Oui grand-père, il était une fois, dans un petit village où vivaient des hommes et des femmes, des vieux, des jeunes et des enfants. Une harmonie régnait dans le village malgré quelques conflits qui pouvaient le traverser. Ils étaient tranchés par l’autorité du plus âgé. Il restituait à celui qui a raison son dû et à celui qui a tort, son dommage.
Tous les soirs, sous le grand baobab, le vieux griot éduquait les adolescents et les jeunes aux valeurs de la cité, faisant des contes qui valorisent les vertus et blâment les vices. Il initiait ainsi les enfants à enterrer les vices en eux et à élever les vertus. De l’autre côté, dans sa grande chambre, Bagnélen, la vieille dame, adoucissait les jeunes dames, à la douceur et la beauté.
Le jour, tout le monde vaquait à ses affaires. Les hommes partaient dans la forêt, les champs et les marres. Chacun cherchait à rentrer avec quelque chose pour nourrir, habiller et sécuriser sa petite famille. La femme, quant à elle, s’occupait de ce que la famille disposait déjà. Elle nettoyait, soignait et préparait.
C’était ainsi, dans l’harmonie où la lune faisait office de lampe et le soleil de réchaud, que vivait le petit village jusqu’au jour où 7 serpents surgirent. Les 7 serpents furent d’un coup, chéris et aimés. Tout le monde voulait être propriétaire des 7 serpents. On leur attribuait pouvoir, richesse, science et beauté.
Tout le monde courait vers les 7 serpents. Dans la course, ils créèrent parmi-eux, ceux qui aiment les 7 serpents et ceux qui les détestaient. Vénérer et faire plaisir aux 7 serpents devinrent des compétences et des atouts prisés dans le village. Ceux qui arrivaient aux premiers cercles des 7 serpents jouissaient dans l’opulence et ceux qui s’éloignaient, le calvaire.
Et à leur tour, les 7 serpents commencèrent à avaler les gens qu’ils jugeaient ne pas les aimer. Tous ceux qui tentaient la moindre critique à l’endroit des 7 serpents étaient devenus ennemis non des 7 serpents mais du village tout entier. Etre digne et bon se mesuraient à l’intensité d’amour et du dévouement envers les 7 serpents.
Et les serpents continuaient à avaler des gens innocents. Tous ceux qui haussaient un tout petit le ton contre leur comportement. Ils avalaient et continuaient d’avaler. Les 7 serpents avaient pris goût. Et plus ils avalaient, plus ils grossissaient et devenaient de plus en plus forts et puissants. C’est ainsi que les 7 serpents finirent par manger tout ce sur quoi ils tombaient. Ils mangeaient tout.
Par finir au petit village, tout était réduit à l’absence. Il n’y avait plus rien devant eux. Les 7 serpents étaient déjà habitués à avaler tout le monde. Et il ne restait qu’eux-mêmes. Subitement, ils se mirent à s’avaler entre eux, jusqu’à rester deux. Et les deux, chacun avala la queue de l’autre et se donnèrent la mort. Et du village, il ne restait rien que l’abus et l’injustice. C’était ma 230e lettre. A mardi prochain, inch Allah !
Lettre de Koureichy