Tout en vous remerciant d’avoir pris la sage décision de célébrer avec sobriété le 22 septembre, je vous prie de prendre langue avec les forces vives de la nation pour un grand rassemblement salvateur
Monsieur le Président de la république,
Je l’avoue, je n’ai pas voté pour vous mais j’ai profondément respecté le choix de mes compatriotes qui vous ont plébiscité avec un score russe. Je me suis dit au lendemain de votre accession à la magistrature suprême que vous méritiez ce sacre au vu de toutes les injustices à vous infligées de par le passé et à votre sagesse de ne jamais ameuter l’opinion face à des mascarades électorales. J’ai prié pour que Dieu vous accompagne et vous donne les moyens de réussir votre mission. J’ai sauté de joie lorsque vous avez choisi un premier ministre apolitique et issu du monde de la finance de surcroit. C’était un signal fort à l’endroit de tous les déçus de la classe politique Malienne. Bien que surpris, j’ai applaudi à l’annonce de la nomination de votre deuxième chef de gouvernement qui symbolise l’avènement d’une génération nouvelle décidée à rompre avec la gabegie d’antan et soucieux de l’intérêt d’un Mali nouveau dépouillé d’une caste d’hommes prêts à vendre leur patrie pour grossir leur compte bancaire personnel. J’ai approuvé votre décision d’acquérir un aéronef fut-il coûteux d’autant que votre homologue américain n’est pas plus méritant que vous. J’ai composté l’idée de réhabiliter le palais présidentiel pour mettre le premier des Maliens dans de bonnes conditions de sécurité, de travail et d’épanouissement social avec sa famille.
Monsieur le Président de la république,
Cela fait un an que je vous défends devant les miens. Cela fait un an que je cautionne votre politique or je ne suis ni du RPM ni de la majorité présidentielle. Je ne milite ni à l’Urd ni ailleurs. Je suis juste un citoyen de ce pays qui m’a tout donné et à qui je dois tout. Je paye mes impôts. J’accepte souvent de donner des “pots de vin” pour accéder à des services auxquels j’ai droit. Je suis souvent contraint de contracter des prêts onéreux dans les banques pour payer les études de mes enfants, faire face aux lourdes charges familiales, nourrir les parents restés à Koutiala et dépourvus de tout, payer des factures d’eau et d’électricité de plus en plus salées, tenter de terminer la construction de ma maison et assister des voisins qui peinent à manger correctement une fois par jour.
Monsieur le Président de la République,
Je ne ruerai jamais dans les brancards. Votre fidélité à votre mosquée du marché de Sébénicoro où vous priez tous les vendredis me rassure. Ce déplacement hebdomadaire vous permet de prendre le pouls du peuple. Rien n’est perdu. Vous venez de boucler un an de mandat et à la veille de la célébration de la fête de l’indépendance, je vous conjure de penser à ceux qui placent tout leur espoir en vous. Refusez les diktats. Jugez les adversaires du Mali. Ecoutez les complaintes des enfants du Mali qu’on veut assimiler à l’Union Nationale des Torpilleurs du Mali. Chaque citoyen de ce pays a le droit de rogner et son seul mur de lamentation demeure le Président de la république. Nul n’a intérêt à ce que vous échouiez alors, de retour d’un voyage fructueux de la Chine, lancez les grands chantiers, multipliez les signaux prospectifs d’un essor économico-social majeur, rassurez le peuple d’en bas et réduisez le train de vie dispendieux de l’Etat.
Monsieur le Président de la République,
Tout en vous remerciant d’avoir pris la sage décision de célébrer avec sobriété le 22 septembre, je vous prie de prendre langue avec les forces vives de la nation pour un grand rassemblement salvateur.