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Les humeurs de FACOH : Le désordre de la caisse de retraite du Mali

S’il y a dans ce pays, aux dires des usagers, un service où le désordre a force de loi, c’est bien la caisse de retraite du Mali (CRM), située au quartier du fleuve, avenue de l’Yser. En y pénétrant on a tout de suite le sentiment que le service n’a pas de direction et que le personnel par rapport au volume du travail demandé, est plus pléthorique que de raison. Des jeunes femmes et des filles d’une élégance reconnue, venues plus pour le commerce que pour le service, déambulent par-ci par-là, sans savoir ce qu’elles doivent faire, à moins que ce ne soit pour le business ou pour l’affaire commune aux hommes et aux femmes.

 

Les informaticiens sont assis devant leur machine mais s’occupent plus des jeux vidéo que des dossiers des retraités. Quant aux secrétaires, elles dorment carrément car, prétendent-elles, elles sont au chômage depuis l’invention de l’informatique à la fin du siècle dernier. D’autres ne font que des va-et-vient entre les services ou entre les étages rien que pour tuer le temps par peur du travail à fournir.

Pourtant la Fonction publique, selon plusieurs recommandations du gouvernement, a procédé il y a longtemps à plusieurs recrutements de jeunes gens pour moderniser le secteur et mettre fin à la sclérose. Au vu de ce qui se passe à la CRM, on a le sentiment que ce qui fâche les retraités est que ces jeunes sont moins compétents que les vieux déjà à la retraite.

La lenteur dans le traitement des dossiers est la première qualité de ce service dans lequel les petits-fils et les petites-filles des personnes âgées à la retraite s’amusent en riant ou en mâchant du chewing-gum de la misère de leurs grands- parents. C’est à ne pas vieillir ou en tout cas se retrouver à la retraite après plus de 40 ans au service de la nation !

Quand on songe que dans le même temps ce sont ces mêmes jeunes qui réclament l’exercice du pouvoir politique au nom de la promotion d’Emmanuel Macron en France et vu leur niveau intellectuel en baisse continue, il y a de quoi désespérer de l’avenir du pays.

En tout cas, le quartier du fleuve, l’avenue de l’Yser reste la terreur des retraités car le traitement d’une demande d’une demi-heure peut prendre une journée entière. A longueur de journée on y voit des vieux et des vieilles assis sur des bancs en bois, attendant vainement l’appel de leur nom en vue d’une hypothétique signature.

A midi trente, c’est la pause et tout le monde est obligé d’attendre jusqu’à la reprise arbitrairement fixée par les chefs de service. Là, il y a tout sauf le travail sérieux à part que les marchandes de tissus, de friandises et d’articles divers sont plus maîtresses des bureaux que les titulaires partis au marché pour leurs emplettes.

La direction n’y peut rien car, semble-t-il, ce sont des habitudes ancrées que le tenant a trouvées sur place ; on s’amuse, on rigole, on se moque pendant que le parent d’un retraité se meurt à l’hôpital parce que sa demande de prêt bancaire n’a pas été signée par qui de droit.

 

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

Mali Tribune

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