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Les stratégies d’IBK pour faire de son fils Karim l’héritier du trône: Affaiblir Soumaila Cissé et l’URD et isoler politiquement Dr Bokary Tréta

Plébiscité en 2013 par les électeurs maliens face à son principal rival Soumaila Cissé puis réélu avec un peu plus de difficulté toujours face à son challenger Cissé en 2018, Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, en qui beaucoup de ses compatriotes voyaient un sauveur, vit aujourd’hui les jours les plus difficiles de son règne. Il aura été le chef d’Etat malien le plus contesté et le plus décrié de l’histoire de par sa gestion catastrophique et dynastique des affaires publiques. Comme si cela ne suffisait pas, le seul et unique objectif d’IBK semble clairement être de se faire succéder par son fils Karim Keita à la tête du pays. Plusieurs signes avant-coureurs de ces manœuvres sont bien là. La caporalisation de l’Assemblée Nationale et de la Cour Constitutionnelle par son fils Karim à l’issue des dernières législatives. Pour y parvenir, IBK a ses plans : affaiblir politiquement, isoler les deux têtes de proue du landerneau politique que sont Dr Bokary Tréta, leader de la majorité présidentielle et président du parti Rassemblement Pour le Mali (RPM) et Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition et président de l’URD.

« L’ambition programmée tue », dit-on. Le président de la République IBK, diminué par la maladie et la vieillesse, fait face à la rue, menée par son principal allié et soutien en 2013, le très populaire leader religieux, l’imam Mahamoud Dicko, non moins ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali et désormais meneur du mouvement de la contestation M5 RFP. Un regroupement qui demande la démission d’IBK de la présidence de la République depuis le 5 juin dernier. Le regroupement dénonce principalement la crise sécuritaire que traverse le pays depuis les événements de mars 2012 mais aussi une dévolution dynastique du pouvoir d’Etat en cours. De son arrivée au pouvoir à nos jours et, en dépit de la signature d’accords avec différents partenaires ou contestataires de son régime ainsi que la présence en masse des forces militaires françaises et onusiennes, les résultats escomptés tardent à se produire. Chaque jour, le Mali est endeuillé par la perte de ses dignes fils, alors qu’à Bamako, les autorités se la coulent douce sans regrets ni remords. Oter la vie d’un malien est devenu la chose la plus banale, participer aux obsèques et décréter des journées de deuil national à la mémoire de nos soldats sont devenus les actions phares du président de la République, estiment certains opposants d’IBK. La corruption, l’injustice et le laisser-aller sont légion dans un contexte d’occupation du territoire par des forces étrangères. Mais, au lieu de trouver des remèdes à ces maux, IBK a un autre plan qu’il entend mettre à exécution. Toute chose qui n’étonne guère d’autant plus que, comme il avait prévenu dans les années tumultueuses de 1994, alors qu’il était Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré. « Si vous refusez de rentrer en classe, nos enfants, qui étudient à l’étranger, reviendront vous gouverner, comme nous le faisons avec vos papas… ». Et, ironie du sort, c’est sous le même IBK que l’école malienne, qui a connu une année blanche en 1994 quand il était Premier ministre, vient d’accumuler deux années scolaires tronquées (2018-2019 et 2019-2020). Et, les nominations (par népotisme) des enfants des amis, copains et copines dans les hautes sphères de l’administration n’ont jamais atteint de telles proportions que sous son règne au nom d’une pseudo-promotion des jeunes à des postes de responsabilité. Une mafia a été mise en place autour de lui pour faire main basse sur l’économie du pays et les autres des secteurs importants avec la complicité de son fils. C’est pourquoi, malgré les multiples scandales de corruption et de gabegie qui ont émaillé son règne, aucune sanction notable n’est à mettre sous la dent. Pire, les fossoyeurs sont promus à des postes plus juteux.
Pour parachever son ambition ou sa parole donnée à sa famille depuis sa réélection en aout 2018, IBK s’est mis dans la peau d’un vrai monarque et considère ses compatriotes comme des sujets. Pour remplacer la démocratie par la monarchie, IBK est au four et au moulin pour transmettre le trône à sa propre progéniture. Penser qu’IBK est dupe, c’est se tromper complètement. Il sait ce qu’il fait et il est loin d’être ce que beaucoup de Maliens pensent qu’il est. Son seul et unique problème demeure aujourd’hui l’Imam Mahamoud Dicko qui lui coupe le sommeil. Sinon, pour le Mandé Massa, son fils Karim est déjà le régent du trône et son successeur naturel. Mais, « plus pressé que la musique, on danse mal », dit-on. Puisqu’IBK s’est découvert lui-même lors de la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale et la proclamation des résultats des dernières législatives par la Cour Constitutionnelle dirigée par Mme Manassa Dagnoko. Cette dernière qui, sur instruction du président de la République, s’est adonné à un tripatouillage flagrant dans les circonscriptions électorales de Sikasso, Kati, Bougouni, Communes 5, 6, 1 et plusieurs autres localités. C’est dans ces lots de députés imposés, mal élus voire nommés par Manassa que le président IBK n’hésitera pas une seule seconde, au mépris du choix unanime des cadres de son parti, le RPM sorti victorieux du scrutin, a imposé Moussa Timbiné comme président de la deuxième institution du pays. Est-il besoin de rappeler aussi que cette imposition s’est faite au grand dam de certains leaders religieux et autres personnalités influentes du pays. Il en sera de même pour le poste de questeur de l’Assemblée Nationale, où un député nommé par la Cour Constitutionnelle en Commune I du District de Bamako, en la personne de Waly Diawara, a été imposé. Une injustice qui a été l’élément déclencheur des contestations anti IBK qui risque coûter très chère à son régime et à sa famille car sa tête est mise à prix aujourd’hui par les leaders du Mouvement M5 et par le Chérif de Nioro et un soulèvement populaire et pacifique est en cours pour le faire démissionner de la présidence de la République.

IBK utilise un Dogon pour se moquer d’un Bozo…

Donc pour comprendre sa stratégie successorale, il faut baliser le terrain à Karim. Pour cela, de 2014 à nos jours, IBK a tout mis en œuvre pour se défaire de son parti. C’est pourquoi il fera subir au président de son parti Dr Bokary Tréta, un cadre de qualité rare qui s’est sacrifié toute sa vie pour lui, toutes les humiliations du monde en utilisant des cadres de son parti pour le détruire ou le combattre dans l’optique de récupérer le parti et le faire chapeauter par son fils Karim Keita. Mal lui en a pris, la personne indiquée pour faire ce sale boulot est le cousin dogon de Tréta, le Bozo. Il s’agit du protégé d’IBK, Moussa Timbiné, l’ancien leader estudiantin qui a toujours préféré l’ascenseur à l’escalier. Un jeune qui n’hésite pas à pactiser avec le diable pour des strapontins. Avec le soutien d’IBK et sa famille, le jeune Timbiné ne recule devant rien et ce n’est pas le maire de la Commune V, Amadou Ouattara qui dira le contraire. Depuis Sébénicoro, IBK tirait les ficelles pour empêcher la candidature du président de son parti parce que sa présence à l’hémicycle est synonyme d’échec de son plan successoral. Tous les moyens sont bons pour l’isoler politiquement en lui coupant les vivres. Raison pour laquelle, IBK a toujours préféré les premiers ministres apolitiques ou qui lui sont soumis. Et, tous les cadres proches de Tréta sont mis à la touche ou en prison car selon lui, l’enfant de Diondiori est un empêcheur de tourner en rond. C’est pourquoi toutes les initiatives venant du président de son parti sont jetées à la poubelle.

Affaiblir Soumaila et récupérer son parti…

Comme dans un film hindou, IBK rêve débout car Dieu lui a donné un messie qui est Karim aujourd’hui ! Avec le RPM et une grande partie de l’ADEMA en poche, faire élire Karim Keita président de la République en 2023 sinon avant même 2023 est un jeu d’enfant pour IBK avec une Cour Constitutionnelle à sa solde. Mais, là le projet d’IBK sera buté à un autre obstacle, qui est Soumi toujours champion jamais vainqueur (3 fois finaliste de la présidentielle 2002, 2013 et 2018). Soumi est à la tête d’un parti bien structuré et considéré comme la deuxième force politique du pays. En campagne pour les législatives dans sa circonscription électorale à Niafunké, Soumaila Cissé a été enlevé en pleine campagne le 25 mars dernier avec une dizaine de membres de sa délégation par des individus non encore identifiés. Son garde du corps a été tué sur place. Et, plus de trois mois après, aucune revendication, aucun signe de vie, alors que les groupes armés preneurs d’otages habituels du Sahel ont pour habitude de revendiquer leurs actes. Chose qui fait redouter dans les rangs de l’URD mais aussi au sein de l’opinion un enlèvement politique. Son parti a une fois encore émis des réserves hier à la faveur d’une conférence de presse.
Autre fait, le fait qu’à l’unanimité et contre la position de leur directoire, les députés de l’URD ont voté pour le candidat du président de la République à la tête de l’Assemblée Nationale. Cette position des élus de l’URD et leur mutisme prouvent à suffisance un complot contre Soumaila Cissé.
Autre fait majeur et révélateur, c’est le slogan trompeur de « mandat de la jeunesse » qu’IBK veut consacrer à son dernier quinquennat. Il s’agit clairement de sacrifier tous les vieux de la scène politique dans l’optique de confier le trône à Katio. C’est pourquoi la promotion de plusieurs jeunes dans le gouvernement et d’autres institutions n’est pas fortuite. Ces jeunes comme Boubou Cissé, Premier ministre, argentier du pays, Kamissa Camara cerveau du palais présidentiel et Moussa Timbiné, son dauphin constitutionnel, … pour ne citer que ceux-ci ne doivent rien à aucun parti. Ils doivent tout à IBK et doivent le vénérer comme un roi et, en retour, mouiller le maillot pour son fils Karim et le porter à la tête du pays. Heureusement que les Maliens ne sont pas dupes. A suivre…
A.B.D

Source: L’enquêteur

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