Cher grand-père…
“An ga bla”, partons d’ici. Oui grand-père quittons tout et allons nous en ! Le Mali est devenu la Cité des problèmes et l’auberge des conflits. Le Dieu “Mars” est fâché contre nous. Aucune issue, tout est devenu problème. Problème sur problème ! Oui cher grand-père, après le problème, tout le problème, nous voilà de nouveau face à des problèmes. Alors c’est qui le problème ? Ou c’est quoi le problème ? Tout compte fait, le problème n’est plus le problème.
Oui ! Cher grand-père, j’ai envie de tout quitter. Surtout de quitter 2020. J’ai hâte de voir 2021 où le Mali un et indivisible, un peuple un but une foi. Je n’ai plus envie de rester à ce 2020 où tous les efforts sont vains. On dirait que tout est ivre de vain, Covid-20, poche vide et esprit vide. Crise sur crise !
Cher grand-père, cette 65ème lettre est un grand questionnement qui n’aura jamais de réponse. Depuis quelques jours, je me pose cette question. Est-ce que notre Démocratie a un Père ? Oui grand-père, une belle jeune dame à l’avenir radieux que l’on ne cesse de violer et d’abuser depuis 1992 jusqu’à nos jours. Que de viol et de violence ! Sous le silence coupable de tous ses pères. Oui les acteurs de la démocratie. Ceux-là même qui ont crié la belle dame-Démocratie pour que Moussa parte. Pourquoi, viole-t-on la démocratie devant eux alors qu’ils vivent. Que vaut leur vie ? Si la Chose que tu as obtenue au prix du sang et de vie est piétinée devant toi sans mot. Ou que toi-même tu la piétines. Ne dit-on pas que qui ne dit mot, consent ? Consentent-ils à ces viols interminables de notre démocratie ? Notre Constitution !
Oui cher grand-père, cette constitution écrite avec le sang de nos martyrs de 1991. Pourquoi les Pères de la démocratie acceptent que l’on la viole de leur vivant devant eux ? De quoi vivent-ils pour que cela puisse être possible ? Que vaut une vie sans idéal ? Celui qui n’a aucune cause pour laquelle il acceptera de mourir, est déjà mort. Quoi de plus beau que de mourir pour que vivent tes fils et filles dignes et libres ! Quoi ? Quoi de plus beau que de mourir pour les égalités et les droits de tes enfants, de tous tes enfants ?
J’ai envie de demander une chose aux démocrates maliens. Vous vivez encore ? Au moment où, simple un simple “Acte” est mis au dessus de votre Constitution. Cette même Constitution pour laquelle une partie du cimetière de Niaréla est pleine. Vous y avez conduit des jeunes et des femmes. Pour la démocratie ! Aviez-vous dit !
Ou bien grand-père, dis-moi, c’était un mensonge tout ça ? Réellement on n’était pas prêt. On voulait juste que le sang coule et que Moussa parte. Venir au pouvoir, remplir les formalités, donner des formes et de continuer à voler, violer, trahir, détruire et assassiner notre Mali et son avenir. Dis-moi grand-père, donc tout ça était faux ? Les martyrs étaient des innocents, des prête-noms pour juste avoir le pouvoir afin d’assouvir des instincts humains ?
La démocratie a 30 ans mais rien. Elle n’a guère connu les libertés et droits, la séparation des pouvoirs, les grandes institutions et les bonnes élections. Depuis 30 ans, elle ne subit que des viols et des violences (coups d’Etat et des injustices). Jamais et pour personne la Constitution n’a été un garde-fou ou la ligne rouge. Chacun vient et passe comme bon lui semble. Pourrons nous, nous en sortir en continuant de remplacer la volonté des martyrs sans égard par celle des avides de gain et de pouvoir ? Non grand-père. Ce serait toujours, un retour à la case de départ… A mardi prochain ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Mali Tribune