordures de Bamako. Il faut néanmoins regretter les saboteurs jeteurs de déchets sur la voie. »

 

 

 

Lorsqu’en octobre 2011, je soulevais la question des saletés dans la capitale, plus particulièrement dans son plus beau quartier qu’est l’ACI 2000, certains individus, dont l’un de vos collaborateurs à la mairie de votre Commune,  m’avaient accusé d’exagérer malgré les nombreuses photos que j’avais prises et publiées  ensuite sur le réseau social comme preuves palpables. Le temps me donne raison aujourd’hui. Nous avons fini tous par reconnaitre qu’il ne fait pas bon de vivre  dans un Bamako qui se noie dans ses propres déchets aux odeurs insoutenables qui battent tous les records mondiaux de puanteur.

 

 

Au lieu de ramasser les ordures pour empêcher la prolifération des rats vecteurs de nombreuses maladies infectieuses dangereuses, d’écurer les caniveaux et de mieux traiter les eaux usées qui sont les milieux d’habitation des moustiques, le gouvernement malien gaspillait chaque année des millions de francs CFA dans l’achat de moustiquaires imprégnées pour lutter contre le paludisme. Tel un sapeur-pompier qui souhaite vaincre l’incendie en y jetant de l’huile! Le résultat est connu de tous : Bamako ressemble à une grande porcherie, les maisons et immeubles construits dans un désordre criant baignent dans l’immense océan de pourritures, les eaux du fleuve Djoliba ont changé de couleur à cause de toutes les saletés qu’on y déverse, nourrissant ainsi la  grande armée de moustiques qui s’abattent sur la ville une fois la nuit tombée.  Pour citer un autre  exemple : la devanture de l’Assemblée nationale ou siègent les élus du peuple. Pour y avoir accès, on doit d’abord être un plongeur expérimenté  afin de bien « nager » parmi les ordures! Quant aux eaux, Monsieur le Ministre, vous en connaissez les conséquences : pour n’avoir pas pu se frayer un chemin hors de la ville car les caniveaux sont pleins d’immondices,  à cause de maisons dont on a autorisé la construction hyper anarchique dans le lit du fleuve, Bamako a été récemment le théâtre d’inondations qui ont emporté des dizaines de vies, notamment des enfants et des femmes. Devrions-nous attendre que la tragédie se reproduise ?

 

 

 

Le nouveau gouvernement malien vient d’octroyer 900 millions de francs au ramassage des ordures dans la ville. Cette décision est significative et salvatrice. Cependant à mon humble avis, ce n’est pas dans le ramassage que réside le problème.  Dans quelque temps, les mêmes ordures apparaitront aux mêmes endroits. Vous avez même regretté, Mr le Ministre, que des saboteurs  jettent les ordures. Il s’agit plutôt d’arrêter des mesures efficaces qui permettront d’éradiquer ce phénomène, entre autres, je voudrais soumettre à votre aimable attention :

 

 

 

Tenir les maires de communes responsables pour la salubrité dans leurs circonscriptions respectives.

 

 

 

Créer une brigade de lutte contre l’insalubrité qui aura droit et devoir de faire payer une amende, d’arrêter et d’incarcérer pour faute administrative jusqu’à une période allant de trois à quinze jours.

 

 

 

Responsabiliser chaque famille, chaque entreprise publique et privée de tenir ses alentours propres, sous peine d’amende, d’arrestation administrative ou de fermeture du lieu de travail. Nommer sur chaque rue un responsable qui répondra de la propreté.

 

 

 

Interdire la vente, l’abattage de volaille et de bétail en ville, ainsi que leur présence dans les villes, sous peine d’amende, d’arrestation administrative ou de confiscation du bien. Il en va de même pour les champs de maïs et de gombo qui sont partout dans la ville de Bamako.

 

 

 

Installer dans la ville des poubelles et des toilettes publiques (aux alentours des marchés, de l’aéroport, des gares, etc.)

 

 

 

Installer des dépotoirs bien aménagés sur les endroits de déversement d’ordures ; acquérir des camions-poubelles pour le transport quotidien  très loin hors de la ville, sur un lieu déterminé.

 

 

 

Obliger les places publiques (parcs, marchés, gares, aéroports, etc.) et les parties sensibles de la ville  à engager des balayeurs qui s’occupent quotidiennement de la propreté aux alentours,  moyennant un salaire mensuel prélevé sur les citoyens qui y exercent leurs activités.

 

 

 

Songer à résoudre le problème des marchands ambulants, des gargotes éparpillées à travers la ville, des lavage-automobile rudimentaires qui constituent aussi des sources de saletés.

 

 

 

Comme le programme d’achat des papiers d’emballage MAGGI CUBE a été un succès au Mali, lancer aussi un tel programme d’achat des ordures par kg aux habitants de la ville. Le prix du kg d’ordures doit être très bas pour pousser la population à en apporter encore plus. Les individus qui font le tri bénéficieront  d’un prix un peu plus élevé. Pour gagner quelques francs à boire du thé, les saboteurs jeteurs d’ordures préféreront les vendre. Ces ordures achetées peuvent être revendues ensuite par l’Etat à des sociétés étrangères dont l’activité est le traitement des déchets.

 

 

 

De même que les préservatifs et moustiquaires, acquérir des attrape-mouches (ils sont à des kopecks!) pour les distribuer gratuitement aux populations afin de diminuer l’effectif de ces insectes. Sur l’exemple des Brésiliens, instaurer un concours qui consiste à rapporter  dans des sachets le plus grand nombre de moustiques attrapés.

 

 

 

Il n’y a pas longtemps, l’un de mes amis russes qui était parti avec moi à Bamako m’a téléphoné pour me dire que certains de ses parents s’étaient rendus en vacances à Nairobi au Kenya. Ils ont été très satisfaits de l’état de la ville, de son niveau moderne d’urbanisme et de confort. Ils en ont rapporté de belles photos.  Ils comptent y repartir encore.  « Tu m’excuses, mais ta capitale Bamako n’en vaut pas du tout la peine! », a conclu mon ami.  1, 78 millions de touristes ont visité le Kenya. Ils y ont dépensé 1,12 milliards de dollars, soit 560 milliards de francs CFA! Le Mali n’a pas accès à l’océan, comme le Kenya. Cependant nous pouvons dépasser le chiffre des 250.000 touristes enregistrés avant la crise. Nous pouvons faire mieux, si nous mettons tous ensemble un peu de volonté, de patriotisme et de bonne foi.

 

 

 

D’après  vos dires, en termes de croissance, Bamako occupe la première place en Afrique et la sixième dans le monde. Si rien n’est entrepris dès maintenant, les cortèges officiels rouleront sur des déchets dans un futur assez proche.  Je ne saurai  aucunement, Monsieur le Ministre, mettre en cause votre bonne foi et votre patriotisme. Sans doute  que ce problème vous tient beaucoup à cœur et j’ose espérer que vous réussirez à relever l’image de notre capitale qui est la vitrine de tout le pays.

 

 

 

Monsieur le Ministre, permettez-moi encore une fois de vous exprimer ma Haute considération et  de vous souhaiter plein de succès dans vos tâches!

 

 

Sekou Kyassou Diallo.

Alma Ata, Kazakhstan.

SOURCE: Autre Presse  du   11 oct 2013.

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