Toujours égal à lui-même, le député Mamadou Hawa Gassama, groupe parlementaire Vigilance pour la République et la démocratie (VRD) de l’opposition, s’exprime sur les couacs de la déclaration de politique générale du Premier ministre devant les députés à l’hémicycle. C’était au cours d’un entretien qu’il nous a accordé.
«Comment se fait-il que le président IBK qui a dénoncé les accords d’Alger sollicite l’aide de ce pays aujourd’hui ?», c’est une des questions que pose le député dès le début de cet entretien.
Il remercie le Premier ministre Moussa Mara d’avoir diligenté un programme de déclaration de politique générale du gouvernement, huit mois après l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita à la magistrature suprême du pays. Après quatre mandatures au sein de l’hémicycle, ce député dit être bien aguerri pour connaitre le fonctionnement au sein de cette institution. Selon lui, certes le Premier ministre a fait une belle déclaration et les priorités sont énormes, mais il aurait aimé en savoir un peu plus sur la situation de Kidal, car la politique générale ne parle pas de la feuille de route concernant le cas spécifique de cette région. Il dit insister là-dessus parce que le jour même où le Premier ministre présentait sa feuille de route à l’Assemblée nationale, les rebelles du Mnla tenaient un congrès à Kidal pour demander l’autonomie de cette ville. En plus de cela, l’accord de défense entre le Mali et la France n’a pas été signé mais l’Armée française est en train de s’installer durablement à Kidal. En vertu de quel droit ? s’interroge-t-il.
Achat d’avion présidentiel sans appel d’offre ?
Sur le coût et les raisons de l’achat d’un nouvel avion pour le Mali, le député se demande si cela a fait l’objet d’un appel d’offres. Le gouvernement a-t-il reçu le quitus des députés ? Sur quel budget s’est conclu l’achat ? De quel intermédiaire parle le Premier ministre dans l’opération ? Cela est une honte et une insulte pour le pays quand un haut dignitaire du pays parle d’intermédiaire dans l’achat d’un avion. Quel sens donne-t-il donc à la lutte contre la corruption ? Dans sa réponse, soutient le député de Yélimané, Moussa Mara dit que l’avion présidentiel n’est pas à IBK mais aux 15 millions de Maliens. Pourquoi ne pas aller avec ça à Kidal, comme il l’a déjà fait pendant la campagne présidentielle ? Concernant toujours ce sujet, le député se dit indigné aussi quand le président de la République, lors de sa rencontre avec la diaspora malienne à Rabat, dit avoir demandé l’avis de chefs d’Etat de la sous-région avant d’acheter cet avion : « je crois que c’est un manque de respect pour le peuple malien de la part du président IBK. Je m’indigne de l’achat de l’avion présidentiel quand je vois la faim, la souffrance des populations, l’insalubrité dans notre capitale… On pouvait se passer de ce gaspillage inutile… »
Concernant l’avion acquis par l’ex-président ATT, Mamadou Gassama croit que les nouvelles autorités sont en train de mentir au peuple. Selon lui, est-ce à dire que les ex-autorités du pays, à savoir ATT, Dioncounda Traoré, Cheick Modibo Diarra, Diango Cissoko mettaient donc leur vie en danger en voyageant dans cet avion ? Si l’avion acheté par ATT ne respecte pas les normes, les pays occidentaux allaient-ils le laisser atterrir et décoller de leurs aéroports. Pour lui, c’est un gros mensonge de la part des nouvelles autorités. Le comble est qu’il dit se souvenir que l’actuel président IBK a eu à voyager à deux reprises dans cet avion. D’abord lors de la mort du président Bongo, secundo à l’investiture d’Ali Bongo au Gabon.
La route Nioro-Yélimané : une promesse d’IBK occultée par la DPG
« Que devient la promesse électorale du candidat IBK quand il s’était rendu à Yélimané où il avait promis le bitumage de l’aéroport de cette ville ? Où en sommes-nous aussi avec les bitumages des routes Nioro-Yélimané et Dialakaè-Yélimané ? », se demande le député de cette localité. Il se dit étonné quand on parle de chercher un financement pour la voie Nioro-Yélimané car au temps de l’ex-ministre Diane Séméga, le financement de cette route était déjà acquis et bouclé. Où sont donc passé ces sous ? L’Etat n’est-il pas une continuité ? martèle Gassama.
«Est-ce que finalement ce projet de construction de la route Nioro-Yélimané est politisé ? Ceci d’autant plus que pendant les campagnes législatives 2013, le Ministre des Maliens de l’extérieur, Abderahamane Sylla à l’époque en déplacement à Yélimané pour soutenir les candidats RPM-Usrda, incitait les populations à voter pour lesdits candidats, sinon la route Nioro-Yélimané ne sera pas réalisée.
Aujourd’hui, le constat est clair : la liste RPM-Usrda (Mahamadou Mady Kangué et Bassirou Konté) a été battue à Yélimané par notre liste (URD-Adema) et le projet de construction de la route Nioro-Yélimané n’est cité dans la DPG par le premier ministre Moussa Mara, ni parmi les projets de construction de route où le financement est acquis, ni parmi les projets éligibles à un financement. La non réalisation de cette route Nioro-Yélimané est d’autant plus déplorable que la première partie de son financement était acquise avec l’Union Européenne. Je rappelle que la construction de cette route est attendue par les populations depuis notre indépendance pour contribuer au désenclavement interne (cercle Yélimané) et externe (vers la Mauritanie) de notre pays».
Par rapport au processus de réconciliation nationale, voici ce qu’il pense :
« Avant de se réconcilier, il faudra qu’on se dise une certaine vérité, comment un ancien rebelle peut occuper le fauteuil du ministère de la réconciliation ? Comment le président IBK, qui avait, en 2006, dénoncé les accords d’Alger, prend son bâton de pèlerin et va chez le voisin algérien pour l’inviter à résoudre la crise malienne, alors que l’Algérie est l’ennemi numéro un de notre pays ? »
Paul N’GUESSAN