La nuit des Nyéleni est un événement né durant la crise de 2012. Porté par N’Diagne Mariam Koné, journaliste à l’époque à InfoMatin et Présidente de l’association des Journalistes pour la promotion des arts et de la culture (JOURNAC), Nyéleni magnifie la femme journaliste au Mali dans son travail ardu.
Le qualificatif Nyéleni puise sa source dans l’histoire d’une jeune femme battante, qui était une grande agricultrice et qui représente un symbole très fort de la souveraineté alimentaire. La première Nyéléni, fille et enfant unique de ses parents, ce qui relevait de la malédiction en Afrique alors, souffrit dans sa jeunesse de toutes les sortes de moqueries dont ses parents faisaient l’objet. Elle a donc nourri la résolution secrète de laver cet affront des hommes en les battant sur leur propre terrain, c’est à dire l’agriculture et les travaux de la terre.
Depuis, l’expression Nyéleni représente les femmes fortes, qui ont su s’affirmer dans des environnements qui ne leur étaient pas favorables au départ. Vu le constat amer des pressions subies par les journalistes pendant la crise de 2012, surtout les femmes journalistes, et considérant malheureusement la non existence d’un programme de distinction des femmes journalistes, Mariam Koné a jugé important de saluer la bravoure de celles-ci. D’où la création des prix Nyéleni des médias, qu’elle initia en collaboration avec les autres membres du JOURNAC.
Mariam Koné se fait également accompagner par des humoristes, qui essaient de produire à chaque édition des sketches représentatifs des difficultés quotidiennes auxquelles les femmes des médias font face. Nyéléni attribue aux lauréates un trophée en bois symbolisant le métier de journaliste, des attestations de récompense, du matériel de travail, etc.
Nyéleni, de sa création à nos jours, a récompensé environ une quarantaine de femmes du Mali. La sélection des lauréates se fait par sondage et l’initiative plébiscite surtout les plus méritantes. Elle fonde sa particularité en ce qu’elle récompense des journalistes venant de tout le Mali, de Kayes à Kidal, pour reprendre l’expression consacrée. Le thème de l’édition 2020 portera sur « La lutte contre les Violences basées sur le genre (VBG) ». Elle se tiendra en novembre et s’inscrira dans la lignée des 16 jours d’activisme sur les VBG.
Pour Mariam Koné, malgré les nombreuses difficultés qu’elle rencontre dans l’organisation de chaque édition, Nyéleni est une satisfaction personnelle. Le simple fait de voir le sourire aux lèvres de ses lauréates suffit à réjouir son cœur. Ainsi, Nyéleni demeure et restera le symbole de son combat pour les femmes des médias.
Amina Keita
Journal du mali