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Les Soliloques d’Angèle : Mal marié (e) ou libre !

Si vous penchez l’oreille du côté de nos voisins au pays de la Teranga, vous entendrez forcément parler de l’affaire Dieynaba Ndiaye. Une nième affaire de violence conjugale, affaire palpitante bien que triste dont je m’abstiendrais de parler.

Mais un mauvais mariage ça peut toucher l’homme comme la femme. L’une des conséquences les plus catastrophique est la violence conjugale, sujet très sensible et difficile pour ceux qui la vivent (hommes, femmes, enfants, familles et proches) et passionnant pour ceux qui sont à l’affût des potins.

Une des formes les plus sournoises est la violence psychologique encore appelée violence émotionnelle, qui engendre un stress permanent, une dévalorisation de soi, une peur du lendemain et dans le cas extrême le suicide. Elle peut se manifester sous plusieurs formes : des insultes, des paroles abaissantes, infantiliser l’autre en prenant des décisions à sa place, critiquer son apparence, l’enfermer dehors, lui faire une scène en public, surveiller son téléphone, confisquer ses biens, l’isoler de ses amis de sa famille, menacer de se faire du mal à cause de lui…

Une amie m’a confié lors d’un dîner qu’elle devait rentrer avant 21 h, sinon elle n’accèderait pas à sa maison, un couvre-feu de son conjoint ! Toute la soirée, elle n’a pas cessé de regarder sa montre, quelle torture ! C’est à se demander si elle a pu apprécier ce temps de convivialité !

Autant ne pas y aller. Un autre ami que j’avais perdu de vue était dans une relation écrasante, surveillé par les amis, les frères de sa fiancée ; ça ne pouvait finir que par une annulation des fiançailles, le pauvre !

Le déséquilibre de pouvoir et la dépendance sont flagrants lorsque l’on analyse la situation. La relation devient dès lors toxique et il est souvent difficile d’en sortir à cause du quand dira-t-on, du manque de moyens pour s’en sortir seul (e), de la peur de la solitude, des enfants, de l’auto-culpabilité face à l’échec, des mauvais conseillers…

Bien souvent pour toutes ces raisons, le choix est fait de rester mal marié (e) au lieu de se libérer de cet environnement destructeur pour soi, l’autre et pour toutes les familles. On ne se marie pas pour divorcer, mais surtout pas pour être malheureux ; je fais allusion ici, entre autres, aux mariages forcés ou programmés depuis l’enfance par les familles ; attention tous les mariages de ce genre ne sont pas forcément un échec, d’ailleurs il y a bien longtemps c’était un gage de réussite.

Et a contrario après la séparation, la personne est si rebutée qu’elle n’a plus de motivation à refonder un foyer, incapable de refaire confiance à quelqu’un, incapable de se rééquilibrer.

La violence émotionnelle n’est pas un sujet de débat facile, car elle est abstraite, difficilement mesurable et invisible dans la plupart des cas. Elle est même tabou dans certains milieux, il faut supporter ; on connait tous autour de nous quelqu’un qui se meurt dans son coin. Il faut supporter ! Au Mali,  en Afrique de manière générale mais jusqu’à quel point ?

Il faudrait plus de textes de loi plus précises, plus de débats, plus de signalements, plus de sanctions, plus de psychologues et de psychiatres sur ce sujet parce que chaque cas touche un individu au moins, une famille, et tue à petit feu un concitoyen.

Parce que c’est notre Mali.

Muriel Jules

 

Source : Mali Tribune

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