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Lettre à mon oncle Bass, Cher oncle,

Lettre ouverte

Bonjour !

 Je sais que tu es très fâché, puisque, ces derniers temps, non seulement mes lettres sont irrégulières, mais aussi je te parle très peu de grand mère et de la troupe familiale.

Mais, n’est-ce pas toi-même, oncle Bass que me disais en avoir marre de ne lire que les mêmes choses : la misère, la misère et la misère ?

N’est-ce pas toi-même qui me reproches de n’avoir d’autre mot à la bouche que la bouffe ?

Et de me rappeler incessamment que l’homme ne vit pas seulement que de pain ? Alors !

Qu’à cela ne tienne, et,  puisque de la troupe familiale, à Fantambougou-Bamako tu t’offenses parce que, dis-tu,  je n’en parle plus, Alors, en  voici pour te servir…

Chaque semaine me répète-je, diras-tu, mais, ne m’en veut point pour cela, Tonton car, ce sont les faits eux-mêmes qui se répètent ici, en bas au Mali.

D’ailleurs, je ne suis, ni d’accord avec toi, ni avec ces savants qui soutiennent que l’histoire n’est pas répétition.

Walahi, Bilahi, je jure, l’Histoire se répète. Pour cause, vois-tu, n’est-ce pas ici même au Mali, que l’écrasante majorité des Maliens, c’est-à-dire les en bas, les piétinés et les « sans cœurs » s’étaient révoltés il y a 26 ans, pour combattre et vaincre la dictature et ses piliers ?

N’était-ce pas pour combattre le népotisme, le trafic d’influence, la dilapidation des ressources nationales par une minorité ?

N’était-ce pas, pour mettre fin à la loi des plus fors et des plus fous, à la répression physique et psychologique de  des ‘’malheurs qui n’ont point de bouches’’ ?

Eh bien mon pauvre Bass, à quoi assiste-t-on de nos jours, 26 ans après ?

Comme avant, on relève et on place qui on veut, où on veut, selon que celui-ci soit un éloigné ou un proche.

Du coup, que l’on soit un cancre ou que l’on ait de l’argile à la place du cerveau, toutes les portes de la réussite et de la fortune vous sont ouvertes, dès lors que vous êtes un ami, un parent ou un cousin de l’ami, ou du parent des… « en haut ».

Du contraire, à vous l’enfer !

Oh ! Que dis-je ? Enfer ?

Voilà un ‘’ endroit ‘’ qui ne nous (les maliens d’en bas)  effraie point, puisque, nous y vivons du 1er Janvier au 31 Décembre de chaque année.

Eh oui, mon pauvre Bass, quand on ne mange qu’une seule fois tous les 3 jours, qu’on se retrouve sans emploi, sans moyen pour se soigner, sans espoir, peut-on redouter l’Enfer ? Que non ! Puisque, dans ces conditions, en Enfer, nous les Maliens d’en dessous (l’écrasante majorité) y sommes déjà.

Mais, en attendant que, de cet enfer d’ici bas nous nous en sortions (les voies du Seigneur sont impénétrables), en voici, quelques nouvelles de la République.

En effet, cher Bass, je dois te dire que la semaine dernière, c’est le jeune ministre Mahamane Baby qui a ravi la vedette à tous les autres. Le jeune homme, ministre de l’emploi, de la formation professionnelle et de la construction citoyenne nous a, pitoyablement amusés, en organisant pendant 2 jours des ‘’travaux de consultations sur la citoyenneté.’’

Au cours de son cirque, il a annoncé comme ‘’une priorité du Gouvernement’’ le développement des valeurs citoyennes, de civisme et de patriotisme.

A propos, il a même programmé des concertations régionales.

Allah Akbar ! Si le ridicule pouvait… tuer.

Comme le dit l’adage, quand on ne sait pas où ou va, il faut au moins se souvenir d’où on vient.

Walahi, Bilahi, je jure tonton, ceux auxquels il faut dispenser des cours de citoyenneté, de civisme et de patriotisme, ce n’est pas nous, les petits et les faibles qui constituons l’écrasante majorité du peuple malien.

C’est plutôt cette minorité de corrompus et de corrupteurs, ces voleurs patentés de la République qui sucent notre sang et se baignent dans notre (nous les maliens d’en bas) sueur, ces caïmans et requins fossoyeurs de l’économie nationale.

Oui, mille fois oui, pour des concertations régionales, nationales et même internationales à l’attention des moutons de la République.

Par rapport à nous, basta !  Je le dis pian ! Et, s’en fout, si, je devrais connaitre le même sort que celui de ce pauvre journaliste qui a mystérieusement disparu depuis maintenant 30 jours.

S’en fout la mort !

A lundi prochain Inchalah.

Par ton petit Ablo

 

Source: Le 26 Mars

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