Ils sont ministres de la République mais sans en posséder aucun attribut. Ils sont sans existence propre, sans autorité. Ils sont noyés sous le poids des dossiers de leurs départements et sont condamnés à ne faire que de la figuration. Passés maîtres dans la fanfaronnade, ils tentent de se donner un peu de contenance en se montrant plus royalistes que le roi lui-même et n’hésitent pas à verser dans l’abus. Dépassés par les réalités des Maliens mais dotés d’une imagination débordante, ils ont trouvé des accessoires pour voir la vie en rose : les lunettes fumées. Presque tous en portent. Incapables de regarder l’insupportable misère qui les entoure et pas courageux de fixer les Maliens dans le blanc des yeux. Nous nous intéressons aujourd’hui à l’un d’entre eux, Aïssata Traoré dit Aïssa Prado, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.
En place depuis bientôt une année, Aïssata Traoré peine à trouver ses marques. En panne d’inspiration, celle dont le surnom est ‘’Prado’’ a son moteur grippé. Croulée sous le poids des dossiers, Aïssa Prado ne sait où donner de la tête. Entre tâtonnement et manque d’expérience, la bonne dame ne parvient pas à poser un seul acte salvateur pour la promotion de la Femme, encore moins pour l’Enfant ou la Famille. Pourtant, jadis ce département excellait dans le folklore en termes d’ateliers ou de colloques sans lendemain. Même là, notre ministre ne parvient guère à initier quoi que ce soit. Elle souffle le chaud et le froid au point de pousser des cheveux blancs.
Après le scandale qu’elle a créé aux USA, qui a failli dégénérer en crise diplomatique, son chef de cabinet finit par jeter l’éponge, car sa patronne ne maîtrise aucun sujet et serait même invivable comme collaboratrice. Nombreux étaient les Maliens qui la voyaient virée du gouvernement à la faveur du dernier remaniement ministériel. Mais, non ! Elle a été reconduite, à la surprise générale, dans son fauteuil. Elles sont nombreuses, les associations et ONG féminines, qui se plaignent de l’indisponibilité et du manque de vision de cette dame. En effet, elles affirment que madame le ministre ne vient au bureau qu’entre 10 heures et 11 heures du matin. Le temps de finir de faire le tour des boutiques et des grands magasins de la capitale et de se mettre un peu de maquillage pour bien paraître sous les projeteurs, la journée de travail est consommée. Friande de bazin « getzner » et de manucure et pédicure, madame Prado est plus préoccupée par son apparence que les dossiers qui s’empilent sur son bureau.
Visiblement, l’inaccessibilité et le manque de vision ne sont pas les seuls problèmes de notre ministre. Son département est embourbé dans des scandales aussi lugubres les uns que les autres. Dans un secteur où les partenaires se bousculent, dame Prado ne parvient pas à concrétiser ne serait-ce qu’une convention avec eux pour, le bonheur de la Femme et de l’Enfant au Mali. La ministre est essoufflée au point de confondre son ONG avec les affaires de l’Etat. Dans un gouvernement de mission, elle est dépassée par les événements. L’avenir des enfants est pris en otage.
Depuis sa nomination à ce poste, dame Prado n’a pris que des décisions hasardeuses et révoltantes, selon les acteurs de la promotion féminine. Ces derniers estiment qu’Aïssa Prado est certes un bon agent de terrain dans son ONG, mais dans la posture de ministre, elle a beaucoup à apprendre. Aujourd’hui, force est de constater que le département se porte aussi mal qu’il ne l’a jamais été de toute son existence. Les nominations hasardeuses et le clanisme sont érigés en mode de gestion. Le secteur est en état de déliquescence très avancé, et dame Prado semble ne pas s’en rendre compte. Toujours est-il que le ministre Traoré a du mal à trouver ses marques dans ce département où tout urge. Son statut de fille du respecté Professeur Mamadou Kassa et son engagement dans la campagne présidentielle du côté de Koutiala suffiront-ils à la garder dans ce fauteuil, dans la mesure où elle est dépassée par les événements. En attendant le prochain remaniement annoncé dans une année, selon les termes de l’accord politique, Aïssa Prado peut profiter de la luxueuse berline noire, de la grosse cylindrée et de la sécurité rapprochée. Mais aussi et surtout des privilèges qu’offre le statut de ministre.
Dieu veille !
Mariétou DOUCOURE
Source: Azalaï-Express