Le Burkina Faso a immortalisé l’un de ses plus grands talents en la personne de l’acteur Sotigui Kouyaté, disparu le 17 avril 2010, en instituant les Sotigui Awards.
Ils visent à contribuer à la reconnaissance et à la valorisation du métier d’acteurs, comédiens du cinéma africain et de la diaspora. C’est une cérémonie annuelle dont la 5e édition s’est déroulée à Ouagadougou du 12 au 14 novembre 2020 sous le thème « Culture de la paix : Quelles contributions des femmes du cinéma et de l’audiovisuel ? ».
Les organisateurs des Sotigui Awards défendent ce thème par le fait que « les femmes du 7e art continuent d’apporter leurs pierres à l’édifice face aux adversités dues aux attaques terroristes, à la crise du Covid-19 et à toutes les formes de violences qu’elles vivent ».
Les membres des différents collèges ont eu la responsabilité de désigner un lauréat dans chacune des catégories en fonction desquelles le public a voté via un site web.
Ainsi, les Sotigui ont été décernés aux meilleurs acteurs de longs métrages-fiction. Chaque région du continent a vu l’un de ses comédiens distingué. Ce sont les Sotigui du meilleur acteur de l’Afrique Australe, de l’Afrique Centrale, de la diaspora, de l’Afrique de l’Est, de l’Afrique du Nord, de l’Afrique de l’Ouest qui reçoit un bonus avec un Sotigui pour le duo Nigeria/Ghana, en reconnaissance de l’ampleur de leurs cinématographies.
également ont été attribués les prix du meilleur plus jeune acteur africain, du meilleur espoir africain, du meilleur espoir africain série tv, des meilleures interprétations féminines et masculines africaines série tv.
Le bouquet final a été l’attribution de la distinction suprême, le Sotigui d’Or 2020, remporté par Girley Charlène Jazama de Namibie dans « The White Line » de Désirée Kahikopo-Meiffret.
Sotigui Kouyaté était considéré comme un des plus grands acteurs africains contemporains. Tl était à la fois comédien et metteur en scène. C’était un maillon fort d’ une longue lignée de griots.
D’origine malienne, mais burkinabé de cœur et de nationalité., Kouyaté est né dans une famille de griots mandingues à Bamako le 19 juillet 1936. Il enchaîne plusieurs métiers à ses débuts. Tour à tour enseignant, menuisier, secrétaire d’une banque, il devient ensuite joueur professionnel de football jusqu’en 1966, étant même capitaine de l’équipe du Burkina Faso, Haute-Volta à l’époque.
Après avoir raccroché les crampons, il débute au théâtre pour devenir ensuite un des comédiens fétiches de Peter Brook, qui le fait jouer dans de nombreuses pièces dont la Tragédie d’Hamlet (2003) et Tierno Bokar (2004). Insatiable artiste, il finit par créer sa propre compagnie de théâtre, avec cependant, plus ou moins de réussite.
Il entame alors une carrière cinématographique à partir de 1972, dans »F.V.V.A.: Femmes Voitures Villas Argent » du Nigérien Moustapha Alassane.
Il continue à s’intéresser au cinéma avec notamment en 1983 : »Le Médecin de Gafiré » du Nigérien Mustapha Diop, une coproduction entre le Niger et le Mali (CNPC), »Black Mic Mac » de Thomas Gilou en 1986, »Sia, le rêve du python », réalisé par son propre fils, Dani Kouyaté et en 2007 : »Faro, la reine des eaux » de Salif Traoré.
En 1997, il s’associe à Alioune Ifra Ndiaye , Habib Dembélé et Jean-Louis Sagot-Duvauroux, pour fonder à Bamako une structure de promotion et de création littéraire et artistique, le Mandeka Théâtre. Ses rôles dans les films »La Genèse » de Cheick Oumar Sissoko et »Little Senegal » de Rachid Bouchareb le font connaître du grand public, un succès ponctué par plusieurs récompenses.
Mort à Paris en 2010, il est inhumé à Ouagadougou. Son ombre continuera à planer sur le cinéma africain grâce aux Sotigui Awards que les organisateurs entendent perpétuer en lui donnant chaque année plus d’ampleur.
Source : L’ESSOR