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Lettre à grand-père : L’école, de nouveau otage ?

J’ai l’habitude de le dire cher grand-père, la plus grande victoire des obscurantistes radicaux, contre notre pays demeure la victoire sur l’école. Oui la fermeture des écoles dans plusieurs zones et l’absence de mesure concrète pour amener les enfants de ces zones vers l’école. Vers la lumière. Malheureusement, ces petits enfants qui avaient 10 ans, ont 20 ans aujourd’hui, sans éducation, sans formation et sans qualification. Quelle potentielle victime ?

Quel sort réserve l’avenir pour un jeune adolescent dans la précarité totale sans issue et sans lendemain, un adolescent sans qualification aucune, sans formation et sans éducation ? Oui quel sort pour ces milliers de jeunes qui n’ont pas eu accès à l’école et à la formation dans une zone où ne crépitent que les armes. Et que prendre des armes pour se défendre ou se radicaliser ou même chercher sa pitance dans le banditisme, deviennent les seules opportunités de vie. Hélas !

Oui grand-père ! Quel avenir pour un pays sans vision pour les enfants. Si les enfants d’aujourd’hui sont l’avenir de demain, cher grand-père, quel avenir pour ce pays ? Qu’est-ce qu’un enfant sans éducation, un jeune sans formation qu’un adulte sans qualification et une catastrophe pour un pays ? Oui grand-père, faut-il le rappeler quand je le disais dans d’autres lettres, qu’une jeunesse sans formation et sans éducation est une réelle menace pour les institutions, la paix et la sécurité.

Faut-il le rappeler qu’après la chute de Moussa Traoré, le tyran, le déclencheur de la guerre entre le Mali et un pays voisin pour juste rester au pouvoir et taire les revendications de la démocratie. Oui il faut le rappeler face à cet Alzheimer collectif. Après sa chute, ce qui a fait le plus grand échec des régimes démocratiques, c’est d’avoir délaissé l’école malienne. Oui il eût les infrastructures, oui il eût les lycées, les écoles et les universités, mais quand à l’animation et la qualité, ce fut un désastre !

Et nous vivons aujourd’hui les conséquences. Nous vivons les conséquences de l’absence de formation de qualité dans les universités pour qu’aujourd’hui, il ait vote entre la démocratie et la dictature. Pour que ceux qui en savent le moins tiennent les débats face à des intellectuels. Pour que la justice s’ébranle, l’ordre politico-social s’écroule, l’économie s’éclabousse et qu’il n’ait jamais de réponses scientifiques. Oui pour que le militaire prenne le dessus sur le politique dans la gestion de la cité. Oui grand-père !

Oui grand-père, je le redis, après Moussa Traoré, le tyran, la plupart des responsables démocratiques ont délaissé l’école malienne et ont envoyé leurs enfants étudier à l’étranger. Certains ont bien étudié mais très insuffisants pour sauver le pays aujourd’hui. Et nous, les purs produits maliens, nous comprenons le silence plus que le discours. Vive Assimi ! Et ça continue cher grand-père, ton école est prise de nouveau en otage. 240 heures sans cours. A mardi prochain pour ma 224ème lettre. Amine !

 

Lettre de Koureichy

Mali Tribune

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