Comme il fallait s’y attendre, l’interventionnisme éhonté de nombre de pays dans les affaires intérieures de la Libye a été dénoncé de manière virulente, le 30 janvier 2020, lors de la 8ème réunion du Comité de Haut Niveau de l’Union Africaine qui s’est tenue à Brazzaville.
Le Royaume du Maroc, présent à cette réunion, a vivement dénoncé la présence de forces étrangères en territoire libyen et ce pour la simple raison qu’elles ne font que cultiver la division et d’en creuser fortement le fossé entre libyens.
Le conflit libyen n’est point un champ d’expérimentation et encore moins une arène pour les luttes sans rapport avec l’intérêt du peuple libyen, c’est pourquoi le Maroc a réitéré, une nouvelle fois à Brazzaville, son appel à un dialogue politique, inclusif, structuré et sans tabous.
Il est donc indispensable de soutenir les efforts de l’ONU et de saluer l’action du Représentant Spécial et Chef de la Mission des Nations-Unies en Libye, Monsieur Ghassan Salamé.
La position marocaine à l’égard de cette crise réside dans l’Accord Politique de Skhirat, du 17 décembre 2015, seule référence à ce jour et qui marque l’attachement fort et constant du Maroc à cet Accord. Un Accord qui n’est point, et il faut le souligner, un attachement égocentrique primaire à son appellation ou son lieu de signature, mais s’explique par le fait que cet Accord est le fruit de longues discussions entre Libyens eux-mêmes, et non le résultat de conciliabules diplomatiques.
Il est devenu clair comme de l’eau de roche que la situation en Libye dégénère en dehors de tout contrôle et au détriment de tous et de l’intérêt Suprême du peuple libyen, qui en souffre dans sa chair et il est fort malsain que certains pays s’immiscent dans les affaires d’un pays qui fait suffisamment face à de nombreux défis et qui, dans la douleur, panse ses plaies.
Le Maroc, contrairement à nombre de pays ayant participé à la Conférence de Berlin tenue le 19 janvier 2020, a été volontairement écarté des négociations dans la crise libyenne et ce, alors qu’il a toujours été à l’avant-garde des efforts internationaux dans la recherche d’une solution juste et durable.
A ce sujet, il y a lieu de noter le rôle malveillant du pays hôte de cette Conférence, L’Allemagne. Un pays fort éloigné de la région et des complexités de la crise libyenne qui s’est impliqué dans ce conflit dans le seul but de transformer ce conflit inter-libyens en un instrument de promotion de ses propres intérêts nationaux. Honte à l’Allemagne d’Angela Merkel !
Autre pays hostile à la présence du Maroc, l’Algérie en raison de son implication directe dans ce conflit mais aussi dans celui qui secoue les pays de la zone sahélo-saharienne du fait de son soutien au terrorisme avec l’implication de ses affidés terro-polisariens qui se sont fortement approvisionnés en armes et munitions en Libye juste après la chute de Kadhafi. Les autorités algériennes ont perdu toute crédibilité internationale et se trouvent dans une totale impasse sur le plan interne et ne peuvent en aucun cas contribuer à ramener la sérénité dont a besoin la Libye.
A ce jour, seul l’Accord de Skhirat, conclu le 17 décembre 2015, reste le seul cadre politique, appuyé par le Conseil de Sécurité de l’ONU et accepté par tous les protagonistes libyens, à même de trouver une solution à cette crise libyo-libyenne ; un Accord que la Conférence de Berlin ne saurait gommer d’un trait.
Et comme l’a si bien déclaré le Président du Comité de Haut Niveau de l’Union Africaine sur la Libye, Denis Sassou N’Guessou, il est regrettable que le Maroc n’ait point été invité à la Conférence de Berlin car sans sa présence il ne pourrait y avoir de solution durable à ce conflit inter-libyens puisque c’est à Skhirat que les Nations-Unies avaient mis en place les institutions libyennes actuellement reconnues par la Communauté Internationale.
Pour rappel Monsieur Jeffrey Feltman, alors Secrétaire Général adjoint américain aux Affaires Politiques avait en octobre 2014 affirmé que« le Maroc peut jouer un rôle pour éviter que les efforts des Nations-Unies ne soient phagocytés par l’Algérie ». La chose est dite et bien dite !
Quant à ceux qui doutent de l’implication algéro-polisarienne dans l’activité terroriste dans la région sahélo-saharienne, ils sont cordialement invités à lire le rapport d’enquête présenté par un groupe d’experts onusiens au Conseil de Sécurité de l’ONU, en date du 08 août 2018, afin d’en savoir un peu plus sur les artisans du chaos, particulièrement le rôle sanguinaire des tristement célèbres « Ansar Eddine », produit pur jus du renseignement algérien, et son pendant « Etat Islamique dans le Grand Sahara », dirigé par le polisarien Adnane Abou Walid al-Sahraoui.
Une vision sanguinaire qui vient nous édifier davantage sur le jeu de massacre auquel Alger et son pantin polisario continuent de se livrer impunément en Libye mais aussi dans la région sahélo-saharienne, et ce n’est surtout pas l’allemande Angela Merkel et ses soutiens algériens qui en diront le contraire.
Farid Mnebhi