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L’esclavage, le coran et les musulmans

Dans une tribune intitulée «l’esclavage, le coran et les musulmans» transmise à notre rédaction, le chercheur Abdoulaye MACKO, non moins membre fondateur de l’Association malienne de lutte contre la pratique de l’esclavage au Mali (TEMEDT), tente de faire la lumière sur les justifications faites de la pratique de l’esclavage par certains religieux et la vision réelle de l’islam sur la question. Pour lui, l’esclavage pratiqué dans nos communautés n’a rien à voir avec l’esclavage dont parle le Coran ou le Prophète de l’Islam (PSL). Il y a plus de quatorze siècles, a-t-il fait savoir, le Coran avait opté pour une stratégie par paliers afin de planifier la disparition de l’esclavage. Malgré tout, il ressort de ses constats que le Droit islamique a laissé l’esclavage perdurer dans les sociétés musulmanes, en opposition avec l’idéal Coranique. «Situation inacceptable à laquelle il faut trouver une réponse. Comment laisser perdurer dans notre société des pratiques infamantes comme l’esclavage en violation à la fois des droits de l’homme et de nos religions ?», s’est-il insurgé.

Note de l’auteur : je ne suis ni exégète ni expert en science islamique. Mais en tant que chercheur et musulman pratiquant, je peux me permettre d’évoquer ma vision et ma perception de l’esclavage et l’islam. Cela fait quatorze ans que je milite activement au sein de l’association Temedt. Une association qui lutte courageusement contre les pratiques de l’esclavage dans notre société. Un héritage têtu, qui inhibe notre progrès social, économique, politique et culturel. Il constitue sans nul doute un des freins à l’évolution de notre société.
La production du présent article provient de deux observations qui m’ont profondément marqué en 2019.
La première : au cours de notre campagne de sensibilisation sur l’abandon des pratiques de l’esclavage par ascendance, j’ai plusieurs fois entendu dire cette assertion : « dieu créa chaque chose et son contraire : le bien et le mal, la vie et la mort, le paradis et l’enfer, le ciel et la terre, le croyant et le mécréant, l’homme et la femme, et enfin le noble et l’esclave. »

Observations : Comme il est facile de le comprendre, cet argument très répandu chez ceux qui continuent de faire l’apologie de l’esclavage, n’est qu’une ruse pour que les esclaves continuent d’accepter leur sort. Aux attributs divins qui sont le ciel et la terre, la vie et la mort, on fait intelligemment l’amalgame de l’esclavage qui n’est qu’une construction humaine.

La seconde expérience est plus pathétique. Un homme d’un âge avancé en provenance du nord du pays est venu à Bamako dans le but de rencontrer des responsables de Temedt. Au premier responsable qu’il rencontra il se confia à lui en ces termes : « j’ai un esclave que j’ai hérité de mes parents. Nous avons à peu près le même âge. Il a été fidèle toute sa vie. Cependant, depuis quelques années je n’avais pas la conscience tranquille. L’idée de maintenir Mouda dans l’esclavage me hante et continue de me hanter. C’est ainsi que j’ai décidé l’année dernière de l’affranchir, lui et toute sa famille. Un soir je lui ai fait savoir qu’il est désormais libre. Et que ma décision est valable pour tous les membres de sa famille. Et pour cela je vais lui céder le tiers de chacun de mes deux troupeaux de vaches et de chèvres. Surpris, Mouda après un long silence, m’a demandé de lui donner un temps pour réfléchir. Le lendemain il s’approcha de moi et s’exprima avec gravité. Je cite : ‘’toi et moi, on a grandi ensemble.
On s’est marié à la même période. Tu es mon maître. Tu es noble et moi, je suis ton esclave. On a toujours vécu ainsi. Aujourd’hui, nous sommes tous âgés. Peut-être qu’il nous reste très peu de temps à vivre. C’est aujourd’hui que tu veux me rendre ma liberté après m’avoir exploité, moi et ma famille, toute notre vie. Je n’ai que faire de ta décision. Toi et moi, nous allons nous retrouver devant Dieu, avec chacun son statut : tu es le maître et moi l’esclave. Tu vas te justifier devant l’éternel. Je comprends que tu veuilles soulager ta conscience, mais c’est trop pour cela. J’en ai que faire de la liberté.
Suite à mon insistance, il ajouta avec gravité les mots suivants : ‘’adolescent, je fus battu par toi plusieurs fois sans broncher. Cependant, si tu m’enquiquines avec cette histoire d’affranchissement, prépare-toi au pire. Car un d’entre nous sera obligé de tuer l’autre.’’
Le connaissant, j’ai pris sa réaction très au sérieux. Et, j’ai cessé mes démarches auprès de lui. Je demande à votre association de m’aider à trouver la solution. Je pense que mon intention est louable. »
Après l’avoir attentivement écouté, le camarade de Temedt, le conseilla de voir le fils aîné de Mouda qui est en Côte d’Ivoire. Ce dernier peut être qu’il pourra convaincre son père d’accepter à ton offre. Et comme on dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Observations : Si certains font l’apologie de l’esclavage, d’autres par contre éprouvent des remords. Et tous trouvent leurs justifications à partir du Coran.
Aperçu historique
Il est simple aujourd’hui, de juger a posteriori, plusieurs siècles après que les faits aient été commis, les auteurs de violations de ce qui nous paraît aujourd’hui des droits fondamentaux. Les Romains de l’Antiquité, par exemple, ont été élevés dans la certitude de la légitimité de l’esclavage.
Le fait que certains aient moins de droits que d’autres était à leurs yeux une certitude sincère.
C’était la vérité de leurs aïeux, des parents qui les ont élevés et cela devenait la leur aussi sûrement que deux et deux font quatre.
Peut-on s’effrayer aujourd’hui d’actes qui ne sont abominables que sous notre regard, mais qui, dans le contexte de l’époque, obéissaient à la perception d’alors du droit naturel ?
Le colon français a décrété l’abolition de l’esclavage sans une volonté politique de son éradication. Pendant cette période on assista à la mobilité d’esclaves libérés ou fugitifs qui se sont agglutinés à proximité des villes et villages où résident les colons entraînant la formation de quartiers de liberté. Cependant jusqu’à son départ la question de l’esclavage demeure une préoccupation du colon français.
Après l’indépendance, le régime socialiste de Modibo Keïta en mettant fin aux tribus et aux cantons a permis une autre vague de libération massive d’esclaves qui se sont constitués en villages ou fractions autonomes, qui se sont plus ou moins émancipés par rapport à leurs anciens maîtres.
Après la chute du régime de Modibo Keïta en 1968, l’esclavage a disparu du langage politique. Mais il n’a pas disparu des réalités et des pratiques sociales.
L’État ne reconnaît pas l’esclavage. Aucun document officiel ne doit y faire référence. Cette attitude a fait la part belle à des notabilités et chefs traditionnels associés, d’une part au pouvoir politique, et d’autre part aux juges coutumiers.
Ainsi, la doctrine de l’esclavage se perpétua à des degrés différents à travers notre pays.
Dans les faits, après soixante ans d’indépendance, l’esclavage persiste et les mentalités esclavagistes plus encore.
Ainsi, des milliers d’esclaves par ascendance vivent encore de nos jours dans nos villes, villages et nos fractions dans des conditions misérables, condamnés, au mieux, aux travaux les plus infamants, à l’analphabétisme et à des conditions de vie indignes. Ceux qui échappent à cette situation sont souvent exclus ou obligés de se confiner dans les souffrances d’un complexe qui leur impose la réserve au sein de la société.
Jusqu’à la création Temedt en 2006, la question de l’esclavage demeurait un tabou dont personne ne voulait ou ne devait parler.

Les doctrines de
l’esclavage
Certes les choses ont beaucoup évolué. Cependant nous pouvons résumer culturellement les doctrines des esclavagistes dans la société malienne par les éléments suivants :
– L’esclave n’a aucun droit de participer à la vie citoyenne ;
– L’esclave n’est pas une personne humaine totale : c’est un éternel mineur toute sa vie. En milieu songhaï on utilise le chiffre impair 9 pour désigner l’esclavage. Le chiffre pair 10 désigne le noble, c’est-à-dire l’homme entier ;
– L’esclave n’a pas de terre qui lui appartient ;
– L’esclave n’a pas d’animaux qui lui appartiennent, lui-même étant un animal appartenant à d’autres ;
– L’esclave ne peut se marier qu’avec une esclave pour enfanter des esclaves ;
– L’esclave ne peut diriger une prière, quelle que soit son érudition ;
– Les sévices exercés sur un esclave ne sont pas réprimés sous quelque forme que ce soit ;
– L’esclave a un statut de bête de somme dont on dispose à volonté y compris pour assouvir des besoins sexuels ;
– La durée du veuvage de la femme noble quatre mois et dix jours, et la femme esclave observe deux mois et cinq jours soit la moitié de la durée du veuvage de la femme noble ;
– Pendant la prière la femme noble couvre sa tête, ce qui n’est pas le cas de la femme esclave ;
– La femme noble ne cache pas sa nudité à son esclave homme, parce qu’elle considère comme un être incomplet ;
– On appelle l’esclave rarement par son prénom, mais par son statut d’esclave ;
– L’esclave est prêté, loué ou même donner en cadeau de mariage pour la fille ou le fils de son maître ;
– L’esclave n’a pas son mot à dire dans le mariage de ses enfants, c’est le maître qui les marie à qui il veut comme il veut ;
– Les enfants nés d’une femme esclave ne sont pas les enfants de leur père, mais la propriété du maître de leur mère ;
– Dans certaines zones on enterre un esclave qu’avec l’autorisation de son maître…
Aussi, nos traditions et nos coutumes ne laissent aucune chance de libération aux descendants d’esclaves. On veut maintenir en permanence dans la dépendance ceux dont le hasard a voulu qu’ils naissent dans des foyers « asservis ».
L’esclavage pratiqué dans nos communautés n’a rien à voir avec l’esclavage dont parle le Coran ou le Prophète de l’Islam (PSL). Sa justification comme le prône certains religieux, est dénudée de tout fondement comme le démontre le chapitre suivant de l’Islam et l’éradication de l’esclavage.

Le Coran et la pratique de l’esclavage
L’approche coranique fait preuve d’intelligence contextuelle. Le coran va mettre l’accent sur l’humanité commune à tous les êtres sur la nécessité de son respect.
Or, il eût été totalement irréaliste de vouloir sans transition faire passer ce monde d’une économie de servitude à une économie de marché. Aussi, l’esclavage reposant intrinsèquement sur l’inhumanité prêtée et imposée à l’autre, le Coran, comme nous allons le constater, va mettre l’accent sur l’humanité commune à tous les êtres et sur la nécessité de son respect.
On peut repartir la démarche coranique en six étapes : humanisation de la pratique de l’esclavage, le libre arbitre, égalité entre les êtres humains, égalité morale des esclaves, mesures en faveur de l’émancipation des esclaves et suppression de l’esclavage à la source.

Humanisation de la pratique de l’esclavage
D’abord il y eut une incitation coranique qui vise à protéger les esclaves de la cruauté de leurs maîtres.
En quelque sorte, une mesure de protection en attendant que conformément à l’objectif coranique que l’esclavage soit éradiqué des sociétés en fonction de l’évolution des mentalités et des systèmes sociaux-économiques
« Adorez Dieu et ne Lui associez rien ! Envers père et mère : bienfaisance, ainsi qu’à l’égard des proches, des orphelins, des pauvres, du proche voisin et du voisin éloigné, du compagnon à vos côtés, du fils de la route et de ce que possèdent vos mains droites… », S4.V36.
Sous prétexte que l’on devait bien traiter les esclaves, l’exégèse islamique n’avait pas à envisager l’abolition possible de l’esclavage.

Tous les hommes naissent libres
Dieu avait doté l’Homme de raison critique et de conscience, donc de libre arbitre. Cette condition de liberté intrinsèque était impérative puisque le sens téléologique de l’Homme est de pouvoir et devoir se bien-guider pour la finalité de son existence : le Jour du Jugement, ce pourquoi il est dit : « l’Homme était pourtant quant à son âme clairvoyant », S75.V14.
C’est du fait même qu’il est libre et indépendant que, corollairement, « nul ne portera le fardeau d’autrui » au Jour du Jugement, S17.V15, et qu’inversement, la responsabilité individuelle est totale, ce qui suppose et impose que tout être humain naisse libre.
Cependant la responsabilité incombe à celui qui prive son prochain de la liberté.

Egalité entre les êtres humains
L’Islam est une religion fondée sur l’égalité parfaite, renvoyant tous les hommes sur le même pied d’égalité : « vous êtes les enfants d’Adam, et Adam a été créé d’argile ».
Le Coran affirme avec force l’égalité de tous les êtres humains : « Ô Hommes ! Nous vous créons d’un mâle et d’une femelle et Nous vous avons fait peuples et tribus afin que vous vous entre-connaissiez. En vérité, le plus noble auprès de Dieu est le plus pieux ; Dieu est parfaitement savant et informé. », S49.V13. Egalité des peuples et des races. La piété est ici considérée comme le seul élément de distinction et que cette dernière n’ayant de valeur qu’« auprès de Dieu », nul ne saurait en tirer avantage Ici-bas.
Il n’y a de race ou de peuple supérieurs, il n’y a de race ou de peuple inférieurs.
Pour Allah, la piété est le seul critère d’hiérarchisation entre les hommes. A ce sujet, le prophète (psl) a dit « Un Arabe n’a strictement aucun mérite sur un non arabe, pas plus qu’un non Arabe n’en a sur un Arabe, ni un Noir sur un Blanc, ni un Blanc sur un Noir, si ce n’est par la piété ».
Si les êtres sont intrinsèquement égaux, aucun être humain se concevant libre ne peut donc priver son frère de cette même liberté !

Égalité morale des
esclaves
Dans le verset suivant, Dieu fait un parallèle entre la foi en Dieu et le respect des parents, respect qu’il va alors associer à la considération obligatoire due aux esclaves. « Adorez Dieu et ne Lui associez rien ! Envers père et mère : bienfaisance, ainsi qu’à l’égard des proches, des orphelins, des pauvres, du proche voisin et du voisin éloigné, du compagnon à vos côtés, du fils de la route et de ce que possèdent vos mains droites. En vérité, Dieu n’aime pas qui est infatué, vaniteux. », S4.V36.
D’après le Docteur Al Ajamî la locution « ce que possèdent vos mains droites » désigne les esclaves et la finale « Dieu n’aime pas qui est infatué, vaniteux » s’adresse directement et sèchement à leurs maîtres.

Mesures en faveur de l’émancipation des esclaves
Le Coran visa à mettre en œuvre l’émancipation des esclaves en leur facilitant l’accès à la société civile et économique : « Dieu a favorisé certains d’entre vous par rapport à d’autres en biens de subsistance. Qu’ont donc ceux qui ont été ainsi favorisés de ne pas vouloir restituer une partie de leurs biens à ce que possèdent leurs mains droites [leurs esclaves], car ils sont en cela à égalité. Les bienfaits de Dieu renieraient-ils ! », S16.V71
Le Coran prône de redistribuer une partie de ces biens afin que lesdits esclaves puissent posséder les moyens matériels d’assurer économiquement la transition vers leur libération.
D’après le Docteur Al Ajamî, l’idée est si révolutionnaire et égalitaire qu’une majorité des exégètes de l’islam s’évertua à en modifier le sens.
Le maître doit accompagner l’esclave candidat à sa propre libération pour sa réinsertion socioéconomique : « … quant à ceux de vos esclaves qui souhaitent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous leur connaissez quelque bien et dotez-les d’une partie des biens que Dieu vous a donnés…», S24.V33.
Le Coran encourage l’homme libre à se marier avec une esclave : « Quant à celui d’entre vous qui n’a pas les moyens d’épouser les femmes croyantes de condition libre et de nobles mœurs, alors celles que vos mains droites possèdent parmi les jeunes femmes croyantes, Dieu connaît parfaitement votre foi, les uns comme les autres. Épousez-les donc avec la permission de leurs maîtres et donnez leur dotation nuptiale selon les convenances, car ce sont des dames, et non des débauchés ni des preneuses d’amants », S4.V25.
Ce verset était lui aussi révolutionnaire pour la société de l’époque où l’homme utilisait la femme asservie comme esclave sexuelle, ce que le Coran interdit.
Le verset suivant vient renforcer le verset précédent : « … Et, dans votre recherche des objets de la vie présente, ne contraignez pas vos esclaves femmes à la prostitution, si elles veulent le mariage. Les contraint-on ? Dieu est alors, quand elles ont été contraintes, pardonneur miséricordieux, vraiment », S 24AV33. Comme on le voit, on ne doit pas obliger son esclave femme, à la débauche. D’après Muhammad Hamidullah, le contraignant subira une peine et non pas la personne contrainte.
Dans le coran il y a plus de quinze formes légales qui imposent l’affranchissement de l’esclave comme la réparation du meurtre, l’expiation du serment, du parjure dans le cas de proche parenté (le père, la mère, le frère, la sœur, les oncles germains, consanguins et utérins) ou de répudiation définitive par assimilation de la femme au « dos de la mère » et dans bien d’autres affaires qui ouvrent la voie à l’affranchissement.

La suppression de l’esclavage à la source
Dans la tradition antique, lors d’une razzia ou d’une guerre tout ce dont on s’emparait en matière de butin était considéré comme biens meubles : réserves alimentaires, troupeaux, femmes et hommes, ceux-ci étant systématiquement asservis : « Lorsque vous vous affrontez les dénégateurs, frappez-les à la nuque jusqu’à ce que vous leur fassiez éprouver la défaite. Puis liez-les solidement [c.-à-d. les prisonniers de guerre]. Alors, soit ensuite vous leur faites grâce, soit vous en demandez rançon, ce quand la guerre aura cessé… », S47.V4. Il y a bien là l’interdiction de mettre en esclavage les prises de guerre puisque ces dernières ne pourront qu’être libérées, ou gracieusement ou contre rançon.
C’est là, le tarissement de la source principale de l’esclavage.
Malheureusement l’Exégèse de l’islam a légalisé le fait d’asservir les prisonniers et les captives de guerre contre le message coranique.

Que dit la sunna du prophète (PSL)
Le prophète (PSL) a dit « Que personne de vous ne dise mon esclave ou ma servante, il doit dire mon garçon ou ma fille ».
Les esclaves non affranchis grâce aux formes précitées bénéficient de beaucoup de recommandations positives émanant du prophète (Psl), telles que :
– l’obligation de nourriture, du logement, des soins et de l’habillement, de ne pas les charger de travaux pénibles, de les aider à porter leurs charges…
– Du temps du prophète (PSL) établit un fonds équivalent au huitième des recettes de la Zakat pour affranchir les esclaves.
– Le prophète, lui-même, ne légua aucun esclave ou captif et son compagnon et confident Abou Bakr, achetait les esclaves pour les affranchir.
– Les réformes de l’islam ne sont pas limitées aux aspects économiques et sociaux. Elles ont aussi touché les aspects culturels. Le prophète (PSL) a dit « Que personne de vous ne dise mon esclave ou ma servante, il doit dire mon garçon ou ma fille ».
Le Messager de l’islam, artisan de la réhabilitation de la dignité humaine des esclaves, a concrétisé tous ses propos dans la pratique. Qu’on en juge :
– Le Prophète donna en mariage sa cousine Zaïnab Jahch à son ancien esclave Zaïd ;
– Le prophète confia à Zaïd le commandement de l’armée musulmane lors de la bataille de Muta. Il confia au fils de Zaïd, Oussama le commandement d’une armée qui comprenait Oumar le futur calife.
– A tout cela, nous ajoutons que le premier muezzin de l’islam est Bilal, un esclave noir. Quel honneur ! Et, j’en passe…
Muhammad Hamidullah dans sa traduction et commentaire du Coran, Nouvelle Edition corrigée et augmentée 1989, écrit dans un de ses commentaires, à la page 595 : « Sarakhsi rapporte la parole de Muhammad (psl) : ’’Pas d’esclave aux Arabes’’.
S’il n’y a ‘’pas d’esclave pour l’arabe’’, il n’y a pas d’esclave pour tout musulman. Le prophète s’est adressé d’abord aux Arabes et ensuite au reste du monde. Si les Arabes ont des esclaves, c’est par transgression à la fois au message coranique et à la Sounna du prophète (PSL).
Ceux qui veulent justifier l’esclavage par la religion islamique le font à partir d’assertions sans fondement. La réalité du point de vue du Coran et de la Sounna du prophète, c’est l’abolition pure et simple de l’esclavage.
Il ne faut pas confondre ce que font les musulmans et le message coranique.
Souvent, pour dominer et asservir leurs semblables, certains ne s’embarrassent pas à justifier leurs actes à travers la religion.

Conclusion
D’après le Dr Al Ajamî, il y a plus de quatorze siècles, le Coran avait opté pour une stratégie par paliers afin de planifier la disparition de l’esclavage :
– rappel coranique de ce que tous les êtres sont libres et égaux ;
– prise de conscience de l’inhumanité fondamentale de l’asservissement de son propre frère en humanité ;
– mesures encourageant de diverses manières l’affranchissement et l’émancipation accompagnée des esclaves ;
– interdiction de mettre en esclavage prisonniers et captives de guerre.
Si le Coran a programmé la disparition, l’exégèse islamique a programmé son maintien. L’exégèse a fait la part belle à des us et coutumes anachroniques au détriment du texte sacré. Le Droit islamique a donc laissé l’esclavage perdurer dans les sociétés musulmanes, en opposition avec l’idéal coranique. Situation inacceptable à laquelle il faut trouver une réponse.
Aujourd’hui encore, plus de quatorze siècles après la révélation Coranique, on trouve dans notre pays des âmes obscures qui justifient la pratique de l’esclavage.
Comment laisser perdurer dans notre société des pratiques infamantes comme l’esclavage en violation à la fois des droits de l’homme et de nos religions.
De nos jours, les peuples les plus forts sont ceux qui accordent les mêmes droits et les mêmes statuts à leurs concitoyens. Au contraire, ceux qui admettent et tolèrent les pratiques de l’esclavage sont à la traîne du développement de l’humanité.
Au moment où nous parlons de refondation et de l’émergence d’un Malien de type nouveau, cessons l’hypocrisie ! Quelle démocratie peut-on instaurer entre un maître et son esclave ?
Notre objectif est de voir se réaliser le postulat suivant : ceux qui se disent nobles, sont des nobles sans esclaves, et ceux qu’on traite d’esclaves, sont des nobles sans maîtres.
Il nous faut établir dès à présent un dialogue franc et citoyen, pour que le nouveau Malien ne soit jugé, que par le mérite de ses actions et non par sa famille d’origine.

Abdoulaye MACKO, Consultant-Chercheur

Source: Info-Matin

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