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Les humeurs de Facoh : La couronne d’enfer de Moussa Traoré

Au plus fort  des contestations populaires de mars 1991, quand son régime prenait de l’eau de toutes parts, feu Moussa Traoré alors chef de l’Etat du Mali, eut la mauvaise inspiration de crier dans l’un de ses discours de désespoir qu’il attacherait une couronne d’enfer au cou des manifestants confondus avec tout le peuple du Mali.

Plus tard, la situation politique se pourrissant pour lui, sans doute inspiré par Satan, il ajouta que le petit pagne des mères servirait de linceul à leurs enfants morts. Moussa ne se contenta pas de prononcer ces paroles de lugubre mémoire mais mit effectivement en application son schéma diabolique de répression dont probablement le génocide était la solution finale envisagée.

Plutôt que de reculer, il s’entêta dans la barbarie au point de devenir méconnaissable pour son peuple. Pourtant celui-ci avec sa centrale syndicale unique UNTM et ses associations dont les principales étaient le CNID et l’Adéma ne demandait que l’autorisation d’en venir au multipartisme, le parti unique constitutionnel  UDPM ayant montré ses limites de carence et d’incompétence.

Mais il y avait le congrès du parti à tenir en mai 1991 et Moussa y tenait comme à la prunelle de ses yeux pour disposer d’un énième mandat  avant d’en découdre plus tard avec Danielle Mitterrand, présidente de l’Association France-Liberté et par ailleurs épouse du chef de l’Etat français qui lui en voulait pour sa bourde de la Baule en 1989.

Il est vrai que cette conférence de la Baule s’était mal conclue pour de nombreux chefs d’Etat africains dont celui du Mali et Hussein Habré du Tchad, tous les deux ayant le sang guerrier au point  de dire en face à Mitterrand que leurs pays étaient souverains et démocratiques comme la France.

Il faut penser que dès lors, Mitterrand, suivant en cela une hauteur politique et idéologique héritée du Général de Gaulle, décida de mettre à genoux ses contradicteurs de la Baule, non certes pas par l’intervention d’une armée de mercenaires semblable à celle de Bob Denard aux Comores, mais tout simplement à travers les activités souterraines d’une femme, la sienne notamment.

Quelques mois en effet avant les évènements de mars 1991, Danielle Mitterrand fut aperçue au Mali au nom de son association. La suite on la connait avec les tueries de mars 1991 commencées entre janvier et février et qui devinrent incontrôlables pour l’UDPM. On eut alors le curieux sentiment que le chef de l’Etat du Mali menait toute une guerre d’avant- garde contre son peuple aux mains nues en déployant tous ses engins de mort et en faisant la sourde oreille aux revendications de ceux qu’il nommait ses opposants. Pendant ce temps les lycéennes, en dépit des tirs, sortaient comme des sévriennes en vacances et les garçons comme des forains atteints de folie. GMT est aujourd’hui mort, de même que son tombeur ATT et probablement les deux se réconcilieront dans l’outre-tombe de Chateaubriand avec comme seuls compagnons des os blancs.

Le Mali est assurément un pays de grandeur et de forte mémoire. Modibo Kéita en novembre 1968 eut l’opportunité de s’enfuir par Nara comme le lui suggéra le général Abdoualye Ouologuem de sa garde rapprochée mais n’en fit rien déclarant qu’il n’avait commis aucun crime pouvant justifier pareil exil. Et Moussa Traoré lui-même, plutôt que de détaler comme Louis XVI en 1791 à Varennes, attendit stoïquement ses tombeurs à Koulouba pour leur permettre de commettre leur félonie d’officiers de seconde zone. Mais quelques années plus tard, ATT descendit à pied ou à dos de soldats recrutés exprès selon des sources convergentes pour aller se mettre à croupetons devant l’ambassadeur des USA.

Et le magnanime IBK, au bord du gouffre le 18 août 2020, refusa l’avion d’Air France que l’ambassadeur de France mettait à sa disposition pour un exil doré sur la Côte d’azur, préférant les salines du nord auxquelles le destinait probablement le CNSP. Il est tout aussi vrai que Bonaparte, l’homme du 18 Brumaire, en dépit du pont d’Arcole et de la bataille d’Alexandrie, ne fut appelé que par  le petit soldat d’Ajaccio par Chateaubriand.

Et le général Moussa Traoré dans tout cela ? Eh bien le congrès UDPM de mai 1991 et bien sûr le petit pagne des mères maliennes.

 

Facoh Donki Diarra

(écrivain Konibabougou)

Source: Mali Tribune

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