Depuis les évènements du 18 août 2020 ayant conduit à la démission du président IBK et à la chute de son régime, on assiste selon des sources autorisées, à un ballet politique de va-et-vient entre Bamako et Kati, le siège de la junte qui l’a chassé du pouvoir suite à des manifestations de rue au bilan macabre. Ce sont pour la plupart d’anciens responsables du régime du président déchu qui veulent profiter du contexte pour se faire une nouvelle place au soleil après avoir démérité de la nation quelques années plus tôt. Ils sont un peu comme Talleyrand, l’homme de tous les régimes en France sauf que l’homme en question était plein de morale politique et avait fait ses preuves lors du congrès de Vienne en 1815 qui avait replacé la France parmi les nations européennes les plus respectables.
Le phénomène n’est pourtant pas nouveau, car à chaque changement de régime la même chienlit réapparaît et perdure comme un serpent de mer. Après la chute du général Moussa Traoré en 1991 et l’arrivée au pouvoir de l’Adéma, ce parti fut quasiment pris en otage par d’anciens cadres de l’UDPM qui avaient tout obtenu de ce parti et dont les fonds servirent à renflouer ses caisses. On connait aussi l’histoire du grand nomadisme des cadres de divers partis politiques et leur reconversion dans le Mouvement citoyen, terreau immonde du futur PDES.
De façon générale, l’homme politique malien se caractérise, du point de vue du citoyen moyen, par sa duperie, son manque d’idéal et son goût prononcé de la recherche de la place appelée positionnement. Par ce terme, on désigne dans le vocabulaire courant, la recherche effrénée par un homme politique ou public d’un poste qu’il ne mérite pas et que sa formation intellectuelle ne lui permet pas d’assumer.
Le CNSP mis en place par les militaires de Kati est maintenant courtisé et envahi par de vieux loups d’IBK qui sont tous comptables de son bilan catastrophique.
Dans le positionnement, la moralité ne compte pas, la fin justifiant les moyens ou le contraire si cela vous dit. Démosthène, orateur grec du IVè siècle avant JC, avait mis les athéniens en garde contre cette ruse politique dans la lutte pour la démocratie à Athènes à l’époque classique et contre la monarchie à Spartes dans le Péloponnèse. Les grecs ne l’ont pas compris et la conséquence fut l’avènement d’Alexandre le Grand, fils de Philippe II de Macédoine.
De minuscules partis politiques cherchent maintenant au Mali un trophée auquel ils n’ont pas droit mais qu’ils recherchent des pieds et des mains, soit par l’intimidation politique (face à des militaires qui n’en ont que dalle), soit par le chantage et la courtisanerie. Ils croient avoir affaire à des novices en politique avec des officiers dont la formation militaire à l’extérieur s’effectua de pair avec l’éducation politique et idéologique.
Facoh Donki Diarra
(écrivain, Konibabougou)
Source: Aujourd’hui-Mali