Le blogueur Almoudou Mahamane Bangou nous invite à la découverte des vertus de la bouse de vache.
Ramasser les bouses sèches de vache, c’est l’une des tâches favorites d’Aïssata. Cette mère de famille se rend trois fois par semaine en brousse pour le ramassage. Elle peut enregistrer une dizaine de sacs. Elle en utilise comme combustible, une alternative face à la rareté du bois de chauffe et la cherté du sac de charbon. « C’est pourquoi, me confie-t-elle, j’ai décidé de cuisiner avec la bouse de vache. Cela réduit mes dépenses. Cuisiner avec la bouse séchée de vache me soulage beaucoup plus que le bois de chauffe.»
Sourire aux lèvres, elle plaisante avec sa fille et ses amies qui venaient de l’école : « Tes sœurs-là n’accepteraient jamais d’en user, puisqu’elles se disent éveillées. Pourtant, si le repas est prêt, elles en bouffent sans se lamenter », a-t-elle lancé.
Un sésame pour les potières
A Goundam dans la région de Tombouctou, la pratique de la poterie est une des principales activités des femmes depuis belle lurette. Ces dernières fabriquent des briques et différents articles (jarres, gargoulettes, gouttières, etc.) Leur cuisson nécessite plusieurs matières solides. La bouse sèche de vache en est une. Elles pourront cumuler plusieurs centaines de sacs de bouse de vache. Mariama est potière à Goundam-ville. Pendant les saisons propices, elle parcourt à pied une soixantaine de km par jour pour ramasser la bouse de vache et rentrer à la maison, le petit soir.
A Toucabangou, dans la commune rurale d’Issabery (cercle de Goundam), j’avais rencontré des briquetières qui m’ont fait savoir qu’elles avaient commencé la pratique de la poterie il n’y a pas longtemps et utilisaient la bouse de vache pour la cuisson de leurs briques. A Goundam-ville, j’ai échangé avec Harouna, un charretier sollicité pour le transport des sacs de bouse. Selon lui, c’est une activité lucrative. « Je vends le sac de 50 Kg à 150 FCFA et celui de 100 Kg à 300 FCFA. Donc, c’est profitable. Ça permet d’économiser », m’a-t-il dit.
Poisson grillé sur la bouse
Djindé est une bourgade de pêcheurs, à 5 km de la ville de Goundam. A mon arrivée, après une traversée par la pirogue, des enfants torses nus s’attroupaient sur la berge autour du feu. Ils grillaient quelques carpes, résidus, des filets sur quatre rondelles de bouses sèches de vache. Les pêcheurs utilisent la bouse de vache pour le grillage. Kipsi, un pécheur, m’a expliqué que la bouse sèche de vache est un précieux combustible pour eux : « Nous ne pourrons pas nous passer de l’usage de la bouse de vache. Le secret la brillance des poissons que les gens aiment consommer est dû à la fumée de la bouse qui donne un éclat aux poissons. »
Vertus médicinales
Qu’elle soit fraîche ou sèche, la bouse de vache à plusieurs vertus. Elle sert à traiter les brûlures, les hémorroïdes, le rhume, les enflures des pieds et du visage. Mariam Cissé, originaire de Niafunké et mariée à Goundam depuis des décennies, connait ces vertus. : « La bouse de vache fut utilisée comme savon. Dans le milieu rural, des femmes s’en servaient pour laver leurs habits. Ce fut un détergent même si son odeur demeure. Pour les brûlures, on se lave pendant toute une journée avec de l’eau mélangée de la bouse veillée pendant une nuit. Pour les pieds, on l’enduit avec la bouse fraîche. Les résultats sont satisfaisants.
Certains, coiffant leur arbre, mettent une portion de bouse fraîche pour faciliter sa régénération. A Diré, beaucoup y ont recours pour garnir leurs toits ou enduire les murs de leurs maisons avec. Des paysans l’utilisent aussi comme fumier pour fertiliser leurs champs. Même les bousiers s’en servent. Des oiseaux picorent la rondelle de bouse sèche à la recherche des graines d’aliments. En zone rurale, des habitants en tapissent leurs hangars pour effrayer les animaux.
De nos jours, sous d’autres cieux, la bouse de vache devient incontournable pour la méthanisation. Des galettes de bouses sont disponibles en Europe et vendues ailleurs. Notre pays doit également procéder à la méthanisation de la bouse pour produire du biogaz. Cela créera des emplois et résorbera le chômage, et cela procure une source d’énergie non négligeable.
Source: Benbere