Ils étaient, trois ministres du gouvernement, à se prononcer sur la crise scolaire qui sévit au Mali, le jeudi 30 janvier au Centre d’Information Gouvernementale du Mali (CIGMA). Il s’agit du ministre de l’Education Nationale, Pr Mamadou Famanta, le ministre du Dialogue Social, du Travail et de la Fonction Publique, Oumar Amadoun Dicko et le ministre de la Communication, Porte-Parole du Gouvernement, Yaya Sangaré.
Après plusieurs séances de négociations, enseignants et gouvernement peinent toujours à trouver un terrain d’entente pour permettre aux élèves de regagner le chemin des classes.
59 milliards de FCFA, tel est l’incidence financière de la mise en application de l’article 39. Le paiement de cette somme aussi conséquente qu’elle soit dans le contexte actuel du pays, ne constitue pas le gros du problème pour le gouvernement, mais l’effet d’entrainement, qu’il pourrait engendrer dans le secteur du syndicalisme au Mali.
‘’ L’article 39’’ un cheveu dans la soupe du gouvernement
« Aujourd’hui tout le monde se rend compte que l’article 39 est une erreur » a déclaré le ministre du Dialogue Social, du Travail et de la Fonction Publique. Pour Oumar Amadoun Dicko, l’article 39 est né dans des conditions de fortes discussions et de tiraillements entre le gouvernement et les syndicats des enseignants à son temps
Selon le ministre Dicko, l’article 39, qui n’aurait pas dû passer lors des négociations constitue une erreur. Malgré cela, dit-il, le gouvernement compte bien s’assumer. « Aujourd’hui, nous avons l’intention d’assumer l’article 39, mais de façon intelligente » a- rassuré le ministre Dicko. Pour lui, s’assumer de façon intelligente voudrait dire, s’assumer tout en tenant compte des tenants et des aboutissants de la situation.
D’après lui, la problématique autour de la mise en œuvre de l’article 39, issu du statut autonome des enseignants, pose le problème général des statuts autonomes. « Le gouvernement a été souvent pris à la gorge pour accorder des statuts autonomes » a déclaré le ministre Dicko. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, ces statuts autonomes là, doivent se retrouver dans une grille, de telle façon qu’un fonctionnaire soit égal à un autre ».
D’ailleurs, il dira que c’est pour cela que le gouvernement parle de trêve sociale et de conférence sociale. Selon lui, il faut que tout le monde s’accorde sur l’égalité des chances au niveau de la fonction publique. « On ne peut pas créer un statut général et sortir de ce statut petit à petit, de sorte que le statut général ne soit plus attrayant » a-t-il précisé. Aux dires du ministre de tutelle, le défi du gouvernement c’est de faire en sorte que tout le monde revienne dans un statut avec des grilles régulées pour chacun des fonctionnaires.
Recrutement des 15 000 enseignants, le gouvernement s’explique !
Contrairement à ce qui se dit dans les rumeurs, le gouvernement est loin dans une dynamique de remplacement des enseignants à travers ce recrutement des 15 000 nouveaux volontaires. « L’Etat était déjà dans une logique de recrutement d’à peu près de 4500 enseignants chaque année. Donc, ce recrutement est pour satisfaire les besoins exprimés. Il ne doit pas avoir de problème avec ces contractuels » a déclaré le nouveau ministre de l’Education Nationale, le Pr Famanta.
A la question de savoir si ces 15 000 suffiront en cas d’un refus catégorique des dispositions de l’article 39, il dira que le gouvernement pense que le mot d’ordre de grève, lorsque la grève est décrétée, elle ne sera pas suivie par les 54 427 enseignants sur toute l’étendue du territoire.
Selon lui, par rapport aux grevés, l’engagement est pris qu’il y aura rétention de salaire cette fois-ci. « Si jamais, la grève devrait se prolonger, nous pensons que les mesures dissuasives feront en sorte, qu’on ne se retrouve pas avec les 54 427 dans la rue » a expliqué le ministre de l’Education Nationale.
En guise de complément, le ministre de la Communication, Porte-Parole du gouvernement a souligné que la réclamation de la mise en œuvre de l’article 39, ne doit pas être un motif pour poursuivre la grève. Il s’agira de continuer les cours et les négociations à la fois. « Nous devons être à la hauteur des responsabilités pour comprendre cela » a-t-il déclaré, tout en mentionnant que le Mali est assez malmené et fragilisé. Donc il ne sert à rien d’en rajouter.
Par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut