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Lettre à grand-père

Cher grand-père…

Si la terre tourne autour d’elle-même et du soleil, le Mali de même tourne au tour de lui-même et des Maliens. Oui cher grand-père, les dirigeants du Mali ne cessent de créer un problème pour gérer un autre problème et sans finir ce problème, ils en créent un autre. Et encore ! Et encore !

En 2012, nous sommes face à une rébellion terrible. On dirait que c’était des Français déguisés en Touareg qui tiraient sur l’Armée. C’était chaud. Des Djihadistes profitèrent de la fissure, pour rentrer dans la danse. Le Nord était menacé. Au lieu de se réunir pour soutenir les institutions et répondre aux problèmes, Pufff ! On fait recours à un coup d’Etat. Un autre problème pour résoudre un problème. Tout le système se renverse. Les institutions s’écroulent. Repli tactique. Le Nord tombe.

Le Sud prend une année pour aller à un ordre constitutionnel. Les Djihadistes ont eu tout le temps de s’en raciner et disperser leur doctrine. Des adhérents partout. Des avancées militaires sont annoncées. La France intervient. Un autre problème pour résoudre un problème. La guerre est menée à terre par l’Armée malienne, le ciel aux Français. Arrivés à Gao, le Mali s’arrête, la France seule avance et fait rejoindre le Tchad. Un autre problème pour résoudre un problème.

Les Djihadistes sont dispersés. Pour la France, la guerre est finie. Il faut rester pour sécuriser. Pour le Mali, il faut finir avec les rebelles aussi. Le niet français. Un autre problème. Toutes les tentatives sont vouées à l’échec. Un Sud affaibli. Des nouvelles autorités ignorant tout le fond du problème sont là. Un autre problème pour résoudre un problème. Des mois passent. « Je ne tolérerais jamais. Je ne négocierais jamais ». Un autre problème pour résoudre un problème.

Entre temps, des attaques par-ci et par-là. Le Radisson, la Terrasse, Centre Bouba Sy, le Bataclan, Charlie, le Campement, aussi bien qu’au Nord. Une coopération militaire nait entre le Mali et la France. Un problème pour résoudre un autre problème. Les rebelles sont sacrés. On ne tire pas sur les rebelles. La rentrée forcée à Kidal fait chuter le minimum acquis. On divise les Maliens en CMA, Plateforme et gouvernement pour aller trouver un ‘’Accord’’. Un autre problème pour résoudre un problème.

Les pourparlers sont à Alger. Les solutions maliennes sont les problèmes azawadiens. Malgré tout, on continue. On ferme les yeux et on tombe sur un accord où aucune partie n’est d’accord. Un autre problème pour résoudre un problème. Pis, au retour, la Constitution malienne dit Non à l’Accord. La devise azawadienne aussi dit Non. On ne signe plus, on parachève. Un problème pour un autre problème.

Malgré le désaccord, l’accord fait taire les armes entre rebelles et l’Armée mais le problème est déplacé. Un Peulh est poussé à créer un Etat dans le Centre. Il recrute dans son ethnie, peulh. Au lieu de prendre la bête par la corne et de s’assumer en tant qu’Etat en réunissant toutes les ethnies contre ce fléau, le Mali crée une milice ethnique. Chacun (Etat et Djihadistes), recrute dans une ethnie et les envoie à la boucherie au milieu de laquelle se trouvent, enfants, femmes et civils innocents. Carnage interethnique. Un autre problème pour résoudre un problème.

Et encore, au lieu de réunir, se donner la main. Faire appel à tous les génies, des hommes cupides se mettent à s’enrichir et d’autres à combattre ses derniers aux détriments de toutes les intuitions. Un autre coup d’Etat. Un autre problème pour résoudre un problème. Une transition qui donne espoir et annonce la rupture, s’avère plus décevante que le tout. Au lieu de faire face aux problèmes, elle devient un service de nomination. Du tribalisme et du clanisme. Les politiciens ont échoué. Les religieux ne peuvent pas il faut tester les militaires. Ceux qui ont échoué dans ce qu’ils ont même appris (guerre), vont-ils réussir là où ils sont profanes (politique) ?  Des faux discours, des faux problèmes !

Voilà tout le problème. Nous tournons au tour du problème sans le résoudre et créons un autre problème. Du coup, nous voilà à des milices ethniques, une Armée pas bien formée, des militaires au pouvoir, un accord inapplicable, une constitution intouchable dans une mauvaise gouvernance totale et une impunité inédite et du terrorisme. Avec tout cela, au lieu de chercher à unir les Maliens, on veut partir vers un autre problème. Un découpage administratif dans toutes ces crises. Un autre problème pour créer d’autres problèmes ? En attendant tous ces problèmes, à mardi prochain pour ma 96e lettre sans problème. Inch’Allah !

Lettre de Koureichy  

 

Source: Journal Mali Tribune

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