A la suite de leur Mémorandum du mois dernier annonçant la mise en place d’un comité de crise et d’un organe de transition à la tête du CNPM, en crise depuis les élections du mois d’octobre dernier, les responsables de 26 des 39 organisations professionnelles que compte le Patronat, étaient face à la presse, le jeudi 11 février. Ils ont exprimé leur engagement à poursuivre le processus dans l’intérêt du secteur privé et du CNPM, qui est le principal syndicat de défense de leurs intérêts. Ils estiment que, malgré les tentatives du bureau de Amadou dit Diadié Sankaré, de faire croire que tout marche, leur structure est dans l’agonie, car tous les comptes sont bloqués, le PVI suspendu et les projets et programmes gelés par les partenaires.
Le Conseil National du Patronat Malien (CNPM) est loin de retrouver la normalité. En tout cas, au vu de la situation dressée, hier, par les responsables des Groupements professionnels, regroupés autour du président du Comité de crise, le doyen Soya Golfa, membre fondateur du CNPM, le 25 janvier 1980.
Pour ces regroupements, trois solutions s’imposent : la procédure judiciaire déjà en cours et qui peut prendre plusieurs années, la négociation qui n’a rien donné jusque-là et la mise en place d’un organe transitoire. C’est cette dernière option qui a été retenue par les animateurs de cette conférence de presse.
Celle-ci était animée notamment par le président de l’OPECOM, Boubacar H. Diallo, la présidente de l’AMAVT, Mme Cissé Fatimata Kouyaté et le président du GPAC, Sidi Danioko.
Pour Soya Golfa, » le patronat appartient à tout le secteur privé et chacun de ses membres doit œuvrer pour l’aider à sortir de cette crise. C’est notre responsabilité, car, c’est la seule organisation patronale où l’Etat n’a rien à dire. Avant, pendant et après les élections, nous avons engagé des discussions avec les deux camps, mais jusque-là, il n’y a pas un accord formel. C’est pourquoi, nous avons essayé de mettre en place ce comité transitoire. Nous allons poursuivre les démarches pour que les deux camps y adhèrent et sortir de la crise « .
Le président de l’OPECOM, Boubacar H. Diallo de renchérir : » ce n’est pas une question d’une équipe, mais de voir comment sauver le patronat. Avec la situation de crise, il y a une perte de crédibilité de l’institution, une absence de débat économique, les investisseurs ne font plus confiance, les acquis syndicaux sont remis en cause. Même si l’équipe en place tente de faire croire que tout marche, il y a la crise, reconnaissons-le et nous devons la résoudre par nous-mêmes et non par la voie judiciaire. Si nous continuons à faire le dilatoire, nous nous enfoncerons dans le sable « .
Les organisateurs précisent que, pour le comité de crise mis en place, seul le président Soya Golfa a été désigné, les autres membres le seront une fois que les deux parties s’entendront sur le principe. Le choix de Golfa s’explique par le fait qu’il est le doyen des délégués et le seul des membres fondateurs du patronat encore en vie. Il est censé être neutre et respecté par tout le secteur privé malien. Lui-même précise qu’il dirige le comité de crise, mais qu’il ne sera pas le président d’un organe transitoire.
Le président du GPAC, Sidi Danioko dira que ces regroupements professionnels et conseils régionaux signataires du Mémorandum sont majoritaires et représentent plus de 80% des secteurs clés de notre économie, comme les banques et établissements financiers, les compagnies d’assurance, le commerce, les BTP, la boulangerie etc.
Parlant de l’Etat du patronat, il dira que la situation est plus grave que celle dressée en haut. En effet, avec la procédure judiciaire en cours, les comptes de ‘institution sont aujourd’hui bloqués, le programme de vérification des importations que le CNPM gère a été suspendu par le gouvernement et tous les programmes ont été gelés par les partenaires techniques et financiers. Cela, en attendant d’y voir un peu plus clair.
Les responsables de ces regroupements ne doutent point que cette crise a été imposée au patronat pour l’affaiblir et l’empêcher de jouer sa mission de syndicat de défense des intérêts des employeurs. Sinon, ils disent ne pas comprendre les raisons pour lesquelles l’Etat n’a pas voulu accompagner le camp Mamadou Sinsy Coulibaly dans l’exécution de la décision judiciaire, du 30 octobre 2020, du tribunal de la Commune IV, rétractant l’ordonnance gracieuse du 9 octobre qu’il avait prise et sur la base de laquelle, le bureau de Amadou dit Diadié Sankaré a été installé de force au siège du CNPM. Pour ces derniers, cette ordonnance gracieuse ayant été annulée avec tous ses effets, il y a logiquement une occupation illégale du siège.
Il faut souligner que la procédure judiciaire déjà en cours amorcera une nouvelle étape, le 15 février prochain, avec le début d’une procédure sur le fond du dossier, toujours devant le tribunal de la Commune IV.
Y. CAMARA
Source : l’Indépendant