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Les humeurs de Facoh : Les Charybdes et les Scylla de la classe politique

La démocratie exigée par le peuple malien depuis des années aux dépens du Général Moussa Traoré et de son régime de bureaucrates corrompus et d’officiers de salon, fut réalisée en Mars 1991 avec la chute du tyran et l’installation du multipartisme intégral.

La IIIè République naquit de cette manière des cendres de l’UDPM, parti constitutionnel unique qui géra le pays de 1974 à 1991. Toute une pléiade de partis politiques naquit dans la foulée de cette démocratisation tantôt au pas de charge, tantôt au rythme des saisons.

Les partis politiques majoritaires dans la vie de la nation, dont l’Adéma-PASJ et le Cnid-FYT, jouèrent un grand rôle dans l’accomplissement de cette mission historique mais, l’exercice du pouvoir montra au grand jour leurs limites et surtout leur manque de philosophie politique. Si le président Alpha Oumar Konaré (1992-2002), en intellectuel clairvoyant, sut respecter la forme de la démocratie en respectant les canons d’Alexis de Tocqueville, en laissant les formations politiques jouer pleinement leur rôle, en revanche, ses successeurs en première ligne desquels ATT, ne prirent pas de gant pour les embrigader dans des fins bien calculées et dont les uns et les autres connaissaient parfaitement bien les tenants et les aboutissants.

Sans aucune contestation possible, ATT, 2è président de l’ère démocratique, fut le premier homme politique à mettre en berne la vie des partis politiques en inventant la formule du consensus qui n’était rien d’autre que la face voilée de la pensée unique. Sous sa gouvernance, presque tous les hommes politiques allèrent à son abreuvoir pour des raisons alimentaires bien évidentes et en oubliant bien sûr les principes du jeu démocratique et même en enterrant leur passé de militant. La fin rocambolesque de son règne conduisit à une transition pilotée par Dioncounda Traoré par ailleurs président de l’Adéma, de même que celui de l’Assemblée nationale.

Les consultations politiques qui sortirent de ce cadre, installèrent au pouvoir l’homme du « Mali d’abord », IBK, avec la bénédiction des leaders religieux qui par la suite lui restèrent comme un boulet aux pieds tant ils se montrèrent voraces. On en connaît la suite avec son achat d’un avion présidentiel, les dérives financières de son régime et de sa famille et ses accointances avec les patrons des casinos de Paris et de la Côte d’azur.

Tout porte à croire que cette démocratie fut conduite par des intellectuels ayant les yeux rivés plus sur leurs propres poches que sur celles du peuple. L’expression « démocratie pour riches » inventée par le peuple pour signifier sa déception, est assez explicite à cet égard dans la mesure où on vit des galériens devenir milliardaires après seulement un bref passage dans un cabinet ministériel.

Dans l’histoire de cette démocratie pas trop éloignée de celle d’une République bananière ou arachidière – c’est selon-, seul Alpha Oumar Konaré sut garder son fauteuil durant ses deux mandats. Tous ses suivants furent chassés du pouvoir avant la fin de leur 2è mandat et s’ils ne furent pas jetés dans les caniveaux, ils sortirent par la petite porte. Quand dans les pays de la sous-région, le combat pour un 3è mandat fait rage, au Mali les nôtres finissent péniblement leur 2è et généralement fuient ou appellent les bidasses au secours.

Facoh Donki Diarra

écrivain Konibabougou

Source: Mali Tribune

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